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Maitrise, 2ere partie
 
Ecrit par : Miera (beta kyrdwyn, Kylie Lee)
Traduit par : Laurent
V.O. publiée le 21 octobre 2005
V.F. publiée le 07 avril 2006
 
            Maitrise, 2ere partie
 
"Levez les mains en l'air que je puisse les voir", aboya l'officier chargé de la sécurité. Ses insignes de rang indiquaient qu'il était lieutenant.
Tucker et Mayweather levèrent les bras, tandis que Tucker essayait de s'expliquer. "Vous arrivez bien, Lieutenant. Nous étions sur le point de vous appeler. Je suis le Commandant Charles Tucker de l'Entreprise. Nous sommes venus ici..."
"Je me fiche de savoir qui vous êtes. Gardez les mains en l'air et déposez vos armes. "Deux autres hommes entrèrent, des pistolets phaser pointés sur Tucker et Mayweather. L'un s'approcha d'eux et leur prit armes et communicateurs. Le lieutenant leur fit signe de revenir dans la salle de séjour.
"L'Enseigne Mayweather est un ami de la victime. Nous sommes venus ici pour prendre des nouvelles d'elle et nous avons trouvé l'endroit dans cet état", essaya à nouveau d'expliquer Tucker.
Le lieutenant sortit un jeu de menottes d'une de ses poches. "Commandant, vous venez juste d'être découvert sur la scène d'un crime, armés, et nous savons que l'Enseigne Mayweather ici présent est la dernière personne à avoir vu la victime vivante. Travis Mayweather, vous êtes en état d'arrestation pour suspicion de meurtre."
Tucker dévisagea le lieutenant qui passait les menottes à Mayweather. "Quoi...?" Il se tourna vers le visage choqué de Mayweather et se demanda ce qui avait bien pu aussi mal tourner.
 
*********
 
Mayweather était assis dans la salle d'interrogatoire depuis ce qui lui semblait des heures. Sa seule consolation était de savoir qu'à présent le Commandant Tucker avait probablement pu contacter l'Entreprise et informé le Capitaine Archer de ce qui s'était passé.
Mais il était toujours coincé ici.
Et Gannet était morte. Quelle que soit la nature des informations contenues dans le bloc de données, cela devait avoir un rapport avec sa mort. Ce qu'elle avait appris devait être très grave.
Deux enquêteurs entrèrent. Aucun des deux ne se trouvait dans l'appartement quand Mayweather avait été arrêté. Il les regarda prudemment, repensant à toutes les discussions qu'il avaient eues avec le Lieutenant Reed sur des interrogatoires. Le plus vieux des deux était mince et avait les cheveux bruns parsemés de gris. L'autre était plus petit et râblé, avec un air légèrement sournois que Mayweather n'aimait pas.
"Enseigne, je suis le Lieutenant Commandeur Mercis et voici le Capitaine Huntington. Nous devons vous poser quelques questions sur Gannet Brooks."
Mayweather hocha la tête, mais resta silencieux. Les deux hommes se comportaient calmement, comme s'il s'agissait d'une réunion d'affaire, mis à part le fait que Mayweather avait toujours les mains attachées.
"Vous connaissiez la victime depuis plusieurs années, n'est-ce pas?"
"Oui. Depuis mon entrée à l'entraînement de Starfleet."
"Vous aviez eu une relation ensemble?"
"Oui." La voix de Mayweather devint glaciale. Cela ne sembla pas dérouter le Lieutenant Commandeur.
"Nous vérifions juste les faits, mon gars."
Mayweather se tendit légèrement devant ce ton condescendant, mais ne broncha pas.
"Et vous ne vous étiez pas revus jusqu'à il y a environ une semaine?"
"C'est exact. Elle couvrait la conférence interespèces quand nous nous sommes pratiquement rentrés dedans."
"Puis elle est restée à bord de l'Entreprise pendant plusieurs jours pour préparer un article sur l'équipage du navire?"
"Oui."
"Vous êtes conscient, Enseigne, que l'article n'a jamais été terminé? Et que son rédacteur prétend ne jamais l'avoir affecté à cette mission?"
Mercis le fixait du regard. Mayweather se contrôlait pour ne pas trop ciller des yeux ou pour ne pas s'agiter sur son siège. Le véritable travail de Gannet, un agent des Services Secrets, était classé secret, et même dans la situation délicate actuelle, il ne pouvait rien révéler. "Non, Monsieur, je ne savais pas."
"Donc j'imagine que vous ne saviez pas non plus que durant tout ce temps, elle n'a envoyé aucun rapport sur son travail? Ou que nous l'avons placée sous surveillance pour activité subversive depuis qu'elle est revenue sur Terre?"
Mayweather frémit. S'ils l'avaient surveillée, ils l'avaient vu avec elle la nuit précédente. Il se rappela la jeune femme fouiller du regard autour d'elle, regardant partout sauf vers lui. Elle avait des raisons de penser qu'elle était observée, et elle avait eu raison. Etait-ce eux qu'elle craignait? L'avaient-ils vue lui glisser le dispositif de données? S'ils savaient pour l'appareil, ils devaient savoir qu'il l'avait déjà emporté sur le navire. Que lui voulaient-ils, dans ce cas?
Les paroles du Capitaine Archer sur le fait que ce qu'il se passait était beaucoup plus vaste que ce qu'ils pensaient lui revinrent. Il ressentit soudain l'envie panique de sortir de cette salle avant qu'il ne dise un mot de trop.
Malheureusement, les seules personnes en qui il avait confiance se trouvaient très loin d'ici.
 
*******
 
"John. Je me doutais que vous appelleriez."
Archer regarda fixement l'Amiral Novotny. Au moins l'amiral avait-il répondu à son appel. S'il ne l'avait pas fait, Archer lui aurait rendu visite en personne. Il se pencha vers l'écran. "Que diable pensez-vous être en train de faire?" demanda-t-il sans préambule.
Novotny avait l'air calme, ce qui énervait encore plus Archer. "L'Enseigne Mayweather est la dernière personne à avoir vu Gannet Brooks vivante, Capitaine. Il est peut-être la seule personne qui puisse nous dire ce qui est arrivé."
Archer tenta une autre approche. "Alors vous savez qu'il est innocent?"
"Nous sommes à peu près certains qu'il ne l'a pas tuée, oui."
Sa colère monta de plus belle. "Alors quoi? Vous le retenez pour couvrir vos arrières et faire semblant de croire que vous savez ce qui se passe?"
"Capitaine", fit Novotny d'une voix plus autoritaire. "Je comprends que vous soyez vexé, mais je suis toujours votre supérieur. Les choses sont bien plus compliquées que ce que vous en savez."
Archer essaya, sans véritable succès, de se calmer. "Je comprendrais beaucoup mieux si vous arrêtiez de me tenir à l'écart."
"Bon sang, John, vous devriez savoir mieux que quiconque qu'il y a des situations où les informations doivent rester confidentielles!" Novotny faisait désormais montre d'une colère peu courante chez lui.
"Je n'aime pas qu'on me mente, Amiral, ni vous ni qui que se soit d'autre. Et le fait que vous reteniez mon pilote alors que vous reconnaissez devant moi qu'il est innocent ne m'incite pas plus à avoir confiance en vous."
Novotny le fixa du regard. "Me soucier de votre confiance ne fait pas partie de mon travail, Capitaine. Nous retenons Mayweather en détention préventive pour l'instant, pour sa sécurité aussi bien que pour la nôtre. Que vous croyiez ou non cette version ne regarde que vous. Novotny terminé."
L'écran s'éteignit. Archer s'adossa au fond de son fauteuil, essayant de contrôler son envie de balancer quelque chose à travers la pièce. De préférence un objet qui casse. Il avait à peine surmonté ce désir quand on sonna à la porte.
"Entrez", aboya-t-il.
La porte s'ouvrit, révélant T'Pol et l'Ambassadeur Soval. L'ambassadeur inclina la tête solennellement. "Capitaine", fit-il, son calme Vulcain habituel contrastant fortement avec la colère d'Archer.
Archer se leva et essaya de moduler sa voix. "Ambassadeur. Je ne m'attendais pas à votre visite."
Malgré le stoïcisme Vulcain, Soval semblait fatigué et irrité, du moins aussi irrité qu'un Vulcain pouvait en avoir l'air. "Malheureusement, je ne suis pas ici en visite, Capitaine. La conférence est ajournée."
Archer lutta pour ne pas jurer à haute voix. Les choses allaient de mal en pis. "Qu'est-ce qui est arrivé?"
Soval joignit ses mains devant lui. "Les autres délégués croient que la Terre n'est pas encore prête à participer à une alliance interplanétaire. Ils ont décidé d'arrêter les pourparlers et d'attendre que votre planète tente de trouver une solution aux événements qui l'ont récemment secouée."
Archer fronça les sourcils. "Alors c'est fini? Des mois de travail pour réunir toutes ces espèces dans une même pièce et ils s'apprêtent à renoncer?"
"Les Rigelliens suggèrent qu'une alliance soit créée sans que les Humains y participent, en laissant ouverte l'option que la Terre la rejoigne à une date ultérieure", ajouta T'Pol.
Archer cilla. "Aucune de ces espèces ne parlait à une autre avant que nous ne les réunissions ici. Comment les Rigelliens peuvent-ils se croire les maîtres à penser ici?"
"J'ai informé l'ambassadeur Rigellien que Vulcain n'est pas intéressé par la création d'une alliance qui exclurait l'un de nos alliés majeurs", fit Soval, provoquant la surprise chez Archer. Certaines choses avaient changé, après tout.
Il soupira. "Les délégués ont-ils pris des dispositions pour se réunir prochainement?"
Soval acquiesça. "Il a été suggéré que les représentants se réunissent dans quelques mois, après l'achèvement du projet Base Stellaire. L'ambassadeur Tellarite a fait remarquer que l'achèvement de la Base Stellaire numéro Un montrerait que nous pouvons travailler ensemble sans nous tuer."
Archer savait que ces mots étaient probablement ceux utilisés par le Tellarite, mais le fait que Soval les ait répétés lui fit se demander si, après tout ce temps, Soval ne développait finalement pas un certain sens de l'humour.
Il hocha la tête et jeta un coup d'oeil à T'Pol. "Je suppose que vos navires vont venir rechercher les délégués dans les prochains jours?"
"Non", répondit Soval en tendant un disque de données à Archer. "L'agitation ininterrompue qui règne dans les cités de la Terre et les événements récents ont mené le Commandement de Starfleet à penser qu'il serait plus sûr que les délégations retournent sur leurs planètes à bord de navires de Starfleet. L'Entreprise doit m'emmener en compagnie des Andoriens et des Tellarites, tandis que le Columbia accueillera les autres délégations."
Archer ressentit pendant un instant de la compassion pour le Capitaine Hernandez, qui allait devoir supporter les Corridans et les Rigelliens durant un long voyage. D'un autre côté, transporter les Andoriens et les Tellarites ensemble n'était pas non plus une partie de plaisir.
Dommage que Shran ne fasse pas partie des diplomates. Shran et lui auraient au moins pu partager une bière Andorienne et échanger quelques histoires. "Quand devons-nous partir?"
Il vit dans les yeux de T'Pol qu'elle savait exactement ce à quoi il pensait. "Demain matin", lui répondit-elle. Il jura silencieusement. Son navire n'avait pas récupéré son pilote. Il n'était pas heureux à l'idée de voyager vers trois systèmes stellaires différents pendant que Mayweather était retenu, emprisonné, sur Terre.
Il hocha la tête. "Commandant, vous pouvez retourner à votre travail." C'était un ordre voilé pour qu'elle rejoigne Sato afin de reprendre leurs recherches sur le dispositif de données. Désormais, en décoder le contenu semblait plus important que jamais. "J'escorterai l'Ambassadeur jusqu'à ses quartiers.
 
******
 
Sato était penchée sur sa console informatique quand T'Pol entra dans le laboratoire. "Enseigne, avez-vous fait des progrès?"
Sato ne bougea pas immédiatement. T'Pol s'approcha mais Sato leva une main en geste d'attente et termina de saisir une série de commandes. Elle leva les yeux sur l'écran et T'Pol suivit son regard.
Les données codées de l'appareil, affichées sur l'écran, commencèrent à se réordonner progressivement.
Elles restèrent toutes les deux immobiles, à observer en attendant que le programme de décryptage finisse le travail.
Sato se leva, fatiguée mais triomphante, et T'Pol inclina la tête. "Bien joué."
 
*******
 
L'équipe de commandement, sans Mayweather, fixait les écrans de la salle de conférence pendant que Sato et T'Pol expliquaient ce qu'elles avaient appris.
"Il y a des copies des rapports financiers de Paxton dans l'appareil. Ils indiquent qu'une grande partie des fonds de ses opérations provenait d'une société, les Industries Hatham", fit Sato en montrant l'écran.
"Il n'y avait aucune mention de Hatham dans les rapports de Starfleet sur l'attaque de Terra Prime", fit remarquer Reed.
"Non, mais il y a ici des rapports qui indiquent que les Services Secrets de Starfleet ont fouillé les bureaux d'Hatham après l'attaque sans rien trouver", ajouta T'Pol.
"Les bureaux avaient été nettoyés et tous les rapports de la société mentionnés ailleurs sur la Terre ont été effacés", compléta Sato.
"Pourquoi Starfleet refuserait-il de mentionner ces informations dans ses rapports?" demanda Tucker.
"Si Paxton bénéficiait d'aide de personnes derrière cette société et que ces gens ont depuis cherché à se cacher, Starfleet pourrait garder cette information confidentielle pour essayer de les retrouver. Annoncer qu'ils étaient impliqués ne les pousserait qu'à s'enterrer encore plus", suggéra Reed.
Archer hocha la tête. "Ce qui expliquerait pourquoi Starfleet retiendrait Travis pour le meurtre de Gannet alors qu'ils savent qu'il est innocent. Ils espèrent endormir la méfiance des responsables et les faire sortir de leur cachette."
"En supposant que les personnes qui se cachent derrière Hatham sont les mêmes que celles qui ont assassiné Gannet Brooks", fit observer T'Pol.
"Cela se tient", fit Tucker. "Il y a des données compromettantes dans ce dispositif de stockage. Si elle les avait découvertes, les gens les plus exposés au danger ont dû tout tenter pour l'éliminer."
"Les données révèlent aussi l'incompétence des Services Secrets de Starfleet à capturer des principaux investisseurs de cette activité terroriste, et elles montrent qu'ils ont caché des informations essentielles au reste de la population", ajouta T'Pol.
"Gannet Brooks était un agent de Starfleet. Je refuse de croire que Starfleet fasse tuer ses propres agents sur un simple caprice", fit Archer pour couper court à cet argument. Il se leva et s'approcha de l'écran. "Y a-t-il autre chose dans ces données dont nous n'avions pas encore connaissance?"
"Il y a l'emplacement des anciens bureaux d'Hatham, mais aucune information sur les dirigeants de la société", répondit Sato.
"Nous n'en savons pas encore assez", grommela Archer en secouant la tête. "Et nous sommes à court de temps. L'Entreprise doit partir à la première heure demain matin pour ramener les délégations de la conférence sur leurs mondes respectifs."
"On ne peut quand même pas laisser Travis en prison, Capitaine", protesta Tucker.
"Je sais, Trip. T'Pol, Hoshi, revoyez les données de cet appareil encore une fois. Assurez-vous que nous n'avons rien manqué, y compris sur ceux qui l'ont conçu." Il attendit silencieusement qu'elles s'éloignent, le laissant seul avec Reed et Tucker. "Nous avons besoin de plus d'informations", fit-il en regardant Reed.
"Monsieur", voulut objecter Reed. Mais Archer leva la main.
"Je sais que vous n'aimez pas cela, Malcolm, mais nous n'avons pas d'autre option."
Tucker les regardait tour à tour, confus. "Qu'est-ce qui se passe?"
Archer l'ignora et s'adressa à Reed. "Prenez Trip avec vous quand vous prendrez contact."
"Capitaine, je ne pense pas que ce soit sage. Ce n'est pas dans la procédure classique." Le lieutenant hésita un instant. "Et je ne suis pas certain que le Commandant Tucker soit entièrement en sécurité."
Tucker avait l'air alarmé, maintenant. Archer secoua la tête. "Ce n'est pas pour sa sécurité que je m'inquiète, Malcolm."
Archer laissa les deux hommes seuls, sachant qu'il valait mieux que Tucker soit mis au courant de cette histoire par Reed en privé.
 
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"Je ne peux pas croire que vous ne m'ayez rien dit", murmura Tucker à Reed pendant qu'ils marchaient dans une allée de San Francisco. "Article 14, section 31 de la charte? 'Menace exceptionnelle'? Opérations secrètes pour... dans l'intérêt du bien? Vous êtes un agent?"
"Je n'étais pas supposé en parler à qui que ce soit, Trip", répondit Reed. Même en soupirant, il semblait ennuyé.
"Mais vous ne m'en avez rien dit alors que vous en avez parlé au Capitaine", se plaignit Tucker.
"Vous n'étiez même pas en poste sur l'Entreprise à cette époque" fit Reed pour se défendre.
Tucker ouvrit la bouche pour répondre à cet argument, mais Reed leva une main en signe d'avertissement.
Un homme massif et de grande taille, aux cheveux poivre et sel, sortit de l'ombre. Il s'arrêta dès qu'il vit Tucker.
"Commandant Tucker, je vous présente Monsieur Harris", fit Reed sur un ton ironique. "Harris, je suis sûr que vous connaissez le Commandant Tucker. Vous ne vous êtes jamais rencontrés, mais je suis certain que vous en savez plus sur le Commandant Tucker qu'il n'en sait sur lui-même."
"Vous avez décidé que vous aviez besoin de protection, Malcolm?" demanda Harris.
"Je suis ici parce qu'on me l'a ordonné, je vous le répète. Le Capitaine Archer veut avoir des informations sur les Industries Hatham."
Harris observa Tucker pendant de longues secondes avant de tourner la tête vers Reed pour lui répondre. "J'imagine que vous savez déjà ce qu'il y a à savoir. Hatham était une couverture, fournissant du matériel pour les opérations lunaires de Paxton. Les Services Secrets de Starfleet ont foiré l'enquête. Hatham a été averti par quelqu'un, et les responsables ont disparu."
Tucker lutta pour ne pas trahir sa surprise. Rien sur le dispositif de données n'indiquait que Hatham avait été averti. Et s'ils l'avaient été, cela signifiait qu'il y avait également un traître au sein des Services Secrets de Starfleet.
Reed ne semblait avoir aucune difficulté à cacher quoi que ce soit. "Et le fait que vous sachiez tout ce qui est arrivé suggère que vous aviez quelqu'un qui gardait un oeil sur les responsables d'Hatham avant qu'ils ne réussissent à s'échapper."
Harris haussa les épaules. "Des gens à nous observent beaucoup de choses, Malcolm. Parfois les choses n'apparaissent importantes qu'à la lumière d'autres événements."
Tucker sentait sa colère monter, mais Reed ne lui laissa pas le temps de s'exprimer. "Vous savez où ils sont." Ce n'était pas une question.
"Ah oui?" demanda Harris. Tucker sentait que l'homme jouait avec eux pour s'amuser.
"Si vous les aviez maintenus sous surveillance, vous auriez pu les suivre quand ils sont partis. Ils ne peuvent pas encore avoir quitté la Terre. Tout le trafic spatial a été suspendu depuis les attaques, et ce jusqu'à au moins demain. Je doute que vous fonciez au secours des Services Secrets de Starfleet en arrêtant ces gens avant qu'ils ne quittent ce monde."
"Et vous voulez savoir où certains des chefs des Industries Hatham pourraient se cacher pour que vous puissiez les trouver vous-mêmes." Harris croisa les bras et regarda Tucker de nouveau.
"Je vous l'ai dit, le Capitaine Archer m'a ordonné d'obtenir toutes les informations que vous auriez", répondit sèchement Reed.
"Ah oui?" fit Harris en tournant la tête vers le lieutenant. "Mais dîtes-moi, Malcolm, qu'ai-je à gagner là-dedans?"
Tucker aurait bien voulu montrer à Harris un échantillon de ce qui lui arriverait s'il ne coopérait pas, mais Reed soupira. "Que pourriez-vous bien vouloir de moi en ce moment?"
Harris sourit. Ce n'était pas un sourire franc. "Pas grand-chose, j'imagine. Par contre", fit-il en inclinant la tête vers Tucker.
"Non", gronda Reed.
"Malcolm?" s'inquiéta Tucker.
Reed se précipita tout contre Harris et, bien qu'il soit plus petit et moins imposant que l'homme, il sembla soudain beaucoup plus menaçant que Tucker ne l'avait jamais vu auparavant. "Il m'est déjà assez pénible de vous devoir un service en échange de ceci. Vous ne mettrez pas la main sur un membre de mon équipage".
Harris ignora la menace non voilée de Reed et regarda Tucker. "Tout que je demande, c'est une faveur, Commandant Tucker. Je vous donne les informations que vous souhaitez et vous me devrez un service."
"Non, Trip." Reed semblait très près d'étrangler Harris, ce qui ne servirait à personne, même si Tucker et lui en auraient bien aimé l'idée.
"D'accord", répondit Tucker. Reed fit volte-face et le fixa des yeux. "Nous avons besoin de ces informations", rappela-t-il fermement à l'officier tactique.
"Trip, vous n'avez aucune idée de ce que vous acceptez", commença Reed, avant que Harris ne lui tape sur l'épaule presque jovialement.
"Excellent. Le conseil d'administration de Hatham se cache à cette adresse." Harris sortit une feuille pliée de son manteau. "Et en prime pour le début de notre nouvelle association, Commandant, je vais vous dire la théorie qu'a notre section sur certaines de ces personnes."
Tucker prit le papier et attendit. "Je vous écoute."
"Nous soupçonnons depuis quelque temps que Terra Prime n'agissait pas seul et que des agents étrangers hostiles travaillaient pour les aider dans leurs activités."
Tucker fronça les sourcils. "Pourquoi faire?"
Harris écarta les bras. "Qui sait? Il existe de nombreuses raisons pour qu'une espèce hostile veuille manipuler une organisation subversive sur Terre, essentiellement pour tenir la Terre hors des affaires du reste du secteur."
"Vous croyez que certaines personnes du conseil de Hatham pourraient être des agents étrangers déguisés?" demanda Reed.
"Nous n'en avons pas la preuve, bien sûr", prévint Harris. Reed renifla de dérision. "Et bien, messieurs, merci pour cette réunion très productive. Ah oui, Commandant..." Harris s'arrêta avant de s'éloigner. "J'ai été désolé d'apprendre ce qui est arrivé à votre fille."
Tucker regarda fixement Harris, révolté.
Reed lui prit le papier des mains. "Vous auriez dû m'écouter", murmura-t-il. "Quand Harris réclamera sa faveur, il le fera au pire moment possible. Vous n'aimerez pas cela, mais alors pas du tout. Faites-moi confiance."
"Nous avions besoin de savoir, Malcolm." Tandis qu'ils repartaient ensemble, Tucker se dit que Reed avait raison. Il n'avait aucune idée de ce qu'il venait de promettre.
 
******
 
Archer s'installa dans son fauteuil sur la passerelle, essayant de ne pas penser à l'absence de l'Enseigne Mayweather dans le siège du pilote. Tucker et Reed avaient appelé pour les informer qu'ils faisaient route vers l'endroit où Harris pensait connaître la cachette des dirigeants disparus des Industries Hatham. Sato maintenait le contact radio avec eux.
Un bip de la station de T'Pol le fit se lever. "Que se passe-t-il?"
"Les détecteurs indiquent une signature anormale en orbite haute", répondit-elle en entrant une série de commandes sur sa console.
"Quel genre de signature anormale?" demanda-t-il en se tournant vers la station tactique.
"Monsieur!" La voix du Lieutenant Giordano était particulièrement inquiète. "Monsieur, c'est un Oiseau de proie Klingon."
"Quoi? Alerte tactique", ordonna-t-il. Les lumières du navire changèrent de couleur. Il regarda tour à tour les membres étonnés de la passerelle.
Giordano hésita. "Je ne peux pas l'expliquer, Capitaine. Il y a une minute, il n'y avait rien, et puis d'un coup..."
"Il semble qu'ils aient été occultés", précisa T'Pol.
"Essayez de les appeler", fit Archer à Sato. "Placez-nous à distance d'interception", continua-t-il en direction de l'homme de barre.
"Le Columbia est aussi en route pour interception, Monsieur", annonça Giordano. "Ils sont plus proches que nous."
"Aucune réponse à nos appels", fit Sato.
"Capitaine, je détecte une montée de puissance semblable à celle d'un téléporteur."
T'Pol avait à peine prononcé ces paroles que le vaisseau disparut.
Il y eut une seconde de silence pendant que tous se concentraient sur les données des détecteurs. "Ils sont à nouveau occultés", expliqua T'Pol.
"Pouvons-nous suivre leur trace?"
"Non."
"Entreprise à Tucker. Où en êtes-vous?" demanda Archer dans son communicateur.
La voix de Tucker jaillit quelques secondes plus tard. "Il n'y a personne ici, Entreprise. L'endroit est vide."
Archer serra les poings. Le navire masqué avait téléporté des personnes de là-bas. Ils avaient été si près... Mais cela n'avait servi à rien, finalement. Il se retourna vers T'Pol. "Pouvez-vous extrapoler leur trajectoire d'après leur dernière position?"
Elle vérifia sur sa console. "Ce serait pure spéculation. Le navire n'était pas en mouvement quand il se sont occultés."
"Faites-le quand-même. Trip, Malcolm", fit-il par le système de communications." Fouillez autour de vous pour voir si vous pouvez trouver quoi que ce soit d'utile. Appelez Hoshi si vous tombez sur quelque chose à traduire."
"Compris." Tucker coupa la connexion.
Archer jeta un coup d'oeil à Sato. "Mettez-moi en contact avec l'Amiral Novotny de Starfleet. Il est temps que nous récupérions notre pilote."
 
****
 
La porte du bureau sonna, Archer demanda au visiteur d'entrer. Les délégations Vulcaine, Andorienne et Tellarite étaient toutes à bord et chaque espèce, sans mentionner chacun des membres d'équipage, avait un nombre infini de petites demandes qu'apparemment lui seul, le capitaine du vaisseau, pouvait satisfaire. Il avait espéré qu'il aurait plus de réponses sur l'attaque terroriste de Terra Prime avant de repartir. Sa seule consolation était d'avoir retrouvé son pilote. Mayweather avait finalement été officiellement innocenté et relâché avant qu'ils ne quittent la Terre.
La porte s'ouvrit et Reed entra. Il remit une tablette de données à Archer. "J'ai achevé mes entretiens hier, Capitaine. Voici le rapport final de mon enquête interne sur l'équipage du vaisseau."
Archer prit la tablette et en parcourut le contenu. "Vous recommandez le transfert de quatre personnes de l'Entreprise?" demanda-t-il, étonné.
"Je n'ai trouvé aucune preuve de méfaits ou de sabotage, Monsieur, mais oui." Reed était debout plus ou moins au repos, les mains derrière le dos. "Ces quatre personnes ont interagi avec l'Enseigne Masaro et ont peut-être soutenu sa cause. Deux d'entre eux ont montré des signes d'inconfort en présence de diplomates extraterrestres que nous avons rencontrés et l'Enseigne Stabler a montré des comportements suspects depuis la mission dans l'Etendue Delphique."
"J'avoue que j'espérais que votre enquête prouverait que Masaro avait agi seul." Archer se leva et alla jusqu'à la baie d'observation.
"Comme je vous l'ai dit, Monsieur, je n'ai trouvé aucune preuve du contraire. Le commandant T'Pol et moi avons passé plusieurs heures à examiner la base de données médicale avant de trouver la preuve que Masaro avait accédé aux données médicales de l'Entreprise pour voler du matériel ADN. Il n'y a aucune indication qu'on l'ait aidé ou qu'il ait eu un complice à bord du vaisseau."
"Mais vous souhaitez tout de même que ces personnes soient transférées."
"Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur, vous m'avez demandé mon avis", répondit Reed, légèrement vexé. "La décision vous revient."
Archer adressa un regard légèrement étonné à Reed et revint à son bureau. "Je n'aime pas devoir être soupçonneux envers mon propre équipage", fit-il tristement.
"Je ne pense pas que quiconque à bord soit heureux d'une telle situation, mais..." Reed demeura silencieux un moment. Archer savait qu'il n'allait pas aimer ce que le lieutenant était sur le point de dire. "Si le transfert de ces personnes n'améliorera probablement pas l'ambiance qui règne parmi l'équipage, leur permettre de rester malgré mon rapport pourrait s'avérer plus mauvais encore. Cela pourrait très bien exacerber les tensions et les soupçons et faire d'eux des cibles."
"La dernière chose dont nous avons besoin est qu'une paranoïa se développe dans notre propre équipage."
"Je suis d'accord, Monsieur. Avec ces transferts, il est possible que l'équipage puisse revenir à une routine normale."
"Nettoyer la maison." Archer resta silencieux un moment, puis s'assit. "Que s'est-il passé avec Harris?"
"Vous avez reçu mon rapport, Monsieur", fit Reed sans émotion.
"Oui, je l'ai eu. Maintenant, je vous demande ce qui est arrivé." Archer avait dit cela sur un ton plus pressant, déstabilisant un peu plus le jeune officier.
"Je crois que Harris m'aurait donné les informations dont nous avions besoin, mais il a profité de la présence du Commandant Tucker et l'a manipulé en arrangeant un échange d'informations", expliqua Reed sans la moindre trace d'amertume.
"Il a demandé 'une faveur'?" demanda Archer. Il avait des soupçons sur les implications du marché que Tucker avait conclu depuis que les deux hommes étaient remontés à bord du vaisseau et avaient rendu leur rapport.
"Oui, Monsieur."
"Vous avez une idée de ce que pourrait être cette 'faveur'?"
"Je ne suis pas certain que Harris le sache lui-même. Je pense qu'il a saisi cette occasion pour que le Commandant Tucker lui soit redevable d'une dette."
Archer soupira. "Et bien nous devrons traiter avec Harris à un moment ultérieur."
Reed s'agita, mal à l'aise. "Monsieur..."
Avant qu'il ne puisse continuer, la porte sonna. C'était T'Pol. "Capitaine, les officiers de la passerelle sont réunis pour la réunion."
Archer regarda Reed qui secoua la tête. "Bon. Allons-y." Ils traversèrent la passerelle jusqu'à la console tactique où Phlox, Sato, Tucker et Mayweather se trouvaient déjà.
Archer donna à Mayweather une petite tape amicale sur l'épaule en passant à côté de lui. L'enseigne lui avait manqué, pas seulement sa présence droite et professionnelle aux commandes, mais aussi sa bonne humeur. Sa popularité et ses plaisanteries anodines aidaient au bien-être de l'équipage.
Un bien-être qui semblait difficile à conserver ces jours cis.
"Hoshi?" demanda-t-il. C'est elle qui avait demandé cette réunion.
"Nous avons identifié le langage utilisé pour l'encryptage originel du dispositif de données", répondit-elle en jetant un coup d'oeil à T'Pol.
"Klingon?" demanda Archer avec espoir.
"Non", répondit T'Pol.
"Romulien, Monsieur. Ou une variante de Romulien", expliqua Sato.
Archer les dévisagea. Il n'était pas le seul. "Vous en êtes certaine?"
"Oui, Capitaine. J'ai vérifié avec nos autres rapports, dont les informations que le Commandant Tucker et le Lieutenant Reed ont rapporté du vaisseau drone masqué il y a quelques mois."
"Pourquoi les Romuliens se montreraient-il en orbite dans un vaisseau Klingon?" demanda Reed.
"Ce n'était peut-être pas un véritable navire Klingon", fit T'Pol. "Nous croyons que les Romuliens étaient derrière les vaisseaux drones, qui avaient la technologie nécessaire pour imiter la forme d'autres vaisseaux."
"Pouvez-vous comparer sa signature énergétique, comme nous l'avons fait avec les vaisseaux drone?"
T'Pol secoua la tête. "Le navire s'est désocculté trop peu de temps et les données de nos détecteurs sont insuffisantes."
"Alors nous n'avons aucun moyen de savoir si c'était un navire Klingon ou non?" demanda Mayweather.
Le silence persista un moment, puis Reed fit une observation. "Il y a aussi la question du timing. Ce n'est certainement pas une coïncidence si le vaisseau est apparu exactement au moment où nous allions localiser les dirigeants des Industries Hatham et, si nous avons raison, les a téléportés à leur bord."
Tucker acquiesça. "Les seules personnes qui savaient que nous étions sur le point de les trouver étaient ici sur la passerelle, plus Harris." Tucker grimaça légèrement en prononçant ce nom.
"Je doute que quiconque sur l'Entreprise puisse les avoir prévenus. Il n'y a eu aucune communication ou transmission du vaisseau vers la surface en dehors de notre canal de communication avec le Commandant Tucker", fit Sato.
"Re-contrôlez quand-même les enregistrements", fit Archer. Sato hocha la tête.
Il regarda T'Pol. "Alors, nous avons peut-être permis à des agents étrangers qui complotaient sur Terre depuis plusieurs mois de s'échapper. Nous ne savons pas s'ils étaient Romuliens ou Klingons et il est possible que des conspirateurs soient encore sur Terre."
"Il y a aussi la possibilité que quelqu'un de Starfleet soit impliqué", fit remarquer Mayweather, la mine sombre. Son emprisonnement lui avait laissé un souvenir amer. Archer ne pouvait vraiment pas l'en blâmer.
"Il est aussi possible que les Romuliens et les Klingons travaillent ensemble", fit T'Pol. "Ce qui, si cela s'avère exact, serait une menace significative pour la stabilité de cette région entière de l'espace."
Les officiers de la passerelle se regardèrent pendant un long moment en silence.
Fin.
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