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SAISON 5 VIRTUELLE - Trahisons et consequences
 
 
Ecrit par : Kathy Rose
Traduit par : Laurent
 
V.O. publiée le 02 novembre 2005
V.F. publiée le 23 juin 2006
 
    Trahisons et consequences
 
Cristal et acier inoxydable miroitaient sous l'éclairage tamisé du mess. Le chef s'était surpassé, plaçant linge de table en lin et porcelaine de chine sur les tables ainsi qu'un magnifique candélabre sur le buffet. Rien ne valait la présence de diplomates pour révéler le meilleur de certaines personnes, observa le Capitaine Jonathan Archer, amusé.
Ou le pire.
Archer fronça les sourcils en regardant la délégation Vulcaine. Parés de leurs robes aux couleurs sombres, les cinq membres se tenaient debout exactement au centre de la pièce. Ils restaient entre eux et tous les autres gardaient leurs distances. Archer reposa son verre de champagne en soupirant.
"Capitaine?"
Archer jeta un coup d'oeil sur sa gauche et vit que le Commandant Charles Tucker "Trip" III le regardait d'un air interrogateur.
"Quelqu'un doit casser la glace avec eux", fit Archer à voix haute tout en faisant un signe de la tête aux Vulcains. "Je suppose que c'est à moi de le faire."
"Je pensais que c'était à Hoshi de s'occuper des problèmes diplomatiques, cette fois", fit Tucker.
"C'est exact", répondit Archer. "Mais il vaudrait mieux que je ne leur donne pas l'impression de les éviter dès le début."
"Même si c'est le cas", murmura doucement Tucker avec un sourire complice.
Archer fronça les sourcils envers son officier, mais il y avait une pointe d'humour dans ses yeux. "Même si c'est le cas", admit-il.
"Avant que vous ne fassiez votre devoir", fit Tucker, "je souhaiterais, si nous avons le temps, faire un peu de maintenance sur le moteur de distorsion avant que nous arrivions à la Base Stellaire Une."
"Y a-t-il un problème?" demanda Archer.
"Pas vraiment." Tucker remua les pieds et porta le regard au loin pendant un instant. "Quelques unes des réparations effectuées après l'attaque de Terra Prime ne satisfont pas mes standards et je n'ai pas encore eu le temps de m'en occuper. Le meilleur vaisseau de la Terre doit être rutilant lorsque nous atteindrons la base stellaire, vous ne pensez pas?"
"Je suis d'accord. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour donner bonne impression", répondit Archer.
Avec un dernier regard de sollicitude envers son ingénieur en chef, Archer retira une poussière imaginaire de son uniforme et se dirigea vers les Vulcains.
"Bon courage, Capitaine", murmura doucement Tucker, un autre sourire aux lèvres. "Allez-y, convainquez-les."
Archer n'avait pas accueilli les Vulcains à bord quand ils étaient arrivés quelques heures plus tôt. Il avait été trop occupé à parlementer avec le capitaine du vaisseau Vulcain dont ils avaient été transférés. Comment quelqu'un à qui l'on portait assistance pouvait se révéler aussi condescendant, c'était au-delà de sa compréhension, mais c'est ainsi que s'était comporté le capitaine Vulcain. Il avait presque réussi à lui faire croire que c'était la faute des Humains si son navire avait subi une panne sérieuse de moteur.
Le capitaine Vulcain avait aussi réussi à faire croire à Archer qu'il lui faisait une faveur en permettant à l'Entreprise d'emmener ses cinq passagers aux cérémonies d'ouverture de la Base Stellaire Une. Archer aurait de très loin préféré partir en exploration plutôt que de jouer les chauffeurs de bus pour une bande de quasi-diplomates. Mais c'était pour la bonne cause, et si les relations entre la Terre et Vulcain s'en trouvaient améliorées, alors tant mieux. Il y avait eu assez de revers comme ça dernièrement dans leurs relations inter-espèces.
Il était donc là, sur le point de parler de la pluie et du beau temps avec cinq scientifiques et chercheurs Vulcains.
"Excusez-moi", fit-il en s'immisçant discrètement dans le cercle des quatre hommes et de la femme Vulcains. "Je suis le Capitaine Jonathan Archer. Je voudrais vous accueillir à bord. J'espère que tout est à votre convenance."
Cinq paires d'yeux noirs comme des faucons le dévisagèrent. Archer repoussa une forte envie de tourner les talons. Il fallut un moment pour que le silence pesant fut brisé par celui qui, si le gris dans ses cheveux pouvait être d'une quelconque indication, semblait être l'aîné.
"Tout est satisfaisant. Je suis Stinn", fit le Vulcain d'un air digne. Indiquant ses compagnons, il ajouta, "voici mes collègues Stral, Skon, T'Plith et Trannon."
"Skon?" demanda Archer en regardant l'homme. "Vous ne seriez pas le Skon qui a traduit 'les Enseignements de Surak' en anglais?"
Le Vulcain d'un certain âge et aux cheveux bruns inclina légèrement la tête. "Oui", répondit-il en regardant Archer curieusement. "Vous connaissez cette traduction?"
"Mon premier officier m'en a offert une copie", fit Archer.
Se penchant davantage, Skon demanda, "quelle est votre impression sur ces enseignements?"
Archer se rendit compte qu'il commençait à rougir. La vérité était qu'il n'avait jamais fini de lire l'épais ouvrage. Il avait espéré qu'il finirait par y arriver, mais à chaque fois qu'il s'était installé pour s'y plonger, il n'avait jamais pu y consacrer plus de dix minutes avant qu'un élément extérieur exige son attention. De plus, avoir hébergé le katra de Surak dans sa tête lui donnait l'impression qu'il connaissait la sagesse du Vulcain mieux que n'importe quel livre pourrait jamais le lui apprendre. Il n'était pas prêt de révéler cette expérience, cependant.
Les portes d'entrée du mess s'ouvrirent, laissant entrer le Commandant T'Pol et l'Enseigne Hoshi Sato. Archer fit signe aux deux femmes de les rejoindre. "Voici la personne qui m'a donné le livre", fit Archer en indiquant T'Pol.
Il fit les présentations, intérieurement satisfait de l'absence absolue de réaction des Vulcains quand il présenta T'Pol. Ils ne s'étaient apparemment pas attendus à un Premier officier Vulcain à bord d'un navire de Starfleet. Bien sûr, se rappela-t-il, c'était des scientifiques en route pour lancer des programmes communs de recherche avec d'autres races sur la nouvelle station spatiale. Ils ne ressemblaient pas aux membres du Haut Commandent Vulcain, qui évitaient toute nomination hors de Vulcain.
Archer aurait presque sauté de joie quand Sato les salua dans leur langue maternelle.
"Vous parlez très bien le Vulcain", fit Skon à Sato.
"Je suis l'officier des communications sur l'Entreprise et..." Elle hésita, jetant un coup d'oeil à son capitaine en quête de permission de continuer. Archer lui fit signe de la tête pour l'encourager. Elle retourna la tête vers Skon. "Et j'assurerai les fonctions de liaison avec votre délégation tant que vous serez à bord. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites-le moi simplement savoir et je ferai de mon mieux pour vous satisfaire."
"C'est très aimable, merci", répondit Skon avec ce que Archer identifia comme une touche de compassion.
Archer maintint soigneusement une expression neutre et adressa un regard discret à T'Pol. Plusieurs années de cohabitation avec la Vulcaine lui permettaient de lire les infimes signes de surprise sur son visage aussi sûrement que si elle avait crié à pleins poumons. Elle non plus ne s'était pas attendue à une telle exposition de courtoisie.
Skon prit Sato par le coude, autre comportement manifestement atypique pour un Vulcain, et l'entraîna à part. Leur conversation vint jusqu'aux oreilles d'Archer. Il entendit ainsi Skon lui demander des renseignements sur les rites d'accueil des Humains.
Stinn, pendant ce temps, avait reporté son attention sur T'Pol et lui demandait quelles étaient ses attributions. Les autres membres de la délégation écoutaient attentivement les réponses de T'Pol.
Archer prit congé du groupe avec le sens de l'accomplissement. Il avait fait son devoir. Maintenant, à ses officiers de faire le leur.
 
****
 
Le Lieutenant Malcolm Reed, assis sur le fauteuil de commandement de la passerelle, s'ennuyait. Non pas que cela le contrariât par rapport à ces dernières semaines. Il s'était tout le temps passé quelque chose, et ne rien faire d'autre que les devoirs qu'on attendait de lui était plutôt reposant.
Ils avaient été occupés par la colonie de North Star et ils n'avaient pas eu le temps de retourner sur Terre avant de partir vers la Base Stellaire Une. L'Entreprise devait contribuer à assurer la sécurité, une fois arrivé à la base stellaire, mais également montrer par sa simple présence l'autorité de la Terre. Le premier vaisseau de distorsion cinq de Starfleet ne pouvait absolument pas se permettre de rater une telle occasion historique, pensa Reed avec un petit sourire satisfait.
Son petit sourire satisfait disparut rapidement. Il aurait préféré faire face à un escadron entier de Klingons plutôt que de supporter une bande de diplomates ahuris. Mais les ordres étaient les ordres. Au moins le voyage devrait être relativement tranquille. Il doutait que les Vulcains qu'ils avaient recueillis à bord soient la cause d'un ennui quelconque.
Il fronça les sourcils quand l'accoudoir du fauteuil émit un son. Une transmission était transmise via la console de communications. En levant les yeux, Reed vit l'homme d'équipage en poste à cette station qui lui regardait, apparemment aussi étonné que lui.
"C'est un message crypté pour vous seul", fit l'homme d'équipage.
"Moi? Pas le capitaine?"
"Oui, Monsieur. Vous."
Reed hocha la tête pour accepter, l'estomac noué d'appréhension, et accéda au message par l'écran tactile de l'accoudoir. Après l'avoir lu, il en fit rapidement une copie sur son unité portable, effaça le message du système de communications du navire et éteignit l'écran.
Il se leva en mettant le disque dans sa poche. "Travis, vous avez la passerelle."
"Monsieur?" accusa l'Enseigne Mayweather en se retournant sur son siège de pilote, regardant Reed dans l'expectative.
"Vous m'avez entendu", répondit Reed sur un ton qui se voulait incisif tout en traversant d'un pas décidé la passerelle. Quelques minutes plus tard, il se tenait au garde à vous devant le capitaine, à attendre la réaction de son supérieur après ce qu'il lui venait de lui annoncer.
"Harris?" demanda Archer avec un mélange d'incrédulité et d'irritation. Il poussa un long soupir et s'assit derrière son bureau. Il leva les yeux vers Reed et fit signe à l'officier de se mettre au repos. "Je suppose qu'il veut quelque chose."
"Oui, Monsieur", répondit Reed en sortant de sa poche le message qu'il avait téléchargé. "C'était codé à ma seule attention. Je suis venu directement vous voir après l'avoir lu."
Archer fixa Reed des yeux en prenant les données. "Harris sait que vous me racontez cela?" demanda-t-il.
"Je l'imagine, Monsieur." Reed haussa les épaules.
Archer inséra le disque dans le lecteur de son bureau et parcourut le message. Une fois lu, il pencha la tête vers Reed, stupéfait. "Il ne peut pas être sérieux. Un espion parmi les Vulcains sur l'Entreprise?"
Reed haussa de nouveau les épaules. "Nous savons que Harris a des oreilles un peu partout. Il avait des informations sur la couverture de l'organisation qui finançait Terra Prime. S'il affirme qu'il y a un espion, j'aurai tendance à le croire."
"Vous l'avez cru également quand il vous avait dit que nous aider à rechercher Phlox était la meilleure chose à faire!" maugréa Archer. "Ce n'est pas quelqu'un en qui j'aurais foncièrement confiance."
Reed remua, mal à l'aise, devant la remarque du capitaine qui lui rappelait son apparente trahison envers ce vaisseau et son équipage, lorsque Phlox avait été enlevé par les Klingons. "C'est différent cette fois, Monsieur", fit-il, tendu.
"Différent en quoi?"
"Ce n'est pas unilatéral. Cela ne semble pas être la faveur que Harris attend du Commandant Tucker. Il est dans notre intérêt commun, celui de Harris comme du nôtre, de découvrir s'il y a bien un espion dans la délégation Vulcaine. Harris sait que nous serions intéressés de démasquer un agent avant qu'il ou elle ne puisse causer des dégâts. Un agent caché parmi les Vulcains pourrait dérober des secrets de recherche de la Base Stellaire Une, ou même pire."
Archer retira l'unité de stockage du lecteur et la claqua sur le bureau. "Le vol de secret de recherche est la première chose qui peut venir à l'esprit, mais la destruction de la Base Stellaire Une pourrait aussi être en jeu." Il marqua une pause pour regarder dehors par la baie de son bureau. "Au moment où quelque chose de positif semble se mettre en place entre la Terre et Vulcain, le moindre scandale pourrait détruire tous nos efforts."
Il se tourna de nouveau vers Reed. "Surveillez-les. Obtenez toute l'aide dont vous aurez besoin, mais faites-cela discrètement. Ne laissez pas les Vulcains découvrir ce que vous faites."
"Oui, Monsieur", répondit Reed.
"Vous avez jusqu'à notre arrivée à la Base Stellaire Une", continua Archer. "S'il y a un espion, nous devons le démasquer avant".
 
****
 
Tous les membres de la délégation Vulcaine sauf un avaient rejoint leurs quartiers après la réception. Skon était assis seul dans un coin, buvant à petites gorgées son thé en observant les gens dans le mess. Le thé faisait diversion. Il savait que les humains seraient embarrassés, mal à l'aise d'être observé et n'agiraient pas normalement s'il restait assis sans raison valable.
La porte du mess s'ouvrit, le Commandant T'Pol entra. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle dans la salle tout en se dirigeant vers le distributeur de boissons. Elle adressa un léger signe de tête à Skon quand leurs yeux se rencontrèrent. Elle passa sa commande, récupéra sa boisson et se retourna vers la salle. De nouveau, il saisit son regard.
"Puis-je me joindre à vous?" demanda-t-elle en s'approchant de sa table.
Je vous en prie", répondit-il. Il la vit lever un sourcil en guise de réponse. Il attendit qu'elle soit assise avant d'entamer la conversation. "Vous semblez étonnée de mon utilisation des politesses humaines."
Le sourcil de T'Pol, qui était revenu à sa position normale, remonta de plus belle. "Pour avoir travaillé aux côtés des humains pendant plus de quatre ans, je sais qu'adhérer à certains protocoles sociaux entraîne une meilleure productivité. Cependant, il n'est ni usuel, ni nécessaire, à des Vulcains d'observer de telles finesses."
Skon pencha la tête de côté. "Pardonnez-moi. Je n'avais pas l'intention de vous offenser."
T'Pol, qui était en train de soulever sa tasse jusqu'à sa bouche, s'arrêta et le regarda fixement. "Vous ne m'avez pas offensé", répondit-elle.
"Peut-être devrais-je m'expliquer", dit Skon. "Vous savez que je suis expert en anglais ainsi qu'en plusieurs autres langues de la Terre. Cependant, j'ai eu peu d'interaction avec les Humains eux-mêmes. Je suis... curieux... de les connaître. Je suis persuadé qu'en adhérant à leurs coutumes, ils seront plus à l'aise en ma présence et je pourrai mieux comprendre ce qui les..."
"L'expression est 'ce qui les intéresse'", compléta T'Pol quand la voix de Skon s'affaiblit.
"Exactement!" fit Skon. "Je trouve les Humains fascinants. J'ai prévu de travailler avec eux sur la Base Stellaire Une, mais je ne m'étais jamais attendu à rencontrer une telle occasion d'étudier une communauté humaine aussi soudée que celle à bord d'un navire de Starfleet. Peut-être pourrions-nous discuter de vos propres observations. Vous êtes la seule Vulcaine à ma connaissance qui ait eu un tel contact prolongé avec des Humains."
T'Pol posa soigneusement sa tasse. "Bien que l'étude de la culture Humaine soit une excellente discipline, je ne m'engagerai pas dans le passe-temps favori des Humains du bavardage", fit-elle sèchement.
Skon fronça les sourcils. "Je ne vous demande pas de bavarder", répondit-il. "Simplement de rapporter vos observations. Par exemple, selon toutes les sources auxquelles j'ai eu accès, il est manifeste que les Humains ont la capacité d'utiliser la logique, mais ils ne le font pas toujours. Je serais intéressé de connaître vos conclusions relatives aux manières dont le Capitaine Archer prend ses décisions de commandement, ou comment les membres de l'équipage réagissent à ses ordres, comment..."
"Assez", le coupa T'Pol. "Ces gens sont mes collaborateurs. Je ne discuterai pas leurs motivations."
Elle saisit sa tasse, se leva et baissa la tête vers Skon. "Je vous suggère de faire vos observations vous-même et de tirer vos propres conclusions."
T'Pol déposa sa tasse dans le recycleur et sortit du mess sans un regard derrière elle. Elle ne remarqua pas Skon qui prenait une tablette électronique d'une poche de son ample robe et commençait à prendre des notes.
 
*****
 
"Avez-vous remarqué si l'un des Vulcains agissait étrangement?"
Sato jeta un regard amusé à Reed tout en continuant de marcher dans le couloir. "Que voulez-vous dire par étrangement? Ce sont des Vulcains. De notre point de vue, ils sont tous étranges."
Ils s'arrêtèrent devant l'ascenseur où Reed appuya sur le bouton d'appel. "Je suis sérieux, Hoshi", répondit-il. "Il y a de grands risques que l'un d'entre eux ne soit pas ce qu'il ou elle semble être."
La porte de l'ascenseur s'ouvrit et Sato y pénétra la première. Elle se retourna vers Reed qui entrait. "Pour autant que j'ai pu m'en rendre compte, ce ne sont que des scientifiques et des chercheurs."
"Peut-être pas", insista Reed en pressant un bouton du panneau de contrôle. "Nous avons reçu des informations indiquant qu'il pourrait y avoir un espion dans la délégation Vulcaine. Le capitaine veut en avoir le coeur net avant que nous n'atteignions la Base Stellaire Une."
Sato répondit à ces commentaires par une moue, tandis que l'ascenseur les emportait vers la passerelle. "Honnêtement, Lieutenant, je n'ai rien remarqué d'inhabituel. Ils ressemblent à des Vulcains typiques."
"Devez-vous passer du temps avec eux aujourd'hui?" demanda-t-il.
Elle hocha la tête. "Je me rends sur la passerelle pour contrôler le travail de mon remplaçant, et puis je les rejoins au mess pour le petit-déjeuner. Ensuite, je suis supposée leur faire visiter le navire."
"Si l'un d'entre eux montre un intérêt excessif dans les systèmes d'opération ou défensifs du vaisseau, ce pourrait être un indice", réfléchit Reed à voix haute. Il regarda distraitement le voyant du panneau et ajouta à la hâte, "je veux que vous contrôliez leurs références. Je l'ai déjà fait, mais puisque vous allez être très proche d'eux, il y a une chance pour que vous puissiez en surprendre un s'il se dévoile."
Sato ouvrit la bouche pour répondre, mais la porte de l'ascenseur s'ouvrit sur la passerelle. Elle se contenta donc d'incliner la tête et de sortir. Elle voulut se diriger vers son poste, mais Reed l'arrêta.
"Si vous remarquez quoi que ce soit, même insignifiant, faites-le moi savoir", dit-il discrètement avant de s'éloigner vers la station tactique.
"Bien sûr, Lieutenant", lui répondit-elle doucement avant de rejoindre sa propre station. Là, elle prit quelques minutes pour inspecter les fichiers que Reed voulait qu'elle regarde, sachant pourtant que cela la mettrait en retard à la réunion des Vulcains.
 
*****
 
Quand Trannon entra dans le mess, les quatre autres membres de la délégation Vulcaine attendaient déjà près de la porte.
"Vous êtes en retard", lui fit Stinn en menant le groupe vers la file de service.
Trannon inclina légèrement la tête face à cette réprimande implicite, mais ne donna aucune explication. Au lieu de cela, il regarda autour de lui dans la salle. "Notre guide n'est pas arrivée."
Stinn fit signe aux autres de les attendre et prit Trannon à part. "L'Enseigne Sato sera bientôt ici. Elle a des devoirs à accomplir sur la passerelle avant de pouvoir nous rejoindre."
En parcourant la salle et la file d'attente des yeux, Skon insista. "Elle va donc nous rejoindre?"
"Vous semblez exceptionnellement intéressé par l'officier de communications", fit remarquer Trannon, ses yeux noirs inquisiteurs.
Skon se redressa. "Elle a offert de m'aider dans l'étude de l'anglais courant", répondit-il d'une voix neutre.
"Trannon", l'avertit Stinn avant d'être dérangé par l'odeur de chair animale brûlée qui venait de l'autre côté du buffet. Il fronça le nez de dégoût.
"Les Humains auraient dû tenir compte de nos préférences alimentaires", fit Trannon en protégeant sans chercher à le cacher son visage de l'odeur qu'il avait également inhalée.
"Trannon", fit de nouveau remarquer Stinn, cette fois d'un air presque fatigué. "Nous devons nous habituer à travailler avec les membres d'autres cultures. Nous devons être tolérants. De plus", dit-il en choisissant une tranche de cantaloupe, "les habitudes normales de ce navire n'ont pas à être perturbées pour nous convenir. Il y a ici plus qu'assez de choix pour répondre à nos besoins alimentaires."
Les Vulcains attendirent alors en silence l'arrivée de Sato, quelques minutes plus tard.
"Vous auriez dû prendre votre petit-déjeuner sans m'attendre", fit-elle en arrivant dans la file derrière Trannon.
"Nous ne vous attendions pas", répondit Stinn d'une voix monocorde en jetant un coup d'oeil à Trannon avant de remarquer que Sato se contentait de mets sans viande. "Ne laissez pas notre présence influencer votre choix alimentaire."
"Je n'en fais rien", répondit-elle en tendant le bras vers un pain rond. "Je ne suis pas végétarienne, mais je ne mange pas beaucoup de viande et généralement pas au petit-déjeuner."
Le groupe se dirigea jusqu'à une table assez grande pour tous. Sato s'assit entre Skon et T'Plith. Pendant qu'ils mangeaient en silence, elle reconsidéra le groupe à la lumière de ce que le Lieutenant Reed lui avait dit.
Il lui était relativement aisé de discuter avec Skon, assis à sa droite. Ils avaient un intérêt commun pour les langues et elle n'avait encore jamais rencontré de linguiste qui n'aimait pas parler. Son étude des langues de la Terre lui servait de tremplin pour une carrière de diplomate, qui semblait être une tradition dans sa famille. Son père, Solkar, avait été le premier ambassadeur sur Terre.
De son autre côté, T'Plith ne lui avait pas dit plus de deux mots depuis qu'ils étaient arrivés à bord. Elle semblait plus réservée encore que la plupart des Vulcains. D'après la base de données Vulcaine, Sato savait que T'Plith était biologiste.
Stinn était le chef, tant par son âge que par son expérience. Il avait servi pendant des années dans le corps diplomatique Vulcain. Il était même affecté à l'ambassade Vulcaine sur Terre depuis environ trente ans. Il agirait en qualité de conseiller dans l'administration de la Base Stellaire Une.
Stral était un ingénieur théoricien. Il partait travailler avec une équipe de recherche commune sur la base stellaire. Selon sa biographie, il avait publié plusieurs articles sur des divers sujets d'ingénierie.
Trannon était aussi dans le domaine de la recherche en ingénierie. Il était plus jeune, sa biographie n'était pas aussi fournie que pour d'autres. Il n'avait fini ses études que l'année précédente.
Aucun d'eux, pensait Sato, ne ressemblait au premier coup d'oeil à un espion. Ils étaient tous habillés normalement d'un pantalon et d'une tunique. Elle ne pouvait pas se les imaginer fureter en douce dans le navire dans les longues robes qu'ils avaient portées la soirée précédente.
"J'attends avec impatience la visite", lui fit Skon en Vulcain. "Guide de visite fait-il partie de vos devoirs habituels?"
Sato le gratifia d'un petit sourire et répondit dans la même langue. "Pas d'habitude, mais le capitaine pense que je développe un talent pour la diplomatie. Servir de guide de visite peut être considéré comme faisant partie d'une formation dans ce domaine."
"Votre Vulcain est excellent", fit Skon. "Bien que je détecte un accent. Votre enseignant devait venir de la province du Shi'al."
"C'est vrai. Il était originaire de Shi'kahr dans le Shi'al. Si je ne me trompe pas, vous êtes aussi de ce secteur, de même que Stinn."
A cette remarque, l'aîné des Vulcains lui jeta un regard interrogateur. Elle s'empressa de s'expliquer. "Je connais la plupart des dialectes Vulcains et des accents. En fait, j'ai enseigné le Vulcain avant mon affectation sur l'Entreprise."
Elle regarda à nouveau Skon et le vit tourner la tête vers Stral avant de reporter son regard sur elle et de lever un sourcil inquisiteur.
"Stral est originaire de quelque part aux alentours de la ville de Sura'Kahr", déclara Sato avec assurance. Puis elle tourna la tête vers la Vulcaine en face d'elle. "J'ai peur de ne pas vous avoir suffisamment entendu parler pour vous situer, T'Plith."
T'Plith la fixa des yeux sans un mot, rendant Sato mal à l'aise. Elle passa son regard vers le dernier membre du groupe. "Et Trannon..." Elle fronça les sourcils en essayant de déterminer exactement son accent. Elle l'avait déjà entendu, mais elle n'arrivait pas à mettre la main dessus.
Trannon se dressa brusquement sur ses pieds. Il s'adressa à Stinn. "J'ai une chose à faire dans mes quartiers. Je vous rejoindrai pendant la visite."
Le reste du repas se passa dans le silence absolu après que Trannon fut parti, ce qui convenait à Sato. Elle aurait largement de quoi parler pendant la visite.
 
******
 
Trannon se dirigea sans signe extérieur de hâte jusqu'à ses quartiers. Il n'avait aucune raison d'y aller mis à part celle d'éviter d'être le centre d'attention de la table dans le mess. Il était certain qu'aucun des autres ne mettrait en doute son souhait de partir. Les Vulcains savaient bien assez rester seuls quand il était question des affaires privées des autres.
A part Skon, rectifia intérieurement Trannon avec une pointe de moquerie à peine cachée. Ce dernier était irritant même pour un Vulcain. Encourager la linguiste Humaine à deviner leur lieu d'origine par leurs accents frisait l'ingérence dans leurs vies privées. Skon n'avait peut-être pas passé beaucoup de temps parmi les Terriens, mais il commençait certainement à montrer certains signes de leurs habitudes.
Au moins les Humains à bord étaient respectueux, ou inquiets, envers les Vulcains. Ils ne s'approchèrent pas de lui, n'essayèrent pas de l'entretenir de paroles sans intérêt, pendant qu'il marchait d'un pas décidé dans les couloirs.
Se réfugier dans ses quartiers ne pouvait être une option raisonnable pour toute la durée du voyage jusqu'à la Base Stellaire Une. Il devait s'intégrer et faire corps avec le groupe, ou bien fournir une raison logique de ne pas le faire.
 
*******
 
Reed finissait son rapport à Archer sur les Vulcains à bord quand la sonnerie du bureau retentit.
"Entrez!" fit Archer.
La porte s'ouvrit, T'Pol s'apprêta à entrer, mais elle hésita en apercevant la présence du lieutenant. "Si vous êtes occupés, je peux revenir plus tard", fit-elle.
"Non, restez", répondit Archer. "Vous devez être mise au courant de ce qui est en train de se passer."
T'Pol pénétra dans le bureau et s'arrêta à côté du bureau d'Archer pour lui remettre une tablette de données qui contenait la liste des rotations de services. Il jeta un oeil à l'écran avant de le reposer négligemment sur son bureau.
"Nous avons un problème," fit Archer.
T'Pol joignit ses mains derrière son dos, jeta un coup d'oeil à Reed avant de reporter son regard à Archer. "Cela a-t-il à voir avec la sécurité du navire?".
"Plus que cela", répondit Archer avant de lui résumer rapidement le message d'Harris et l'enquête qui en résultait, menée par Reed.
"Si cela est vrai", dit-elle une fois qu'il eut fini, "l'Enterprise n'est pas nécessairement en danger. Notre transport de la délégation Vulcaine n'était pas prévu. En conséquence, c'est la Base Stellaire Une qui doit être en danger."
"C'est pourquoi il est si important de découvrir qui est l'espion avant d'atteindre la base stellaire", conclut Archer. "Vous avez eu quelques contacts avec nos invités. Avez-vous remarqué quoi que ce soit?"
"Ils ne sont à bord que depuis un jour, c'est un temps très court pour remarquer quoi que ce soit d'extraordinaire", répondit-elle. Le regard dans le vague, elle ajouta une remarque d'une voix plus faible." Cependant, il y a eu un incident."
"Ah oui?" l'incita Archer.
T'Pol se déplaça et reporta de nouveau son regard sur lui. "Je me suis retrouvée seule par hasard avec Skon dans le mess, tard dans la soirée. Il a posé à un certain nombre de questions qui, à la lumière de vos informations, pourraient le rendre suspect."
"Qu'a-t-il demandé?" interrogea Reed, visiblement très intéressé.
Elle tourna la tête posément vers le lieutenant. "Il voulait savoir comment le Capitaine Archer prenait ses décisions de commandement et comment l'équipage répondait à ses décisions."
Reed lança un regard alarmé à Archer. "Etant données ces questions, l'Entreprise pourrait bien être en danger. Qu'est-ce que Skon cherche à faire? Soudoyer un membre d'équipage?"
"Professionnellement, Skon est un linguiste et un diplomate, ces questions ne sortent donc pas de l'ordinaire", reprit T'Pol. "Il étudie la culture humaine."
Reed regarda Archer, l'air interrogatif.
"Elle a raison, Malcolm", fit Archer. "Nous ne pouvons pas l'enfermer dans une cellule simplement parce qu'il pose des questions. Cela pourrait parfaitement être innocent."
Reed croisa les bras sur sa poitrine. "Il me semble toujours suspect."
"A moi, aussi, Malcolm, mais nous ne pouvons pas le confondre pour cela", dit Archer. "Et si ce n'était pas lui? Le véritable espion pourrait nous filer entre les doigts." Il s'adressa de nouveau à T'Pol. "Et en ce qui concerne les autres?"
Comme elle secouait la tête, Archer s'adressa à Reed "Continuez votre enquête, Malcolm."
Après le départ de Reed, T'Pol pensa à autre chose. "Il y a une autre question que nous devons nous poser. S'il y a un espion parmi la délégation Vulcaine, pour qui travaille-t-il?"
Archer réfléchissait à cette question quand l'intercom émit son signal. Il poussa le bouton du panneau de son bureau. "Qu'y a-t-il."
"Capitaine?" fit la voix de Tucker. "Que diriez-vous d'effectuer maintenant cette maintenance dont je vous ai parlé? Il va falloir que l'on sorte de distorsion."
Archer fit une grimace, désabusé. "Combien de temps cela prendra-t-il?"
"Environ deux heures", répondit Tucker.
Archer regarda T'Pol.
"Nous voyageons actuellement en distorsion trois", fit-elle. "Un retard de deux heures peut facilement être compensé par une vitesse de distorsion plus grande afin d'atteindre la Base Stellaire Une à temps."
"Allez-y, Trip", répondit Archer dans l'intercom. "Je vais informer la passerelle que nous sortons de distorsion."
 
*******
 
Le hangar de cultures hydroponiques n'était pas très grand. Il ne pouvait l'être, car l'espace était une chose précieuse à bord d'un vaisseau. Mais il y avait assez de place pour de nombreuses variétés de plantes et quelques fleurs. Sato prit une grande inspiration par le nez, laissant le parfum séduisant des fleurs calmer ses nerfs après ces dernières heures. Même si elle avait pris beaucoup de plaisir à faire visiter l'Entreprise aux Vulcains, elle ne pouvait s'empêcher de penser que l'un d'entre eux pouvait être un espion. Et cela la crispait.
Elle n'avait en fait rien remarqué que ce soit qui pourrait les rendre suspects. Ils lui semblaient être des Vulcains de la variété la plus commune.
Pourtant, il lui semblait maintenant voir sur le visage sévère de T'Plith comme une anomalie. La Vulcaine n'avait pas prononcé un mot de toute la matinée, mais son regard avait exploré curieusement le hangar hydroponique dès qu'ils étaient entrés.
"Bien que nous dépendions des vivres que nous embarquons sur Terre et sur les planètes que nous visitons, nous cultivons aussi des légumes à bord", expliqua Sato assez fort pour que tout le groupe l'entende.
"Pourquoi gaspillez-vous cet espace pour des cultures non comestibles?" demanda abruptement T'Plith, faisant presque sursauter Sato, interloquée de l'entendre parler.
Sato était sur le point de répondre quand l'écoutille du hangar s'ouvrit pour laisser entrer Trannon. Elle attendit qu'il les ait rejoints puis répondit à T'Plith. "Bien que les fleurs semblent n'avoir aucun but sur un vaisseau, nous les aimons. Je considère qu'une belle fleur s'apparente à une nourriture de l'âme."
"Appréciation esthétique", répondit T'Plith sans émotion, mais avec un léger signe de tête approbateur.
Sato n'en était pas sûre, mais elle pensait que T'Plith approuvait cet espace réservé aux fleurs.
Stinn se pencha en avant pour inspecter plus particulièrement une rose dont le bouton jaune s'ouvrait à peine et commençait à révéler le rose délicat du côté intérieur des pétales. "Vous n'élevez aucun animal vivant pour votre consommation?" demanda-t-il tout en contemplant la fleur.
"Oh non", répondit Sato. "En fait, une partie de notre alimentation est assurée par le reséquencage protéinique de soja, cela ne fait que ressembler à un produit animal."
Espérant éviter d'entrer davantage dans ce sujet, elle commença à décrire les différents légumes cultivés dans le hangar hydroponique.
"C'est un endroit plaisant", fit remarquer Skon tandis que le groupe quittait la pièce, un peu plus tard. "Propice à la méditation."
"J'y viens de temps en temps pour trouver un peu de paix et de calme", répondit Sato en emmenant le groupe vers le dernier lieu de leur visite guidée.
Elle ouvrit l'écoutille de l'ingénierie et tressaillit immédiatement, un son à faire grincer les dents qui ressemblait à un fort bourdonnement assaillant ses oreilles. Les Vulcains s'arrêtèrent tous derrière elle.
"Ils doivent être en train de travailler à quelque chose", hurla Sato par-dessus le vacarme. "Normalement, ce n'est pas bruyant comme cela."
"Je pense, effectivement", dit Stral, l'ingénieur théoricien, en tournant la tête comme pour se protéger du bruit. A côté de lui, T'Plith avait mis ses mains sur ses oreilles délicates.
"Peut-être devrions-nous revenir plus tard", suggéra Sato d'une voix forte au moment même où le son s'arrêta. Elle expira profondément. "Laissez-moi vérifier ce qui se passe. J'en ai juste pour une minute."
Elle s'éclipsa par l'écoutille et regarda autour d'elle. Elle aperçut Tucker sur la passerelle de commande du moteur de distorsion et se précipita jusqu'au bas d'une des échelles d'accès pour l'appeler. "Commandant? Est-ce que je peux faire entrer les Vulcains? Ou bien allez-vous faire retentir cet affreux son une nouvelle fois?"
Tucker essuya ses mains sur un chiffon et lui sourit. "Non. C'est fini. Faites-les donc entrer." Il jeta le chiffon dans un coin et descendit l'échelle avant qu'elle ne s'éloigne. "Vous voulez que je les guide dans l'ingénierie?"
Sato le regarda avec reconnaissance. "Vous voulez bien? J'ai peur de ne pas être capable de répondre à certaines des questions que les deux spécialistes en ingénierie pourraient poser."
"Ce sera avec plaisir", répondit-il. "Je n'ai encore jamais rencontré d'ingénieur avec lequel je ne puisse pas discuter."
"Oh merci", fit-elle. Elle se dépêcha et retourna jusqu'à l'écoutille juste au moment où Reed la traversait. Il se plaça de côté pour lui laisser le passage.
Elle retrouva son groupe qui l'attendait et les conduisit dans la pièce aux allures de caverne. Reed était toujours là, nota-t-elle, mais il s'était placé dans un coin, observant les Vulcains qui suivaient Tucker, lancé dans son discours pour visiteurs de l'Ingénierie.
"Vous arrivez juste à temps", leur disait Tucker. "Nous avons éteint le moteur de distorsion pour deux heures environ, afin de faire un peu de maintenance."
Stral et Trannon inondèrent rapidement Tucker de questions auxquelles il répondait encore plus rapidement. Sato ne comprenait plus rien à leur discussion. Les sujets en étaient la physique, les mathématiques avancées et Dieu seul savait quoi d'autre.
Sato vit que Reed s'était éloigné pour mieux pouvoir observer les Vulcains en restant discret. Il lui jeta un coup d'oeil, elle lui répondit en secouant simplement la tête. Elle le vit se pincer les lèvres et reprendre son observation, se concentrant principalement sur Skon.
Quarante-cinq minutes plus tard, la visite était terminée et le groupe de Sato sortait de l'Ingénierie en direction du mess pour déjeuner. Cependant, quand ils arrivèrent à destination, Stinn s'arrêta et se retourna vers Sato.
"Je n'ai pour le moment aucun besoin de nourriture", fit l'aîné Vulcain. "Je vais retourner à mes quartiers."
"Je vais faire de même", fit Stral.
Ils s'éloignèrent tous deux, suivis par T'Plith. Sato se tourna vers les deux Vulcains restants et leur fit signe d'entrer dans le mess. "Après vous", leur dit-elle.
Skon et Trannon inclinèrent la tête et ils entrèrent.Après avoir pris leur nourriture au self, ils suivirent Sato jusqu'à une table occupée par une autre personne.
"Skon, Trannon, je voudrais vous présenter l'Enseigne Travis Mayweather, notre pilote. Pouvons-nous nous joindre à vous, Travis?"
"Bien sûr", répondit Mayweather en se levant. "Je vous en prie."
Une fois tous assis et après avoir commencé à manger, Sato leur déclara, "Travis est un Boomer."
Trannon accueillit cette déclaration sans comprendre, tandis que Skon regarda le pilote avec un intérêt accru. "Vous êtes né dans l'espace?" demanda calmement le linguiste Vulcain.
Sato réprima un sourire. Skon et Mayweather monopolisaient la conversation. Elle s'était doutée que Skon serait intéressé par une rencontre avec un représentant d'une autre branche de l'espèce humaine. De plus, après la matinée qu'elle avait vécue, elle était contente de ne plus avoir à parler quelque temps.
Elle mangea ses pâtes en repensant à leurs activités de la matinée. Elle n'avait relevé aucun indice qui puisse révéler qui était l'espion. Peut-être n'y en avait-il pas. Peut-être que l'information était fausse.
En jetant un coup d'oeil à l'une des fenêtres qui s'alignaient le long du mess, elle constata que le vaisseau ne voyageait toujours pas en distorsion. A la place des traînées arc-en-ciel, elle voyait les étoiles, immobiles.
Son esprit devait ensuite avoir commencé à errer, car elle fut surprise de la question qui lui posa Trannon. "Quelque chose ne va pas?"
Elle cligna des yeux, revenant à la réalité. "Non, non. Je pensais juste à un autre moment où nous avions dû arrêter le moteur de distorsion. Nous avions rencontré une tempête de neutrons. Non seulement nous avions dû éteindre tous les systèmes du navire, mais en plus tout l'équipage avait dû trouver refuge dans une des passerelles de nacelle à cause des radiations."
"Les passerelles de nacelle?"
"C'est comme cela que nous appelons le puits de maintenance qui courent sur toute la longueur de chaque nacelle", expliqua-t-elle en posant sa fourchette et en repoussant son assiette. "C'était le seul endroit assez blindé pour nous protéger."
Le regard de Trannon se fixa avec attention sur le sien. "Je souhaiterais voir une de ces passerelles", dit-il en reposant ses couverts. "Cela pourrait m'être utile dans mes recherches techniques. Les boucliers ressemblent par de nombreux aspects à la conception des moteurs."
"Et bien, je ne sais pas", commença Sato. "Normalement, les passerelles sont interdites, non pas parce qu'elles sont en secteur réservé, mais parce qu'elles sont dangereuses. Quand le moteur de distorsion fonctionne, les bobines y produisent une quantité incroyable de chaleur."
"Le moteur restera éteint encore presque une heure, selon les propos de votre ingénieur en chef", persista Trannon. "Je sais qu'il faut aussi du temps pour que les relais soient entièrement opérationnels. Nous aurons suffisamment de temps pour quitter le secteur."
Trannon marquait un point, concéda Sato. Ils ne risquaient pas de griller instantanément sur place lorsque le moteur serait rallumé.
"D'accord", admit-elle. Tandis que Trannon et elle se levaient, elle jeta un coup d'oeil à leurs compagnons concentrés dans leur discussion et ajouta avec le sourire, "laissons Skon et Travis à leur discussion d'argot Boomer."
 
******
 
"Vous m'faites marcher! L'un d'entre eux est un espion? Je viens juste de passer une demi-heure à leur raconter tous les détails du moteur de distorsion!"
"Contrôlez votre voix, Commandant!" dit précipitamment Reed, la voix à peine plus haute qu'un chuchotement et en tirant Tucker de côté sur le pont principal de l'Ingénierie.
"Pourquoi ne m'a t'on rien dit", demanda Tucker à voix basse.
"Le capitaine veut garder cela discret", dit Reed, ajoutant à contrecoeur, "je ne pense pas qu'il a confiance en ma source."
L'expression perplexe de l'ingénieur s'éclaira avant de l'obscurcir de nouveau. Reed comprit que Tucker avait fait le rapport. Tout en se déplaçant jusqu'à une autre console pour examiner un schéma des moteurs, Tucker lui posa une autre question. "Harris n'est pas en train de demander le retour de sa faveur, n'est-ce pas?"
Reed percevait l'inquiétude de la voix de Tucker. Il se rapprocha suffisamment de Tucker pour que ses paroles ne puissent pas être entendues par d'autres. "Non, il ne l'a pas mentionné. C'est important, Trip. Je dois savoir si vous avez remarqué quoi que ce soit d'inhabituel chez les Vulcains quand ils étaient à l'Ingénierie."
Tucker leva les yeux au plafond. "Que pouvait-il y avoir à remarquer? C'était une bande de Vulcains arrogants. Hé! Ne me jetez pas ce regard là. Vulcains et arrogant sont deux mots qui vont ensemble."
"Préjugés et a priori mis à part..."
"Tiens! En parlant d'arrogance!" fit Tucker avec le sourire avant de lever une main et de baisser la voix de nouveau. "D'accord, Malcolm. Mais je pensais ce que j'ai dit. Ils avaient l'air de Vulcains habituels. Rien qui sorte de l'ordinaire. Les deux ingénieurs semblaient savoir de quoi ils causaient. Les autres..." Il fit une pause pour réfléchir. "Et bien, je n'ai rien remarqué. Désolé."
Reed hocha la tête et passa une main autour de son cou comme pour essayer d'en détendre les muscles. Il était tendu depuis que Harris lui avait envoyé le message. "Je vérifierai avec Hoshi", dit-il. "Elle est restée avec eux toute la matinée. Peut-être a-t-elle surpris quelque chose." Puis, après une pause pour continuer de se masser le cou, "mais d'abord, je vais m'arrêter à l'infirmerie."
"Toute cette affaire d'espionnage vous donne mal à la tête?" demanda Tucker.
"Quoi? Oh non", répondit Reed. "Mais je viens d'avoir une idée."
"Alors je vous laisse", fit Tucker en se dirigeant vers une autre console. "J'ai mon propre travail à faire."
 
*****
 
Sato ne savait pas si cela devait l'amuser ou l'irriter. Trannon n'avait pas montré le moindre intérêt pour l'Entreprise sauf à l'Ingénierie. Peut-être était-ce pour cela qu'il était parti à la hâte dans ses quartiers au matin avant même que la visite ne commence. Peut-être avait-il voulu éviter les parties qui l'intéressaient pas. Quelques humains agissaient de la même manière en montrant du dédain pour tout ce qui ne concernait pas leurs domaines d'expertise.
Maintenant, face à l'opportunité de visiter les nacelles, Trannon marchait si rapidement que Sato se demandait si elle n'allait pas devoir piquer un sprint pour ne pas se faire distancer.
L'amusement s'imposa à elle quand elle se rendit compte que la découverte d'un intérêt rendrait certainement Trannon plus loquace. Il avait posé encore plus de questions à l'Ingénierie que Stral lui-même.
L'entendre parler lui avait aussi rappelé qu'elle n'avait pas encore identifié son accent. Il y avait quelque chose dans le ton de sa voix qui lui rappelait quelque chose. Elle savait qu'elle connaissait cet accent, mais elle n'arrivait toujours pas à mettre le doigt dessus.
Ils tournèrent à un angle du couloir et arrivèrent à l'entrée de l'une des nacelles. "Voici par où nous entrons", fit-elle en indiquant une écoutille dans la cloison.
Avec l'aide de Trannon, elle ouvrit l'écoutille. Le Vulcain lui fit signe de le précéder, elle passa par l'ouverture et commença à gravir l'échelle jusqu'à la nacelle.
 
*******
 
Quand Reed entra, l'infirmerie était déserte à l'exception du Docteur Phlox.
"Puis-je faire quelque chose pour vous, Lieutenant?" demanda le Dénobulien depuis le siège de l'un des postes de travail alignés au mur.
"Avez-vous examiné les Vulcains quand ils sont montés à bord?" demanda Reed.
"Non. Les transferts entre les navires Vulcains et Humains ne sont pas soumis au scanner médical, à moins qu'il y ait une raison spécifique comme la possibilité d'une maladie infectieuse." Le docteur se leva, une pointe d'inquiétude traversa son visage expressif. "Quelque chose ne va pas chez les Vulcains?"
Reed leva les sourcils. "Cela reste à voir", répondit-il. "A partir des équipements qui se trouvent ici dans l'infirmerie, pourriez-vous scanner tout le navire pour trouver les Vulcains?"
"Vous ne pouvez pas le faire de la passerelle?" hésita Phlox.
"Je n'aimerais mieux pas. Moins il y aura de gens informés, mieux ce sera. De plus, l'infirmerie était sur mon chemin en revenant de l'Ingénierie."
"Si je puis me permettre", demanda le docteur, curieux, "que se passe-t-il?"
Reed examina le docteur extra-terrestre un moment avant de lui déclarer simplement, "l'un des Vulcains n'en est peut-être pas un."
"Oh!" s'exclama Phlox.
"Pouvez-vous faire un balayage d'ici?" demanda à nouveau Reed, impatient.
"Bien sûr."
Phlox alla jusqu'à une autre console et la tourna. Il afficha un plan de côté du vaisseau et saisit quelques commandes. Quelques secondes plus tard, plusieurs points de couleur vert brillant apparurent.
"Il semble que trois d'entre eux soient dans leurs quartiers, un autre se trouve dans le mess et le dernier est sur la passerelle", annonça Phlox.
Reed regarda fixement l'écran. "Cela n'est pas exact", dit-il. Comme Phlox le regardait d'un air perplexe, il s'expliqua. "Celui de la passerelle doit être T'Pol. Cela nous en laisse quatre. Il en manque un. Quelque chose pourrait-il mal fonctionner dans l'équipement?"
"Je ne pense pas", répondit Phlox tout en jouant avec les commandes.
Une nouvelle possibilité frappa Reed. "Notre Vulcain manquant pourrait-il être quelqu'un déguisé pour ressembler à un Vulcain?" demanda-t-il en se penchant en avant pour mieux regarder l'écran.
"Laissez-moi vérifier." Après un moment, Phlox se redressa, surprit. "Oh non!"
"Quoi ?"
"Il manque aussi un membre d'équipage. Il n'y a que cent quatre signes de vie humains", dit Phlox. "Il devrait y en avoir cent cinq, en comptant les commandos.
 
******
 
La maintenance des moteurs de distorsion prenait plus longtemps que Tucker l'aurait souhaité. Il avait annoncé au capitaine que cela ne prendrait que deux heures. Même sans la visite des Vulcains puis sa conversation avec Reed, il aurait été loin de pouvoir tenir les délais.
"Vous êtes prêts, là-bas?" appela-t-il à l'intention de l'équipage qui s'affairait au niveau supérieur.
Une réponse affirmative lui revint.
Tucker hocha la tête en signe de satisfaction et monta à la plate-forme de contrôle du moteur. Ses mains coururent sur le panneau principal pour lancer la séquence d'allumage du moteur de distorsion.
 
******
 
Trannon suivit Sato le long de la passerelle de la nacelle. Il essayait de rester calme, mais sa curiosité prit le dessus quand ils atteignirent le compartiment où le poste de pilotage avait été installé lors de la tempête spatiale.
"Combien de temps a-t-il fallu pour transférer le contrôle à ce poste?" demanda-t-il.
"Environ quatre heures. C'est le temps nécessaire à..."
Il la dévisagea quand elle s'arrêta de parler au beau milieu de sa phrase. Elle fit un pas en arrière et ce geste, en plus de la surprise qu'elle montrait, la perdit.
"Vous m'avez démasqué, n'est-ce pas?" demanda-t-il.
Elle n'essaya pas de nier. Elle n'essaya pas non plus de s'enfuir. Elle resta en travers du chemin et lui déclara, "vous ne pourrez aller nulle part."
Il rit franchement à ces paroles. "C'est vous qui devriez-vous soucier de vous échapper", fit-il en s'avançant vers elle.
Elle voulut lui asséner un coup de pied, mais il bloqua son attaque en lui saisissant la cheville et en la tirant à lui. Elle bascula en arrière, ses bras balayèrent l'air après quelque chose à saisir pour arrêter sa chute. A l'instant même où sa tête frappa la cloison derrière elle, Trannon entendit le son des bobines qui se mettait en route.
En regardant l'officier inconscient à terre, conscient de la chaleur qui montait peu à peu, il se rendit compte que certains ennuis lui seraient épargnés. Elle lui avait rendu service en se frappant la tête assez fort pour s'assommer. La chaleur intense produite par les bobines en finirait avec elle, il n'aurait pas à retarder sa sortie de la nacelle.
Trannon sentait le rayonnement de plus en plus vif des bobines à chaque pas qu'il faisait sur la passerelle en direction de l'écoutille. Il ne s'inquiétait pas de sa sécurité. Il avait en fait étudié l'ingénierie quand il avait été recruté pour cette mission, il en savait donc suffisamment sur la façon de relancer un moteur de distorsion. Il serait sorti de ce secteur bien avant que cela devienne dangereux.
Par contre, il savait qu'il n'y aurait aucun moyen d'expliquer la mort de Sato. Skon l'avait vu quitter le mess en sa compagnie.
Il n'avait plus le choix. Sa mission devrait être interrompue.
Au moins, avec la mort de l'officier de communications, personne ne connaîtrait la véritable nature de celui qui avait infiltré la délégation Vulcaine.
 
******
 
Archer rejoignit Reed dans le couloir à l'extérieur du mess.
"De quoi s'agit-il?" demanda Archer.
Reed l'informa rapidement de sa visite à l'infirmerie et des résultats des balayages de Phlox. "Stinn, Stral et T'Plith sont dans leurs quartiers, j'ai personnellement vérifié. Un autre est dans le mess."
Archer assimila l'information. Après quelques instants, il demanda brusquement, "quel membre d'équipage est manquant?"
"Je ne sais pas encore, Monsieur. T'Pol est en train de vérifier cela."
Archer hocha la tête et suivit Reed à l'intérieur. Il manqua de se heurter à son officier tactique quand ce dernier s'arrêta brusquement.
"Qu'est-ce qu'il y a?" lui demanda Archer.
"Skon", répondit Reed en regardant fixement, incrédule, le Vulcain assis à une table avec Mayweather de l'autre côté de la salle. "Skon est ici. J'aurai juré trouver Trannon ici."
Archer contourna son officier et se rapprocha de la table. Mayweather le vit et se leva. "Monsieur?" demanda le jeune homme.
"Travis, où est Trannon?" demanda Archer.
"Il était ici, mais il est parti avec Hoshi", répondit le pilote. "Quelque chose ne va pas, Monsieur?"
Ignorant la question, Archer en posa une autre. "Où sont-ils allés?"
Comme Mayweather secouait la tête en haussant les épaules, Skon se leva à son tour. "L'Enseigne Mayweather et moi parlions à ce moment-là. Mais j'ai entendu Trannon demander à l'Enseigne Sato de lui montrer les passerelles des nacelles", fit le Vulcain.
Archer se retourna vers Reed. "Voilà pourquoi ils n'apparaissent pas", conclut-il. "Les boucliers sont trop épais pour laisser passer le scan."
"Personne ne devrait se trouver là-bas!" s'exclama Reed tout en se précipitant jusqu'au panneau de communication de la porte. "Le moteur de distorsion a été remis en route, il y a quelques minutes!" Il appuya sur un bouton du panneau. "Reed à Phlox. Combien de signes de vie avez-vous?"
La voix de Phlox se fit entendre presque immédiatement. "Toujours cent quatre humains, mais j'ai maintenant six signes de vie Vulcains."
"Où est le sixième Vulcain?"
Il y eut une pause, Phlox devait être en train de vérifier les données. "Il descend le couloir qui vient de l'entrée du puits de maintenance de la nacelle tribord."
Reed jeta un regard inquiet à Archer qui en tira la seule conclusion logique. "Hoshi doit encore être dans la nacelle. Elle était avec Trannon quand ils sont partis d'ici."
Les mots étaient à peine sortis de sa bouche que la voix de T'Pol l'appela sur le réseau de communication. Il atteignit rapidement le panneau. "T'Pol! Ordonnez à Trip d'éteindre le moteur de distorsion. Immédiatement!"
Archer s'attendait à une réponse d'obéissance inconditionnelle et sursauta à la déclaration que lui fit alors T'Pol. "Cela ne serait pas prudent, Capitaine. Un navire non identifié vient d'apparaître par tribord arrière."
"Quoi?!" répondit Archer.
"Il est équipé d'une sorte de bouclier furtif", reprit-elle. "Nous les avons appelés, mais ils ne répondent pas. Ils sont peut-être hostiles."
"Je vous rejoins sur la passerelle", fit Archer avant de couper la ligne et de sortir précipitamment du mess, Reed sur les talons. Sans même tourner la tête, Archer lui lança ses ordres. "Allez vérifiez la passerelle de la nacelle. Trouvez cet espion, et trouvez Hoshi."
 
*******
 
Archer bondit sur la passerelle et vit le navire inconnu sur l'écran avant. "Au rapport!" aboya-t-il.
T'Pol se leva du fauteuil de commandement en le voyant approcher. "Toujours aucune réponse à nos appels."
Archer regarda fixement l'écran en se posant des questions sur le minutage de l'apparition du vaisseau. S'il avait encore un doute sur le fait que Trannon soit l'espion, il fut balayé par l'annonce suivante de T'Pol qui avait repris sa place à la station scientifique.
"Sursaut de puissance en provenance du navire inconnu", déclara-t-elle sans émotion. "Cela ressemble à un rayon téléporteur."
Archer fronça les sourcils et se penchant en direction de l'officier en poste à la console tactique. "Préparez-vous à faire feu..."
"Nouveau sursaut de puissance" fit T'Pol. "Ils tirent!"
La passerelle fut secouée, les lumières faiblissant temporairement, quand la salve d'énergie frappa le navire. Des étincelles jaillirent d'une console à l'arrière du pont et, par-dessus le vacarme des alarmes et de l'équipement en alerte, Archer entendit T'Pol lui crier, "notre armement est hors service."
 
*******
 
Reed arriva trop tard. Le pistolet phaser au poing, il tourna au coin du couloir au moment où le miroitement d'un rayon téléporteur emportait Trannon au loin.
"Bon sang!" maudit-il dans sa barbe avant de courir jusqu'à l'entrée de la nacelle où l'attendait son personnel de sécurité.
"Pas le temps d'enfiler nos combinaisons spatiales", fit-il. "Allons-y."
Reed et l'un de ses hommes ouvrirent à la hâte l'écoutille qui révélait l'échelle montante, au moment où le navire accusait le tir ennemi. Reed se rattrapa au mur et passa le premier, montant rapidement. Au sommet de l'échelle, il déverrouilla la dernière écoutille qui les séparait de la passerelle de nacelle. En l'ouvrant, il reçut la vague d'air brûlant en plein visage.
Il se hissa par l'ouverture, s'arrêtant seulement un instant pour faire signe aux autres de le suivre dans la nacelle. Il partit en courant dans la direction opposée. La sueur commençait déjà à lui couler du front et le long du dos. Il inspecta rapidement visuellement les bas-côtés de la passerelle.
Il n'y avait personne dans la section principale. Mais en entrant dans le secteur qui avait servi de centre de commandement provisoire, son regard fut attiré par le bleu foncé d'un uniforme adossé au gris de la cloison. Il s'accroupit à côté de Sato, cherchant son pouls, quand la lumière brillante issue des bobines commença à ternir. Le moteur était en train de s'éteindre.
 
*********
 
"L'Enseigne Sato est hors de danger. Elle a une grosse bosse sur la tête, mais il n'y a aucune trace de commotion."
Archer accueillit la déclaration de Phlox avec soulagement.
Après avoir utilisé son téléporteur pour transporter l'espion depuis l'Entreprise et les avoir désarmés par un tir bien placé, l'autre vaisseau avait disparu aussi brusquement qu'il était apparu. Archer avait pu alors ordonner à Tucker de désactiver le moteur de distorsion. Il ne savait pas si cela avait permis de sauver Sato jusqu'à ce que Reed l'informe que l'officier de communications avait été retrouvée vivante, quoique inconsciente, dans la nacelle.
"Capitaine?"
Sato l'appelait, d'une voix faible et instable, depuis le lit médical où elle était allongée.
"Hoshi", répondit-il en la rejoignant, le sourire aux lèvres. "Vous allez vous remettre totalement."
"Capitaine", voulut-elle insister. "Trannon est l'espion. Il..."
"Nous le savons, Hoshi", répondit Archer en essayant de la calmer. "Il a été téléporté du navire par un autre vaisseau."
"Romulien?" demanda-t-elle en essayant de se redresser.
"Nous ne savons pas de quel type de vaisseau il s'agissait", répondit Archer en relevant la tête du lit médical pour l'aider. "Pourquoi pensez-vous qu'il s'agissait d'un vaisseau Romulien?"
Laissant sa tête se reposer sur l'oreiller, Sato s'expliqua. "Cela m'a travaillé tout le temps que Trannon était à bord. Je savais que j'avais déjà entendu son accent auparavant, mais je n'arrivais pas à me rappeler où. Et d'un coup, dans la nacelle, cela m'est revenu. C'était le même accent que celui de la voix émise par le vaisseau Romulien, quand nous sommes passés dans ce champ de mines."
Archer regarda Phlox, qui s'affairait autour de sa patiente. "Vous avez dit que vous détectiez six signes de vie Vulcains à bord", fit Archer.
"C'est ce que je pensais observer", répondit Phlox en toute franchise. "Trannon a été chirurgicalement modifié pour ressembler à un Vulcain, et ses analyses biologiques peuvent aussi bien avoir été changées. Je ne sais pas à quoi ressemblent les Romuliens, et j'en sais encore moins sur leur physiologie. Je ne peux donc rien dire avec certitude. Il se peut aussi qu'il soit réellement Vulcain."
"Avec cet accent?" reprit Sato avec scepticisme tandis que le docteur s'éloignait. "Je ne pense pas. C'était vraiment un Romulien."
"Il y a une consolation dans tout cela", fit Archer. "Nous avons empêché Trannon de mettre en place le plan qu'il préparait pour la Base Stellaire Une." Il lui adressa un autre sourire. "Je dois retourner à la passerelle. Reposez-vous et guérissez, Hoshi."
"Oui, Monsieur", répondit-elle.
Les portes à l'infirmerie s'ouvrirent pour laisser entrer Skon au moment où Archer s'approchait de la sortie. Le Vulcain fit une pause et inclina la tête à l'intention du capitaine avant de se diriger vers Sato.
"J'ai été désolé d'apprendre que vous étiez blessée", fit Skon. "Et, si j'avais été humain, je dois reconnaître que j'aurais ressenti de la honte de savoir que l'instrument de votre blessure était quelqu'un que je croyais être un collègue."
Sato lui adressa un large sourire devant ce comportement contre-Vulcain. "Vous ne pouviez pas savoir", répondit-elle en secouant légèrement la tête, tressaillant à l'élancement qui en résulta.
"Même avec ma connaissance des langues, je ne me suis pas rendu compte que son accent n'était pas Vulcain", fit Skon. "Votre talent extraordinaire l'a remarqué."
"Il y avait quelque chose d'autre", dit-elle en essayant de prendre une voix douce. "J'aurai dû le deviner par son nom."
"Son nom?" demanda Skon, visiblement déconcerté.
"Ceux qui veulent rendre hommage à Surak ne donnent-ils pas des prénoms qui commencent par un 'S' à leurs enfants mâles?" dit-elle en plaisantant.
Pour une fois, Skon répondit de la façon la plus Vulcaine possible, levant un sourcil et lui adressant un regard fixe. "Bien que Trannon ait été le seul mâle Vulcain parmi nous dont le nom ne commençait pas par cette lettre, il n'est pas logique d'en déduire qu'il était l'espion, rien que sur cette considération. Mais oui, ceux qui veulent honorer la mémoire de Surak suivent parfois cette tradition."
"Je parie que vous donnerez à vos fils des noms qui commencent par un 'S'", dit-elle plus sérieusement.
"C'est exact", répondit-il. "Ma femme et moi en avons déjà discuté. Cela semble être de circonstance, puisque j'ai traduit les enseignements de Surak dans d'autres langues. Notre premier fils se nommera Sarek."
Fin.
 
   
 
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