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Menace voilée
 
Ecrit par : Sal, Elf
Traduit par : Laurent
V.O. publiée le 10 février 2006
V.F. publiée le 26 janvier 2007
 
            Menace voilée
 
Journal de bord du Capitaine.
Nous sommes actuellement en orbite autour de la planète Cytuno, prêts à accueillir une délégation diplomatique. Nous la transporterons à Déall, leur voisin dans ce système et avec qui ils ont récemment signé un traité de paix après des années d'hostilités. Les populations des deux planètes ont besoin des ressources dont disposent leurs anciens ennemis, leurs gouvernements ont demandé à l'Entreprise de négocier l'accord commercial entre les deux parties.
 
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Le hangar aux navettes était vide. Après le tumulte et la foule de la base de lancement qu'ils venaient de quitter, c'était un environnement rassurant et familier. Hoshi Sato, seule dans la nacelle Une, sourit en comprenant à quel point l'Entreprise était devenu son chez elle après quatre longues et parfois même traumatisantes années. Pendant un instant, elle se remémora certains de ces épisodes, souriant en se rappelant son propre parcours depuis la débutante incertaine, nerveuse, jusqu'à celle qui pouvait garder son calme dans n'importe quelle situation. Puis elle reprit le téléchargement des bandes linguistiques de l'ordinateur de la nacelle. De ce point de vue, la journée avait été profitable, bien que la désinvolture des Cytunons avait fini par distraire le capitaine. Le Lieutenant Reed avait quant à lui passé beaucoup de temps à pester dans sa barbe sur le manque de précautions de base en terme de sécurité.
"Désolé, messieurs", murmura-t-elle à l'intention de ses supérieurs absents. "Mais c'était une bonne journée."
Profondément concentrée dans son travail, elle n'eut pas conscience de quoi que ce soit d'inhabituel, jusqu'à ce qu'un bruit la sorte de sa concentration. Fronçant les sourcils, elle se pencha par l'écoutille de la nacelle et scruta en détail le hangar à peine éclairé. Pour ce qu'elle en savait, tout le monde était parti. Elle sourit à nouveau au souvenir du regard amusé qu'elle avait partagé avec Archer tandis que Reed continuait à se plaindre des services de sécurité Cytunos en sortant de la nacelle. La plupart des lumières étaient en veille, le lieu était sombre, de nombreux coins étaient invisibles.
"Bonjour?" cria-t-elle. "Il y a quelqu'un?"
Seul le silence répondit à son appel. Avec un soupir, elle s'extirpa hors de l'appareil et se dirigea vers la source apparente du bruit.
Le silence absolu lui pesait, et elle sursauta quand son imagination trop active fit passer une ombre pour quelque mouvement. Puis un son rompit à nouveau le silence. Il se répercuta légèrement, rendant difficile la détermination de sa source. Elle appela de nouveau. "Qui est là?"
Elle attendit encore quelques instants dans le silence, puis elle soupira et se retourna pour reprendre son travail.
Elle hurla.
L'Enseigne Travis Mayweather riait tellement qu'il avait du mal à se tenir debout. Il laissa tomber la couverture de secours argentée dont il s'était recouvert la tête et les épaules et se pencha en avant pour poser ses mains sur ses cuisses, prêt à suffoquer.
"Hoshi", finit-il par dire. "Pendant une minute, j'ai cru que vos yeux allaient sortir de leurs orbites."
"Abruti!" hurla-t-elle en lui assénant un coup brutal sur le bras.
"Aïe", cria-t-il en reculant tandis qu'elle s'avançait vers lui.
"Vous êtes vraiment... bête." Elle ponctua sa phrase d'autres coups plus vigoureux, en continuant à avancer. Elle s'arrêta quand il trébucha, atterrissant sur les fesses sur le pont, éclairant son visage d'un sourire satisfait devant sa revanche et la honte de l'Enseigne.
"Que cela vous serve de leçon", lui fit-elle en ignorant la main qu'il lui tendait pour avoir son aide. "Oh, non, cela ne marche pas, Monsieur, c'est un vieux tour. Vous êtes un grand garçon, vous pouvez vous lever sans mon aide."
"Mais, Hoshi", geignit Mayweather. "Je crois que je me suis vraiment fait mal."
Elle continua à le regarder fixement, l'expression inflexible, un sourcil levé, copiant l'allure d'un scientifique Vulcain. Finalement, avec un soupir théâtral, Mayweather sauta sur ses pieds. Il riait toujours.
"Que faites-vous ici, de toute façon?" lui demanda-t-elle.
"Nous nous sommes donnés rendez-vous pour dîner", lui rappela-t-il. "Malcolm m'avait dit que vous étiez déjà plongée dans les bandes linguistiques quand il est parti, et il était certain que vous seriez encore ici."
"Oh, Travis", répondit-elle, confuse. "Je suis désolée. Je suppose que je n'ai pas vu l'heure passer. C'est une langue si fascinante, vous savez. Il y a trois classes séparées de déclinaisons compatibles et..." Elle s'arrêta brusquement tandis qu'il levait les mains en signe de reddition.
"Epargnez-moi les détails", la pria-t-il. "Ou attendez au moins que nous ayons mangé. J'ai manqué le déjeuner. Trip et Malcolm nous gardent des places et ils ont dit qu'ils attendraient jusqu'à ce que nous arrivions."
Sato rit et éteignit la console sur laquelle elle travaillait. Elle prit avec elle les tablettes de données et l'autorisa à l'escorter jusqu'aux portes de la baie de lancement. Tandis qu'ils passaient le seuil, elle fit une pause, ayant cry entendre de nouveau un bruit derrièr elle. Elle scruta quelques secondes les ténèbres de la pièce. Puis elle haussa les épaules et appuya sur la commande de la porte, plongeant le hangar dans l'obscurité totale.
 
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Le Lieutenant Malcolm Reed était ennuyé. Cela se voyait à son allure et à son manque d'expression. Le capitaine Archer le fixa des yeux un instant, se demandant comment cet homme réussissait à exprimer autant d'irritation sans même dire un simple mot. Le lieutenant était clairement dans l'un de ses jours "mon capitaine est un idiot complet". Archer soupira silencieusement, se demandant quand ils pourraient jamais trouver un terrain d'entente. Les choses se passaient maladroitement depuis l'apparente trahison de Reed, quand Phlox avait été enlevé. Et bien qu'Archer était certain de sa confiance en Reed autant qu'avant cet incident, il était conscient que certaines choses avaient changé. Mais aujourd'hui, pensa-t-il, frustré, ils semblaient être revenus des années en arrière, quand ils avaient eu la première d'une longue série de discussions à propos de sécurité et de diplomatie.
"J'ai écouté toutes vos inquiétudes sur les forces de sécurité Cytuno", réitéra Archer patiemment et pour ce qui lui sembla être la dixième fois. "Ils m'ont assuré que chaque invité de la fête sera contrôlé et qu'ils auront une équipe complète formée et prête à intervenir." Il empêcha son subalterne de l'interrompre. "Ma décision est prise, Lieutenant." Son ton était sec et il vit Reed tressaillir légèrement. Il modéra le ton de sa voix. "Cependant, je partage certaines de vos inquiétudes. Je voudrais que vous instauriez des patrouilles supplémentaires comme vous l'avez suggéré, de même qu'une augmentation des gardes à l'ingénierie, à l'arsenal et sur la passerelle. Débrouillez-vous pour que cela passe pour une haie d'honneur, ou quelque chose dans le genre."
"Oui, Monsieur. Merci, Monsieur. Y a-t-il autre chose, Monsieur?"
"Non, Lieutenant. Vous pouvez disposer." Il soupira pendant que Reed tournait les talons pour se diriger vers la porte.
Quand Reed parvint à la porte, cependant, il marqua une pause et inspira profondément avant de se retourner pour faire face à Archer une dernière fois. "Capitaine..." Il hésita avant de continuer. "Je ne fais pas ces recommandations pour vous ennuyer, Monsieur. Je les fais parce que je veux que rien ne tourne mal."
C'était l'une des choses qui s'étaient améliorées, pensa Archer. Désormais, de temps en temps, Reed essayait d'expliquer ses idées complexes et tordues. Et cela passait beaucoup mieux.
"Je sais, Lieutenant", répondit-il d'une voix calme. "Et je prends vraiment vos recommandations au sérieux."
"Merci, Monsieur."
Cette fois, un léger sourire apparut sur les lèvres de Reed avant qu'il ne sorte.
 
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Avec un soupir frustré, Reed se dirigea vers l'ascenseur. Bien qu'il comprenne que le capitaine doive prendre en compte d'autres éléments que les siens, il estimait encore qu'il y avait trop de possibilités pour qu'un désastre survienne. Une guerre récemment terminée était une situation trop fragile pour être considérée à la légère. De plus, leurs propres expériences récentes, quand l'Entreprise avait semblé être la cible spécifique d'un complot, rendait d'autant plus probable le fait que quelqu'un essayerait d'en profiter.
Au moment où il entrait dans l'ascenseur, le Commandant Tucker le rejoignit, lui adressant un sourire. "Vous allez à l'armurerie?"
Reed secoua la tête. "Non, je dois parler aux commandos d'abord. Nous allons poster des gardes dans le navire pendant cette mission."
"Pensez-vous que ce soit vraiment nécessaire?" Ils sortirent de l'ascenseur, hochant la tête en direction des hommes d'équipage qui s'écartaient de leur passage pour les laisser passer.
L'amusement mal caché de Tucker ne fit rien pour améliorer l'humeur de Reed. Son inquiétude pour le vaisseau et son équipage le frustrait. Il s'arrêta brusquement et se planta juste devant Tucker, l'arrêtant net. Les mains sur les hanches, les dents serrés, il regarda le commandant droit dans les yeux. "Pourquoi tout le monde sur ce vaisseau persiste à croire que je suis paranoïaque?" fit-il en colère.
Tucker le dévisagea quelques secondes, puis pencha la tête de côté. Il sourit tranquillement et entreprit de contourner le lieutenant, feignant de ne pas remarquer son soupir d'exaspération. Il reprit sa marche et, un instant plus tard, Reed le rejoignait. Tucker avait conscience que son ami lui lançait de temps à autre des regards noirs.
Quand ils atteignirent l'embranchement où ils devaient se séparer, Tucker vers l'ingénierie et Reed vers les commandos, l'ingénieur s'arrêta. "Vous êtes sacrément bon dans votre travail, Malcolm. Nous savons tous cela et nous avons suffisamment de raisons de vous en être reconnaissant. Une part de ce qui vous rend tellement bon", fit-il avant de marquer une pause exagérée, "c'est que vous êtes paranoïaque." Il sourit.
Reed lui épargna un autre regard noir, mais soupira. Toutefois, il souriait quand ils se quittèrent.
 
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Tucker tira sur la fermeture éclair de son uniforme, essayant de se rafraîchir dans la chaleur de l'atmosphère étouffante de la pièce. Il regarda en fronçant les sourcils son verre et se demanda si l'alcool synthétique qu'on servait désormais avait aussi la propriété de faire ressentir la chaleur que dégageait le breuvage réel d'autrefois. Il vit Reed se diriger vers lui et s'arrêter à côté de lui, debout, dos contre le mur, parcourant du regard la pièce. Tucker fut frappé de voir à quel point la tâche de Reed était compliquée par le fait qu'il soit la personne la plus petite du mess.
"Tout est calme", murmura Reed.
"Ouais, tout le monde semble s'amuser", répondit Tucker en regardant l'une des membres les plus jeunes de la délégation. Elle avait environ vingt ans, et il avait remarqué qu'elle jetait régulièrement des regards dans sa direction depuis le début de la soirée. "Savez-vous qui c'est?" demanda-t-il à Reed. Si quelqu'un pouvait savoir cela, c'était Reed, il avait sûrement étudié les dossiers de toute la délégation.
Reed tourna la tête et hocha la tête. "Son nom et Piemia. C'est la plus jeune fille de l'ambassadeur. Elle semble assez inoffensive, elle est apparemment ici pour apprendre à connaître d'autres cultures afin d'élargir ses horizons."
"Elle a l'air mignonne", murmura Tucker au moment où leurs regards se croisèrent. Il détourna rapidement les yeux.
"Peut-être devrais-je appeler l'équipe de sécurité, vérifier qu'ils sont tous bien ceux qu'ils prétendent être", réfléchit Reed, l'esprit visiblement ailleurs.
"La sécurité... Pourquoi?" Tucker fronça les sourcils. "Je croyais que le capitaine ne vous avait pas laissé avoir d'équipe de sécurité ici."
Reed jeta à Tucker un regard noir qui faisait comprendre exactement ce que l'officier de sécurité pensait de cette décision de sa hiérarchie. "Il m'a interdit de faire stationner du personnel de sécurité dans le mess et dans les couloirs alentours."
"Alors?"
"Alors ils sont à l'infirmerie."
Tucker faillit rire, mais il savait que ne serait pas sage. Il y avait très peu de choses qui énervaient plus Reed que les gens qui ne prenaient pas la sécurité au sérieux. Au lieu de cela, il toussa et leva son verre, pour rien en particulier.
"Je vais juste..." commença-t-il à dire en se levant pour partir, faisant comme s'il devait aller quelque part.
Son sauveur, cependant, survint inopinément. Alors qu'il se décidait à aller voir T'Pol, Piemia se retrouva devant lui en lui tendant la main .
Un instinct inné de civilité submergea Tucker qui saisit la main allongée et la secoua chaleureusement. Piemia baissa la tête vers leurs mains serrées, puis la remonta jusqu'au visage de Tucker.
"Je l'ai fait correctement?" demanda-t-elle à Tucker qui remarqua dans sa voix un léger accent alien.
"Oui, oui, c'est cela", sourit-il.
"Mon père m'a fait étudier la base de données, afin que je connaisse un peu vos coutumes", continua-t-elle avec le sourire. Elle avait une voix attirante et le sourire de Tucker s'élargit.
Piemia aurait compté parmi les beautés dans beaucoup de cultures ainsi que sur sa propre planète. Les Cytunons avaient tendance à être grands et sveltes, résultat dû en partie à une gravité légèrement plus faible que sur Terre. Ils étaient presque tous blonds, allant du cendré jusqu'au doré. Par contre, la couleur de leurs yeux variait du tout au tout avec quelques combinaisons ahurissantes. Piemia était du type blonde aux yeux bleu, classique, mais avec des yeux légèrement en amande qui lui donnait un air un peu exotique.
"Alors, qu'avez-vous découvert d'autre dans notre base de données?" demanda-t-il en lui indiquant la direction du serveur qui distribuait des boissons, oubliant complètement Reed qui roulait des yeux à la vue de cette scène.
Elle lui sourit à nouveau, inclinant gracieusement la tête.
 
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Le capitaine Archer jeta un oeil à la foule bruyante d'humains et d'aliens et éprouva un sentiment de satisfaction. Chacun avait visiblement l'air détendu et les deux groupes discutaient bien. Ses yeux scintillèrent quand il aperçut son ingénieur en chef en compagnie d'une jolie jeune femme qu'il identifia comme étant la fille de l'ambassadeur. Il pouvait faire confiance à Trip pour trouver la femme la plus belle de l'assemblée. Ses yeux brillèrent encore plus quand il remarqua Malcolm Reed essayer de paraître nonchalant en scrutant sans cesse les occupants de la pièce, apparemment toujours pas prêt a faire confiance à qui que ce soit, Humain ou Cytunon. Un jour ou l'autre, il faudrait qu'ils aient une longue conversation à propos de cette organisation secrète et mystérieuse, ainsi que sur Harris. Son attention fut soudain attirée par un membre de la délégation Cytunon qui lui souriait. Il puisa l'information dont il avait besoin dans sa mémoire. Sestine, ingénieur des mines, qui était aussi experte dans l'extraction du minerai dont Déall était si riche. Il lui sourit en retour et entreprit de la rejoindre. Ses cheveux blonds foncés étaient coupés courts, une rareté parmi les gens de son espèce, où les hommes autant que les femmes les portaient longs et tressés de manière compliquée.
"J'espère que vous aimez la soirée?" dit-il.
"Beaucoup, Capitaine. Un échange culturel est toujours une expérience fascinante, et en tant qu'espèce, nous avons besoin d'un peu de pratique. Je suis heureux que cela semble se passer si bien."
"Tout comme moi", lui confia Archer. "Les premiers instants sont toujours les plus stressants pour les nerfs."
Elle le regarda en fronçant les sourcils. "J'ai du mal à imaginer que quelque chose puisse vous faire peur, Capitaine Archer."
C'était un commentaire assez flatteur, mais atténué par une pointe d'humour qui illuminait son regard.
Archer sourit. "Vous seriez surprise... Et mon nom est Jonathan", lui souffla-t-il. "Puis-je vous appeler Sestine?"
"J'en serais ravie."
 
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Reed s'était presque détendu, l'atmosphère joyeuse le convainquant finalement que rien d'impropice n'arriverait ce soir, jusqu'à ce que son attention soit attirée par le serveur en chef, Aiden Franklin, qui discutait discrètement, mais visiblement fâché, avec deux autres serveurs en service ce soir. Les sourcils froncés, il se rapprocha d'eux.
"Y a-t- un problème, messieurs?" demanda-t-il tranquillement.
Franklin soupira de frustration. "Aucun problème, Lieutenant, à moins que vous ne vouliez arrêter le farceur qui a égaré toute une série de plateaux de canapés." Il les dévisagea alors qu'ils essayaient de l'interrompre. "Rien qui puisse vous inquiéter, de toute façon", finit-il par dire avec assurance.
Reed comprit qu'on lui demandait de se mêler de ses affaires, et recula pour aller s'appuyer contre le mur. Là, il fut presque immédiatement accosté par le Docteur Phlox.
"Ah, Lieutenant", commença-t-il avec sa vigueur habituelle. "Quelle soirée fascinante nous avons là, vous ne pensez pas? J'ai passé en revue les données des deux cultures. Apparemment, la gravité sur Déall est légèrement plus forte que sur Terre ou Dénobulia, et la population a tendance à être plus petite, plus trapue que les Cytunons."
Reed se força à sembler intéressé, et la soirée avança.
La fête tirait à sa fin et les gens partaient quand le communicateur de Reed vibra dans sa poche. Il sourit au Cytunon avec qui venait de discuter, s'excusa et s'isola dans un coin calme.
"Travis?" Ils avaient convenu d'un code, et Reed savait que Mayweather n'aurait pas appelé s'il n'avait pas une excellente raison. Ce que l'Enseigne lui dit alors l'alerta immédiatement. Il scruta la pièce où les officiers supérieurs restants souhaitaient la bonne nuit à ceux qui restaient. Le simple fait de les alerter du regard les fit se hâter, et un moment plus tard, ils se dirigeaient tous vers l'ascenseur. Reed fermait la marche et remarqua que Phlox se dirigeait vers l'infirmerie.
Reed sourit doucement en entrant, reconnaissant du fait que la taille de l'ascenseur empêchait tout autre membre d'équipage ou visiteur de se joindre à eux. Ils rejoignirent directement la passerelle.
Alors que Reed pénétrait sur le pont supérieur, Archer aboya en direction de Sato. "Rapport, Enseigne." Sa voix trahissait sa tension.
"Nous avons détecté un signal il y a environ vingt minutes, Monsieur. Nous avons d'abord pensé qu'il s'agissait d'un écho fantôme, mais nous avons vérifié et c'est toujours là. Cela semble définitivement être un vaisseau, mais nous n'avons pas pu déterminer l'origine de sa signature de distorsion."
T'Pol passait les données en revue. "Cela pourrait être Suliban", émit-elle en hypothèse. "Ou encore..." Elle marqua une pause, et ce fut Tucker qui exprima la pensée qui leur venait tous à l'esprit.
"... Romulien."
"Docteur Phlox au Capitaine."
"Docteur?" répondit Archer sur un ton distrait.
"Je viens de revenir à l'infirmerie, Capitaine. Le scanner ne fonctionne plus. C'est une pièce maîtresse de notre équipement. Je me demandais si le Commandant Tucker pourrait venir y jeter un coup d'oeil."
"Nous sommes un peu occupés pour le moment, Docteur. Nous nous en occuperons dès que nous le pourrons."
"Mais Capitaine..."
"Archer terminé", répondit Archer vigoureusement. Puis il regarda un à un les membres de son équipage, oubliant délibérément le Dénobulien et ses problèmes techniques. Il resta silencieux quelques instants, pensif, avant de distribuer ses ordres.
"Monsieur Mayweather, je veux que ce navire reste sous surveillance constante. Au moindre mouvement, à la moindre déviation, avertissez-moi. Enseigne Sato, je veux que toutes les communications soient contrôlées, tant en origine qu'en destination, identifiées et enregistrées. Monsieur Tucker, je veux disposer de la distorsion maximale à tout moment. Monsieur Reed, augmentez les mesures de sécurité, discrètement. Je ne veux pas alarmer les Cytunons, alors effectuez vos contrôles comme à l'habitude. T'Pol, nous devons savoir qui est là, et pourquoi. Est-ce que tout le monde a compris?"
Ils répondirent tous en chœur "Oui, Monsieur" et retournèrent tous à leurs devoirs.
 
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Reed rejoignit Tucker au petit déjeuner au mess. Il lui demanda tranquillement, "des nouvelles?"
Tucker secoua la tête, "Non, on les surveille toujours mais ils restent bien à l'abri, assez loin. T'Pol essaye de trouver un moyen de traverser leurs boucliers, mais sans résultat jusqu'à maintenant."
L'officier anglais grogna. "Vous allez vous occuper du scanner de Phlox aujourd'hui?"
"Plus tard, je pense. Nous avons un problème avec une des portes de la salle de conférences, et je vais m'en occuper d'abord. Le reste de l'équipe veille à ce que les moteurs de distorsion soient à leur maximum."
"Vous ne devriez pas en être responsable?" s'enquérit Reed, un peu embarrassé. Ce n'était un secret pour personne que Tucker était l'expert du moteur de distorsion cinq.
Tucker hésita avant de répondre. "J'aime bien qu'ils prennent les rênes de temps à autre. Je ferai un contrôle final, mais je veux être sûr que quoi qu'il arrive, quelqu'un pourra être là et faire tourner les moteurs aussi bien que moi si le besoin s'en fait sentir."
Son ami le regarda fixement avant d'incliner la tête. Il comprenait parfaitement le principe.
 
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Le commandant Tucker fronça les sourcils, le scanner dans la main, et le secoua d'irritation. A ses côtés, la fille de l'ambassadeur discutait avidement.
"Qu'est-ce qui ne va pas?" demanda-t-elle, s'arrêtant finalement de parler.
"J'ai fait construire ce scanner dernier cri, et il ne marche pas correctement." Il scruta les données affichées sur la porte de la baie cargo sur lesquelles il travaillait actuellement. "Il y a bien de l'énergie qui passe dans ce circuit, mais le scanner n'arrive pas à l'utiliser."
"Oh, ce n'est sans doute pas grave", répondit-elle gaiement. "Vous ais-je parlé du second cousin de ma mère et des ennuis qu'elle a eus avec lui..." Le TU avait visiblement des difficultés à traduire ses paroles, il émit un bip rauque de protestation. Tucker eut soudain la terrible conviction que la conversation entière était sur le point de tourner à la généalogie.
"Et bien, euh, il faut que je répare ce truc. J'ai besoin d'aller à l'ingénierie."
"Puis-je venir?"
"J'ai peur que non", répondit-il en tentant de paraître aussi contrarié que possible. "L'ingénierie est interdite à tous les invités. Je vous verrai peut-être plus tard." Il rassembla ses outils aussi vite que possible et battit en retraite hâtivement, entendant toujours la voix de la jeune fille alors qu'il sortait de la pièce.
 
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"Ambassadeur Lin'od." Le capitaine Archer se leva alors que l'ambassadeur Cytunon entrait dans la salle de conférences, suivi de près par ses aides et les forces de sécurité. "Merci d'être venu", lui dit-il en souriant.
"Merci d'avoir organisé cette conférence d'aussi belle manière", répondit l'ambassadeur courtoisement. "Mes compatriotes vous sont reconnaissants d'avoir assisté à cette cérémonie d'ouverture ici pour aider à faciliter nos discussions."
"Nous sommes heureux de vous avoir aidés", répondit Archer. "Le vaisseau Déallien est arrivé aux coordonnées de rendez-vous et nous avons préparé la nacelle numéro Un pour nous y rendre comme prévu. L'ambassadeur Déallien nous a signalé qu'ils étaient prêts à nous recevoir. Nous y allons?"
Archer se tourna vers la porte, mais s'arrêta quand l'ambassadeur lui parla. "Avant que nous ne partions, Capitaine, je souhaiterais vous demander quelque chose."
"Bien sûr, Ambassadeur."
"Avez-vous découvert l'identité du vaisseau qui nous suit?"
Il y eut un court silence, inconfortable.
"Puis-je demander comment vous savez cela?" Archer n'essaya pas de cacher son trouble.
"Mon équipe de sécurité est, comme vous vous en apercevrez, très concernée par ma sécurité. Nous disposons d'un scanner très performant dans notre équipement de sécurité. Il n'a pas été conçu pour une telle utilisation, mais il a prouvé son efficacité lors de balayages extérieurs de l'Enterprise ainsi que dans les environs immédiats. Nous ne savons pas beaucoup de chose en dehors du fait qu'il est bien là, notre détecteur n'est pas aussi puissant que les scanners de votre vaisseau, bien sûr, mais vous en avez certainement conscience."
Archer lança un regard à T'Pol avant de répondre. "Nous n'avons pas voulu vous alarmer, Ambassadeur. Jusqu'ici, le vaisseau ne nous a nullement menacé, et nous le gardons en observation."
"Et vous n'avez aucune idée de son identité?"
"Nous avons deux ou trois théories, mais sans autre preuve, il est impossible d'en dire plus. Nous maintenons une surveillance rapprochée, vous pouvez en être sûr."
L'ambassadeur Lin'od le regarda fixement un instant avant d'incliner la tête. "Pour l'instant", continua-t-il sur un ton plus vif, "revenons à nos affaires." Puis il sortit de la pièce.
 
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Le commandant Tucker entra à la dérobée dans le mess et balaya la pièce du regard, comme s'il avait peur de ce qu'il aurait pu y trouver. Une fois qu'il fut sûr qu'il était tranquille, il se dirigea vers les distributeurs alimentaires et sélectionna son petit-déjeuner. Il regarda les tables occupées, où s'étaient répartis des membres d'équipage de l'Entreprise et des Cytunons, et repéra une personne qu'il reconnut. Il la rejoignit.
"Hé, Malcolm", salua-t-il, laissant tomber son plateau sur la table assez fort pour faire cliqueter ses plats et ses couverts.
L'air ennuyé, Reed saisit son verre de lait sur le plateau. "Bonjour à vous aussi", répondit-il alors que Tucker restait debout, à scruter nerveusement la pièce des yeux. "Qui cherchez-vous?"
"Hein? Personne, enfin, personne que je ne veuille voir."
Reed grogna et retourna à ses propres affaires. "Les Cytunons refusent d'être scannés une fois que les pourparlers commerciaux auront commencé. Et maintenant les Déalliens disent que si les Cytunons refusent cela, ils le refusent également. Le capitaine m'a affirmé qu'il les fera revenir sur leur décision et que nous ne devrions pas nous inquiéter. Trip, ralentissez, pour l'amour du ciel, ou vous allez vous étouffer."
Tucker s'était plongé dans son repas, inquiet de rester plus de temps que nécessaire dans un endroit public. "Vous savez," réussit-il à dire entre deux bouchées d'oeufs brouillés, "la fille de l'ambassadeur doit être la personne la plus énervante que j'ai jamais rencontrée. Je ne plaisante pas, elle n'arrête jamais de parler!"
Son ami grogna. "Comment voulez-vous que je ne m'inquiète pas alors que je suis responsable de la sécurité des pourparlers et que personne ne semble écouter ce que je dis?" Il picora dans son assiette.
"Ce que je veux dire", continua Tucker, "c'est qu'elle croit que j'ai envie d'entendre parler de la femme de son cousin germain et de ses problèmes... de chiens, je crois. Je vous jure qu'elle n'a pas soufflé une seule fois pendant l'heure que j'ai passé avec elle! Je suppose que je pourrais la présenter à Phlox." Cette pensée le fit sourire.
"Nous ferons poster des gardes d'honneur autour de la pièce. Je pourrais définir un périmètre." Reed retrouva quelque peu le sourire.
Ils relevèrent la tête en même temps et parlèrent d'une seule voix. "Qu'en pensez-vous?"
"Quoi?"
"Quoi?"
Exaspéré, Reed prit le pas sur Tucker. "De quoi parlez-vous, Trip?"
"La fille de l'ambassadeur. Et vous, de quoi parlez-vous?"
"De la sécurité des pourparlers."
Tucker roula des yeux, mais avant qu'il puisse faire une remarque, ils furent interrompus par Sato et Mayweather qui s'approchaient. Ils échangèrent des salutations. Mayweather s'assit et entama une troisième conversation de son propre cru.
"Superbe travail aujourd'hui, Hoshi. Les deux ambassadeurs ont été très impressionnés, à ce que j'ai pu voir."
"Ce n'est pas la langue la plus difficile que j'ai apprise, mais j'admets qu'elle était un peu ardue à comprendre au début sans le traducteur universel, jusqu'à ce que je comprenne leurs variations consonantes. Je ne sais pas qui a bien pu emprunter le TU, pourtant. Je suis sûre que je l'avais rangé dans le casier d'équipement de la nacelle, hier."
"Qu'est-ce qui vous est arrivé, Hoshi?" demanda Reed, tout à coup attentif à ce qu'elle disait.
Sato attrapa ses baguettes pour manger. "Nous sommes allés sur le vaisseau Déallien finaliser l'ordre du jour pour les pourparlers et nous n'avions pas de traducteur. J'ai dû la faire en temps réel pour le capitaine et les ambassadeurs. J'ai cru que j'allais avoir une extinction de voix." Elle surprit le regard inquiété de Reed. "Ne vous inquiétez pas, Malcolm, ce n'était pas une grande affaire. C'était juste des affaires courantes, même si je trouve cela quand-même excitant. Une fois revenue, j'ai cherché partout, mais je ne n'ai pas retrouvé le traducteur."
"Vous êtes sûre que vous l'avez laissé là?" demanda le lieutenant.
Sato reposa ses baguettes chinoises et regarda fixement son officier supérieur. "Oui," répondit-elle sèchement.
Après quatre ans de vie commune parmi l'équipage, Reed avait appris à reconnaître quand ses collègues étaient vexés. Il lui sourit. "Je ne mettais pas votre parole en doute, Hoshi, mais j'ai entendu deux ou trois personnes se plaindre de petits objets d'équipement qui ont disparu, que des petites choses sans valeur jusqu'ici. Et rien qui puisse être utilisé comme une arme. Ce sont peut-être quelques délégués Cytunos qui collectionnent des souvenirs. Je le mentionnerai à l'équipe de sécurité. "Il marqua une pause. "Vous semblez avoir réalisé votre miracle habituel et sauvé la situation du jour."
Elle lui sourit, rassurée par son explication et son éloge. "Je préférerais ne pas avoir à le refaire", précisa-t-elle avant que la conversation ne se tourne vers des questions plus générales.
 
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"Commandant?" Reed entra dans l'ingénierie et se dirigea vers le moteur de distorsion en levant les yeux vers l'ingénieur en chef. Ce dernier travaillait à la console principale en haut de la passerelle.
"Salut, Malcolm", répondit distraitement Tucker, son attention toujours concentrée sur les données de ses écrans.
"Le docteur Phlox vient de me demander des nouvelles de la réparation de son scanner. Avez-vous terminé celle de la porte de la baie de chargement?"
"Ouais, enfin. Vous avez vu Piemia?"
"Qui?"
"La fille de l'ambassadeur. Elle est là-bas?"
Reed soupira bruyamment. "Je n'en ai vraiment aucune idée, Commandant. Phlox est très inquiet pour son scanner", insista-t-il.
"Je ne peux pas aller là-bas, Malcolm", répondit Tucker. "Cette femme me rend dingue."
"Alors je m'en occuperai", fit Reed. "Mais seulement si vous me prêtez votre nouveau scanner. Il est beaucoup plus sophistiqué que tout ce que nous avons."
"Je n'peux pas, Malcolm. J'ai encore quelques problèmes de fonctionnement avec." Tucker était visiblement peu disposé de le lui laisser.
"Alors laissez-moi vous aider à le tester à votre place, Commandant. C'est cela, ou je fais savoir à Phlox que vous arrivez tout de suite pour faire le travail vous-même. "Il sourit à son ami, affectant de ne pas remarquer le froncement de sourcils que cette menace avait fait naître.
Quelques instants plus tard, Reed repartait vers l'infirmerie, souriant d'un air suffisant et avec le précieux scanner en main. Tout en traversant les couloirs, il fut interpellé par une douce voix. Il se retourna et se retrouva face à Piemia.
"Bonjour, Mademoiselle."
"Salut, Lieutenant. Je me demandais si vous saviez où se trouve Monsieur Tucker?"
"J'ai peur que le Commandant Tucker soit très occupé à l'ingénierie aujourd'hui, Mademoiselle." Il entreprit de repartir.
Elle vint se placer à ses côtés. "Peut-être auriez-vous le temps de me montrer l'arsenal, Lieutenant?"
"L'accès de l'arsenal est réservé à un petit nombre de personnes autorisées, Mademoiselle", précisa-t-il sans hausser le ton. "Si vous voulez bien m'excuser, je dois moi-même aller travailler à une affaire urgente. Je suis sûr que l'Enseigne Jacobs", fit-il en profitant du passage de la jeune femme en question, "sera enchantée de vous faire visiter les cultures hydroponiques."
Jacobs était une femme de son équipe et elle répondit promptement à la demande de son supérieur. "J'en serais enchantée, Mademoiselle. C'est la bonne époque, en fait, nous cultivons actuellement quelques fleurs qui poussent en cette saison sur Terre. C'est le printemps et nous avons des jonquilles en Angleterre, le pays d'où je viens. Ce sont mes fleurs préférées." Tout en parlant, elle emmena Piemia au loin, tout en adressant un regard souriant et complice au lieutenant.
Reed lui adressa un sourire rapide et reprit son propre chemin.
 
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"Ah, Lieutenant, merci, merci beaucoup." Phlox se précipita vers lui dès qu'il entra dans l'infirmerie. Reed recula légèrement par réflexe devant Phlox, ce dernier semblait tenir une sorte de grosse guirlande de gelée visqueuse. Mais en s'approchant finalement, il s'aperçut que la chose bougeait.
"Qu'est-ce que c'est que cela?" demanda-t-il avec une grimace.
"C'est un skittling gris Cytunon. Il est beau, n'est-ce pas?" Il roucoula à la chose en l'enroulant le long de son bras.
"Beau n'est pas vraiment le mot que j'utiliserais", murmura Reed. "Vous vouliez que l'on répare votre scanner?"
"Oui. Pour une raison inconnue, il refuse de fonctionner correctement. Et bien que je sache effectuer des réparations simples, j'ai peur de ne pas comprendre ce qui ne va pas." Il suivit Reed jusqu'à la console de l'instrument, surveillant avec vigilance par dessus l'épaule de Reed le rapide diagnostic de premier niveau que ce dernier exécuta.
"La fille de l'ambassadeur semble très éprise de Monsieur Tucker", commenta Phlox.
"Elle en a l'air", répondit distraitement Reed. "Quand avez-vous utilisé le scanner pour la dernière fois, Docteur?"
"Juste avant que les Cytunons montent à bord. Pensez-vous qu'ils vont s'accoupler?"
Reed se rendit compte que Phlox parlait de Tucker et Piemia, et non de son instrument médical. "Quoi? Euh, ce n'est vraiment pas mon affaire", répondit-t-il rapidement. "Mais j'en doute fort. Elle est plutôt jeune. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je vais voir ce que je peux faire pour votre scanner." D'une manière plutôt significative, il tourna le dos au Dénobulien.
Il travailla en silence quelque temps, irrité de temps à autre par les tentatives de Phlox de l'aider. Phlox avait raison, l'appareil ne fonctionnait pas, mais sans aucune panne apparente. Un peu plus tard, son communicateur sonna.
"Malcolm, avez-vous fini avec mon scanner?" Tucker semblait inquiet et légèrement de mauvaise humeur.
"Non, Commandant. Je suis toujours à l'infirmerie." Il était même plus précisément à moitié entré dans le tube central du scanner, à observer ce qu'il pensait être la source du problème. Devant lui, un détecteur semblait manquer. Et tandis qu'il s'étirait plus loin à l'intérieur de la machine, le scanner se mit brutalement en marche. Avant que Reed ne puisse réagir, le lit glissa vers l'intérieur de la chambre et la porte commença à se refermer.
"Qu'est ce que..." Il se précipita dehors à tout vitesse, sortant juste avant que la porte ne claque. La moitié des outils qu'il utilisait tomba par terre avec lui, atterrissant sur le sol dans un bruit de mauvais augure. Alors que Reed regardait fixement Phlox d'un air accusateur, la voix de Tucker résonna sur la liaison restée ouverte.
"Malcolm, dites-moi que vous n'avez pas fait tomber mon scanner!"
Reed l'ignora. "Que diable avez-vous voulu faire, Docteur ?"
Le Dénobulien semblait visiblement désolé et honteux, mais avant qu'il puisse répondre, la voix de Tucker se mit de nouveau à se faire entendre. "Que diable se passe-t-il là-bas?"
"Commandant, j'essaye de réparer le scanner, et si le Docteur Phlox arrêtait d'essayer de m'aider, et vous arrêteriez de m'interrompre, je pourrais peut-être arriver à quelque chose", répondit Reed, un peu agressif.
Tucker prit un air menaçant. "Ce scanner set précieux. Si vous..."
Reed lui coupa la parole. "Oh, pour l'amour du ciel, Commandant, si vous n'êtes pas content que j'utilise cet équipement, je vous suggère de venir à l'infirmerie et d'achever les réparations vous-même!" Sa voix était ferme au moment où il finit sa phrase, tout à fait conscient que Tucker ne viendrait pas, trop anxieux de tomber sur Piemia.
"Soyez juste prudent", bougonna Tucker avant de clore la liaison.
Phlox vit le lieutenant lui adresser de nouveau un regard furieux. Il tenta de lui sourire faiblement puis s'éclipsa, laissant Reed seul.
Le lieutenant secoua la tête, respira à fond et reprit son travail.
 
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La passerelle était en pleine activité quand Archer sortit de son bureau pour rejoindre son fauteuil de commandement. Il répondit au signe de tête de T'Pol qui quitta le siège pour revenir à sa propre station. "Au rapport."
"Nous sommes en orbite standard autour de Déall. Une flottille de petits navires est arrivée pour nous saluer et nous escorter. C'est apparemment une tradition de la planète. Aucun de ces vaisseaux n'a de capacité d'armement et tous semblent être amicaux. Le conseil planétaire est prêt à nous accueillir officiellement. J'ai demandé à l'Ambassadeur Lin'od et à sa fille de nous rejoindre."
"Et notre ami?" demanda Archer sérieusement sur un ton ironique.
"Notre... ami... se situe à la limite extrême de nos détecteurs. Je ne crois pas que quelqu'un sur la planète soit conscient de sa présence. "
"Vous avez avancé dans son identification?"
"Pas jusqu'ici, Capitaine, bien que j'aie conclu qu'il n'était probablement pas Suliban." A l'expression interrogative d'Archer, elle lui donna plus de détails. "Nous n'avons eu aucun contact avec eux depuis que Daniels nous a informés que la guerre froide temporelle était finie. Mes contacts avec des vaisseaux Vulcains ailleurs dans le quadrant indiquent que les positions connues de leurs Helix ne sont maintenant plus occupées. Toute activité Suliban est extrêmement limitée. Il est illogique de supposer, dans ces circonstances, que ce vaisseau soit Suliban."
"Ce qui ne laisse réellement qu'un seul candidat", lui fit remarquer Archer.
"En effet."
Il échangea un long regard avec son premier officier, mais avant qu'il puisse dire autre chose, la porte de l'ascenseur s'ouvrit et l'ambassadeur et sa fille entrèrent sur la passerelle. L'ambassadeur vint se placer aux côtés d'Archer, tandis que sa fille se plaça près de l'ingénieur en chef.
Mayweather et Sato échangèrent un sourire complice, tandis qu'Archer réprima son amusement et feignit de ne rien remarquer.
"Ambassadeur", commença-t-il. "Merci de nous avoir rejoint."
 
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La pièce était silencieuse, bien qu'occupée. Chacun avait un rôle et savait ce qu'il avait à faire. L'équipe de sécurité de l'Entreprise, au garde-à-vous et en tenue de cérémonie, donnait un air de cérémonie et l'assurance que rien ne tournerait mal pendant ces négociations.
Archer, lui aussi en tenue de cérémonie, était assis en tête de la table. Les délégations Déallienne et Cytunon avaient pris place de chaque côté de la table. Une légère tension était palpable, mais faible en sachant que les deux peuples étaient encore récemment en guerre et se rencontraient pour la première fois. Mais il était aussi évident que les deux parties avaient un besoin crucial de faire réussir ces pourparlers. Archer, avec son but de négocier un arrangement, en était reconnaissant. Cela rendrait son travail beaucoup plus facile.
Il sourit aux délégués. "Mesdames et Messieurs, j'ai le plaisir de vous accueillir sur l'Entreprise pour ces pourparlers qui, je le souhaite, ouvriront une nouvelle ère de paix et de coopération entre vos planètes. Nous sommes honorés d'avoir été choisis en qualité de négociateurs neutres pour vous aider dans ce processus. Je suis enchanté que vous ayez demandé notre médiation et je voudrais vous assurer de notre position désintéressée et équitable. Nous souhaitons assurer la meilleure négociation entre vous tous et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour y parvenir. Je suis impatient de travailler avec vous."
 
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Le commandant Tucker était mécontent. Il s'était finalement aventuré dans les couloirs et était parvenu sans encombre à l'infirmerie. Il n'avait par bonheur pas rencontré Piemia, mais son humeur ne s'était pas améliorée quand il avait découvert son scanner sur un des lits médicaux, que Reed avait apparemment laissé sans surveillance, et qu'il s'était rendu compte que l'arrière de l'instrument avait été ouvert et vidé. Reed choisit ce moment pour entrer.
"Regardez ce que vous avez fait!" furent les premiers mots que le commandant lui jeta à la figure. "Bon sang, Malcolm..."
Reed leva les bras devant lui. "Quel est le problème, Trip?" Il regarda fixement ce que l'ingénieur tenait entre ses mains. "Qu'avez-vous fait? J'étais en train de l'utiliser!"
"Ce que j'ai fait?" Tucker secoua le scanner. "Qu'est ce que vous voulez dire?"
"Attendez une minute, Commandant." La voix de Reed se fit plus plaintive. "Quand je suis parti d'ici, le scanner était en parfait état de marche."
"Ouais, c'est cela." Tucker tapota nerveusement sur l'arrière de l'appareil. "Qu'avez-vous enlevé?"
"Rien!"
Phlox apparut alors qu'ils se faisaient face. "Messieurs, vous semblez avoir un problème?"
Tucker lança un regard noir à Reed et attaqua de nouveau. "Demandez-le lui!" Puis il reposa violemment le scanner sur le lit avant de sortir au pas de course de la pièce.
"Oh, pour l'amour du ciel." Reed se tourna vers le docteur. "Il faut que j'aille à l'armurerie."
"Et mon scanner médical?" demanda Phlox. Mais seul le chuintement de la porte qui se refermait lui répondit.
 
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"Qu'est-ce qui se passe ici?" Reed était énervé et avait raison de l'être. Arriver au milieu d'une dispute entre les membres de son équipe n'était pas chose courante. Le fait que cela se passe juste après son altercation avec Tucker n'arrangeait vraiment pas les choses. "Puis-je vous rappeler que nous avons des représentants de deux planètes à bord qui vivent actuellement leurs premiers contacts avec la race humaine. Je suis content qu'ils n'aient pas saisi l'occasion de se joindre à moi pour visiter l'Entreprise." Son ton était acéré et plusieurs personnes rougirent. "Peut-être quelqu'un pourrait-il me dire ce qui a provoqué cette dispute?" Son regard se fixa sur l'allure malheureuse de l'Enseigne Welsh. "Enseigne?" Son ton soudainement calme et amical ne dupa personne.
"Désolé, Monsieur", marmonna le jeune homme, clairement confus. Il hésita puis, voyant que le Lieutenant Reed attendait avec impatience d'écouter son explication, il se lança. "Je travaillais dans le conduit à l'extérieur des baies cargo du pont C. J'avais pris mon déjeuner avec moi." Il rougit de nouveau. Chacun savait que le règlement interdisait de travailler pendant les pauses repas et de manger dans les couloirs. Son supérieur ne dit cependant rien, attendant qu'il ait fini. "Bref, je suis sorti du conduit et mon sandwich avait disparu."
Reed n'avait pas manqué de voir le regard désespéré que l'Enseigne avait jeté vers ses collègues en se lançant dans son explication. Il se rendit compte qu'il était entré à l'improviste au moment où Welsh accusait les autres de lui jouer un mauvais tour. Maintenant, il essayait de résoudre l'affaire sans impliquer personne d'autre que lui. Tant mieux, car Reed n'était pas du genre à encourager la délation. Et il n'allait pas commencer aujourd'hui.
"Si je comprends bien, Monsieur Welsh, vous avez perdu votre déjeuner?"
L'Enseigne sembla un peu décontenancé par la question. "Oui, Monsieur."
"Alors je vous suggère de prendre trente minutes et d'aller au mess. Et ne sautez pas vos pauses repas à l'avenir." Reed était tout à fait conscient que sa propre habitude à manquer les repas était légendaire et il vit parfaitement les sourires discrets rapidement masqués. Une fois Welsh, penaud, sorti, il se tourna vers le reste de son équipe. L'incident du vol des petits fours lors de la réception de la veille lui revint soudainement à l'esprit. "Je ne veux pas de détails, mais cela pourrait être important. Est-ce qu'il s'agissait d'une plaisanterie?"
"Non, Monsieur," firent tous ses équipiers d'une seule voix. Reed ne doutait pas de leur sincérité. Alors il se tourna vers la personne la plus proche. "Jack, je veux une liste de tout, et je dis bien tout, ce que les gens ont perdu ces deux derniers jours. Soyez discret. Donnez-moi cette liste le plus vite possible. "Ignorant les regards perplexes de son équipe, il continua. "Je veux une réunion de sécurité à sept heures demain matin, et que les chefs d'équipe préparent un bilan de situation tactique, de l'arsenal et de sécurité. Au travail."
Plusieurs heures plus tard, Reed était assis dans le mess, sirotant un thé en scrutant les tablettes de données qu'il avait demandées, les sourcils froncés. Il était rapidement parvenu à une conclusion qu'il n'aimait vraiment pas. Son visage se fit de plus en plus sombre en parcourant les données. Il était en colère contre lui-même. Finalement, nombre d'objets et d'équipement personnels avaient disparu. Au départ, personne ne s'en était aperçu, même pas lui, montrant sa négligence ou sa distraction. Ce n'est qu'en voyant la liste complète, qui comprenait des denrées alimentaires, qu'il avait compris ce que cela signifiait. Assez curieusement, cependant, c'était le déjeuner disparu de Welsh qui avait vraiment déclenché la sonnette d'alarme. Il tapa délicatement sur la tablette pour l'éteindre. Il était temps d'en parler au capitaine.
Une demi-heure plus tard, Reed flânait tranquillement dans les couloirs, s'arrêtant pour échanger des salutations polies avec les Cytunons, les Déalliens et particulièrement leurs escortes. Archer avait été incapable de cacher son irritation quand Reed avait insisté pour que leurs invités soient accompagnés à tout moment quand ils étaient à l'extérieur de leurs quartiers. Mais il s'était accroché à son idée, poussant sa démonstration jusqu'à citer un épisode où ce simple manquement avait failli abouti à un désastre. Des membres d'équipage avaient été affectés en qualité de liaisons personnelles et les Cytunons avaient été soit trop polis pour en faire la remarque, ou peut-être n'en avaient-ils simplement pas compris la raison. Jusqu'ici, ils avaient accepté leurs escortes avec grâce et bonne humeur.
Reed se concentra à nouveau sur sa traque initiale. Il n'avait pas besoin d'alerter qui que ce soit de ses soupçons. Il avait besoin d'une dernière preuve avant de pouvoir faire son rapport au capitaine et mettre en place les mesures qu'il avait mises au point. Il ne devait rien faire qui puisse alarmer leurs passagers ou perturber les pourparlers commerciaux.
Il reprit son chemin, accélérant l'allure en laissant derrière lui les couloirs les plus peuplés du vaisseau pour se diriger vers la baie cargo. En examinant les données qu'il avait demandées à ses coéquipiers, il avait réussi à établir que les larcins étaient commis autour d'une zone centrale vers laquelle il se dirigeait actuellement. C'était là qu'il pensait pouvoir trouver la solution à ce mystère. Les réactions de ses supérieurs face à ses inquiétudes le frustraient. Tucker s'en fichait presque complètement et le Capitaine Archer n'y prêtait qu'une oreille à demie attentive. Reed avait reçu l'ordre de continuer son enquête et de rapporter des preuves plus substantielles. Son entretien l'avait laissé dans l'expectative, et ce n'était pas la première fois. Ses supérieurs avaient pleine confiance en son jugement de chef de sécurité. Mais sur le plan personnel, ses déboires avec Harris et les Klingons semblaient avoir érodé le peu de confiance qu'Archer avait en lui. Pourtant, malgré cela, il n'y avait pas de meilleur endroit où il eut aimé être. Il avait dit une fois à Tucker qu'il commençait à se sentir sur l'Entreprise comme chez lui. Malgré les deux dernières années, ou peut-être à cause d'elles, ce sentiment s'était encore renforcé. Cette communauté d'équipage signifiait plus pour lui que n'importe quoi d'autre dans toute sa vie, même si, comme maintenant, certains de ses membres avaient tendance à le rendre fou. La pensée de son capitaine parfois nonchalant et de l'ingénieur en chef tempétueux et instinctif le fit sourire. Il n'avait aucun doute que lorsque Tucker se serait calmé, il se rendrait compte que Reed n'était pour rien dans l'affaire du scanner endommagé et que même si cela avait été le cas, il aurait été le premier à le lui avouer.
Reed avait depuis longtemps arrêté de s'inquiéter de la propension de Tucker à s'énerver contre lui, de même que Tucker avait depuis longtemps arrêté de se perdre en excuses. Dans les premiers temps de leur mission, ces disputes l'avaient inquiété. Il avait eu peur que ce soit de sa faute et qu'elle traduise un manque de respect. Leur dispute lorsque, la première année, le vaisseau inconnu les avait attaqués et qu'ils avaient travaillé ensemble pour installer les canons de phase avait tout changé, particulièrement quand il avait compris la capacité de Tucker à changer de décision rien qu'en se confiant dans le seul jugement de Reed.
C'est à ce moment précis que leur amitié s'était scellée, qu'il avait appris à accepter ces flambées comme faisant partie du caractère intrinsèque de Trip. Cela l'avait libéré et encouragé à y répondre, et leurs querelles étaient bientôt devenues partie intégrante de leurs mode de travail ensemble, suscitant le plus souvent de nouvelles idées et approches. L'équipage, qui comprenait ces échanges, avait également appris à les accepter.
Il sourit à cette pensée, puis la mit de côté en arrivant devant la baie cargo. Il frappa sur le bouton d'ouverture des portes, mais fronça les sourcils en s'apercevant que les lumières ne s'allumaient pas aussi vite qu'elles l'auraient dû. A l'intérieur de la salle, il se retourna pour examiner le tableau de contrôle. Un son provenant de derrière lui le fit se retourner, mais trop tard. Il n'eut le temps que de sortir un son étranglé au choc de la découverte de l'identité de l'individu, avant que le coup qu'il reçut le fasse tomber, inconscient, sur le sol.
 
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Le réveil fut pour le moins déplaisant. Tout d'abord, il dut faire un effort de concentration pour se rappeler qui il était, où il était, pourquoi il était là et ce qu'il était venu y faire. Il gémit en essayant de se relever, mais découvrit qu'il avait été solidement attaché. Se maudissant, il se rappela l'attaque et son agresseur. Il roula sur le côté jusqu'au mur, qu'il utilisa comme levier pour se rétablir en position assise. Il était toujours dans la baie cargo, mais maintenant les lumières étaient tout à fait allumées. Son regard fut attiré par la silhouette qui travaillait à une console.
"Sestine? Qu'est-ce que vous faites là?"
La femme se retourna vers lui et se leva pour venir s'accroupir à côté de lui. "Comment allez-vous?" demanda-t-elle d'un air confus et inquiet.
"Aussi bien qu'on peut l'être, sachant que j'ai reçu un coup sur la tête et que je suis attaché", répondit-il sur un ton caustique.
"Je suis vraiment désolée. Je ne me suis pas rendue compte que c'était vous avant qu'il soit trop tard. Je n'ai jamais voulu vous blesser."
"Alors pourquoi suis-je attaché?" Il estimait que sa question était plus que sensée.
"Je ne peux pas risquer que quoi que ce soit tourne mal, lieutenant", fit-elle avant de marquer une pause. Puis elle continua, baissant la voix jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un chuchotement. "Il y a un imposteur sur l'Entreprise."
Reed haussa les sourcils. "Que voulez-vous dire?" Il commençait à en avoir marre, ils avaient eu plus que leur part d'espions et d'imposteurs récemment.
"J'ai été choisi pour venir assister à ces pourparlers parce que je suis géologue et que mon domaine d'étude est le minerai en négociation sur Déall. Mais j'ai reçu un message hier m'informant que je n'étais plus invitée, qu'on n'avait plus besoin de moi. J'ai trouvé cela étrange, alors je suis venue pour découvrir ce qui n'allait pas. C'est à ce moment là que je l'ai vue."
"Qui?"
"Moi." Devant la confusion qu'affichait Reed, elle s'expliqua. "Quelqu'un qui me ressemble parfaitement. Quand je me suis rendue compte qu'elle allait monter à bord de la navette, j'ai compris que je devais y monter aussi."
"Pourquoi n'avez-vous pas informé quelqu'un de la situation?"
"J'étais certaine que personne ne me croirait sans preuve. Oh, ils auraient finalement pu se rendre compte que quelque chose s'était mal passé lorsqu'ils auraient reçu le minerai, puisque je n'aurais pas pu être présente aux négociations. Mais j'ai pensé qu'en venant sur l'Entreprise, je pourrais moi-même trouver une façon de démasquer l'imposteur."
"Alors vous avez volé des composants et de la nourriture. Qu'essayez-vous de construire?"
"Quelque chose qui prouvera ce que j'affirme, qu'elle est un imposteur."
"C'est pour cela que vous avez eu besoin du scanner de l'infirmerie."
"Exactement." Elle s'était assise à côté de Reed et pencha la tête en arrière, fermant ses yeux un instant. "Tout cela m'a épuisée. Je dois être prudente quand je sors. Elle me ressemble, mais il y a toutes ces escortes. J'ai peur de me retrouver face à elle."
"Pourquoi ne pas m'avoir laissé vous aider? Si cette personne est une menace pour la sécurité du vaisseau, alors j'aurais pu l'arrêter rapidement et Phlox aurait été capable de l'identifier par un simple scan génétique."
Elle sembla hésiter, puis secoua la tête. "Je suis désolée, mais je ne pouvais pas vous faire confiance, je n'ai pas osé. Je vous donne vraiment ma parole que je ne vous ferai aucun mal."
"On va rapidement s'apercevoir de ma disparition", lui fit-il observer.
"Je sais, mais j'aurai bientôt fini. Alors je vous libèrerai."
"D'accord", dit-il tranquillement. "Mais cela irait beaucoup plus vite si vous me laissiez vous aider."
 
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Les conversations allaient bon train dans le mess du capitaine. Les deux ambassadeurs et quelques-uns de leurs attachés étaient assis à table avec Archer et T'Pol. Les pourparlers se passaient bien, comme le montraient les attitudes détendues et l'atmosphère de camaraderie. Archer était assis à côté de Sestine, et ils échangeaient leurs points de vue sur la topographie de leurs planètes respectives. Archer parlait avec passion des Andes et se dit en lui-même qu'il y avait longtemps qu'une femme ne lui avait fait autant d'effet.
"Les Andes sont vraiment spectaculaires. Si nous en avons l'occasion, je vous montrerai quelques photos."
"J'en serai ravie. La façon dont vous les décrivez me fait penser aux Ucates de notre planète, bien que nos sommets ne restent pas enneigés toute l'année, comme ils semblent l'être sur votre monde."
Il sourit. Il était sur le point de lui répondre quand l'Ambassadeur Lin'od attira son regard. Saisissant l'occasion, Archer se leva. "Mesdames et messieurs, si vous êtes prêts, je suggère que nous prenions place pour la session finale."
 
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Reed releva la tête en attendant son ravisseur maudire sa console. "Les choses se passent mal?"
Elle soupira. "J'aurais voulu avoir déjà fini. Et regardez l'heure! Regardez l'heure. Les pourparlers doivent être presque achevés."
Reed fit une autre tentative sur son ton plus calme. "Pourquoi ne me laissez-vous pas regarder ce qui ne va pas? Après tout, c'est la technologie de la Terre."
Sestine hésita. "Vous pourriez m'aider, je suppose. Après tout, j'ai peu à perdre et je suis à court de temps." Une fois sa décision prise, elle agit rapidement. Elle l'aida à se relever, puis coupa la corde qui lui liait les pieds, mais elle lui garda les mains attachées dans le dos. "C'est là", lui dit-elle en l'emmenant jusqu'à sa console pour s'asseoir et lui indiquer le problème.
Reed regarda par-dessus son épaule et comprit immédiatement le problème. "J'ai l'impression que vous avez mal aligné deux ou trois connexions. Vous n'obtiendrez pas la puissance nécessaire tant qu'elles ne seront pas établies correctement." Les mains entravées, il lui indiqua oralement la position du souci. "Réseau trois, les lignes vertes."
"Là?" Sestine se pinça la lèvre inférieure. "Sur notre monde, les réseaux d'énergie fonctionnent différemment."
Reed se retint de froncer les sourcils, embarrassé par ce qu'il voyait sur l'écran. Puis le but des dérivations de puissance que la jeune femme voulaient mettre en place lui sauta aux yeux. En prenant garde de ne pas alerter son ravisseur, il se déplaça subrepticement jusqu'à subtiliser le couteau qu'elle avait utilisé pour lui libérer les pieds. Puis il commença à couper doucement et silencieusement les cordes qui lui liaient les poignets. "Alignez les lignes vertes sur le réseau trois avec les lignes jaunes du réseau au-dessous."
"Ici?"
Il devait la distraire et continua de parler, dirigeant son travail et s'assurant que ses yeux demeuraient concentrés sur la console. Après une minute ou deux, il estima que ses liens allaient lâcher. Enfin, et avec une certaine satisfaction, il abattit ses poings à l'arrière du cou de la jeune femme pour l'assommer d'un coup.
Il prit quelques instants pour se frotter les poignets avant de soulever la forme inconsciente sur son épaule et de se diriger vers la porte. Tout en marchant, il prit son communicateur.
 
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L'ambassadeur Cytunon en était aux remarques de conclusion quand la porte à la salle de conférences s'ouvrit brusquement, Malcolm Reed entrant en trombe, pistolet de phase au poing, en compagnie de deux commandos.
Archer bondit sur ses pieds. "Lieutenant!" Son ton avait tout d'un avertissement à l'attention de son subalterne. "J'espère que vous avez une excellente raison d'intervenir ainsi."
"Tout à fait, Monsieur." Il se tourna vers Sestine. "Si vous vouliez bien m'accompagner, Mademoiselle." Il se retourna vers son capitaine. "Je crois que l'ambassadeur et vous devriez aussi nous suivre, Capitaine."
Les deux hommes échangèrent un regard, puis l'ambassadeur obtempéra. "Il y a visiblement eu un incident. J'espère que vous nous excuserez pour l'instant, jusqu'à ce que nous puissions éclaircir cette situation."
"Nous attendrons ici." Delin était visiblement curieux, mais il était assez courtois pour ne pas demander plus d'information.
C'était un signe, pensa Archer en suivant Reed à vive allure, de la confiance et des bons rapports qui s'étaient rapidement établis entre les deux hommes. Encore un bon signe pour l'avenir. Il rattrapa son lieutenant et lui demanda des explications à voix basse "J'espère que vous savez ce que vous faites, Malcolm."
Reed lui adressa son habituel demi-sourire. "Absolument, Capitaine."
Archer inclina la tête en guise de réponse.
Flanqués des commandos et de Reed, les membres du groupe se dirigeaient rapidement vers les cellules. Tucker et T'Pol se joignirent à eux en cours de route. Ils étaient tous essoufflés, sauf T'Pol, quand ils arrivèrent à destination. Devant eux se tenait le double de Sestine.
"Qu'est-ce que c'est que ce..." s'exclama Archer. La femme emprisonnée dans la cellule bondit contre la vitre. "Cette femme est un imposteur..."
L'autre Sestine voulut se défendre. "Mais non, enfin. C'est elle, l'imposteur!"
La porte s'ouvrit une nouvelle fois et le Docteur Phlox entra, un scanner médical à la main. Le silence retomba, les deux femmes l'observaient prudemment tandis qu'il procédait à une vérification ADN.
"C'est ce que vous aviez soupçonné, Lieutenant. Aucune n'a été chirurgicalement altérée. Elles sont bien jumelles."
 
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Sur la passerelle, Sato procédait à des tests quand elle fronça légèrement les sourcils à l'affichage d'un résultat inhabituel. "Travis, regardez ces données", demanda-t-elle en les lui transférant sur sa station. "Il y a un problème, n'est-ce pas?"
Mayweather secoua la tête en regardant les données. "On dirait bien. Je n'aime pas leur allure non plus." Il appuya sur un bouton de sa console. "Passerelle au Commandant Tucker." Il attendit la réponse, mais elle ne vint pas. "Commandant T'Pol?" Il fronça les sourcils. "Hoshi, pouvez-vous me dire où ils sont?"
"Euh, oui, juste une seconde." Sato se leva et alla jusqu'à la station de T'Pol. "On dirait qu'ils sont aux cellules. C'est étrange."
Mayweather appuya sur le bouton du réseau intercom. "Mayweather aux cellules."
Il n'y eut aucune réponse.
Mayweather et Sato se regardèrent fixement, puis la linguiste retourna à sa station et vérifia les données une nouvelle fois. "Elles fluctuent. Quoi que ce soit, c'est instable. Nous devons faire quelque chose pour les corriger. "
"Nous ne pouvons pas quitter la passerelle", répondit Mayweather.
"Nous pouvons appeler nos remplaçants." Elle envoya immédiatement les appels correspondants. "Et demandez au Lieutenant Hess de nous rejoindre au téléporteur."
Pendant un instant, Travis hésita, puis il inclina la tête en guise d'accord.
 
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Dans le local des cellules, la brève trêve avait été brisée quand la jumelle libre s'était jetée sur l'ambassadeur en l'insultant. Elle avait été rapidement maîtrisée puis poussée dans la cellule adjacente à celle de sa soeur. Toutes les deux avaient maintenant le regard fixé sur leurs gardiens.
"Qu'est-ce qui se passe ici?" demanda Archer en regardant tour à tour les deux jumelles. "Qui êtes vous et pourquoi avez-vous monté un tel plan?"
"Nous vous méprisons tous", cracha l'une des deux jeunes femmes. "Vous êtes le responsable de notre livraison à l'ennemi, l'ennemi que notre frère a combattu jusqu'à la mort. Nous avons voulu vous montrer que tous ceux de notre peuple ne sont pas devenus aussi faibles. Nous voulons nous battre, pour venger ceux qui ont donné leurs vies pour nous."
L'ambassadeur soupira. "Alors vous vouliez vous venger sur moi? Quel intérêt cela servirait-il?" Elles le fixèrent des yeux, deux expressions parfaitement identiques de haine sur leurs visages. Lin'od se tourna vers Archer. "Je dois vous faire des excuses, Capitaine. Je savais que Sestine comptait un mort dans sa famille. Ses cheveux coupés le montraient. J'aurais dû faire une enquête plus poussée."
Phlox s'immisça dans la conversation. "Il y a autre chose." Il regarda son scanner, l'ai inquiet. "Elles semblent s'être implantées un petit dispositif. J'ai failli le manquer. Je crois que c'est un émetteur."
Reed s'avança. "De quoi s'agit-il?" demanda-t-il à l'intention des deux détenues. Mais son esprit se rappela la liste des composants disparus et le dispositif que son assaillant avait construit.
"Elles ont posé une bombe." Sa voix était tout ce qu'il y avait d'assurée.
 
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"Travis." La voix de Sato était très calme. "Qu'est ce que c'est?"
Ils avaient remonté le signal jusqu'à un panneau auxiliaire. Hess en retira la trappe avec une extrême précaution, puis la posa sur le côté. Tous trois regardaient désormais l'embrouillamini de câbles qui entouraient la petite fiole de liquide brillant.
"Je n'en suis pas certain", soupira-t-il. "Mais je croix qu'on peut facilement l'imaginer."
Hess scanna la fiole. Travis déglutit, il se rappelait sa dernière expérience avec une bombe et ce qui était arrivé quand il l'avait soumise à un scan. Heureusement, celle-ci semblait moins sophistiquée.
Hess fronça les sourcils. "Je ne sais pas ce qu'est cette substance, mais c'est instable et les données indiquent que cela empire de seconde en seconde."
"Donc c'est une bombe." Sato jeta un coup d'oeil à ses collègues. "Alors comment la sortons-nous de là?"
"Je ne crois pas que ce soit suffisamment stable pour être déplacé", fit Hess en se mordillant la lèvre.
"Nous pourrions la téléporter à l'extérieur du vaisseau?" suggéra Mayweather.
Hess le regarda, pensif. "C'est peut-être notre seule option. Mais si elle explose pendant la téléportation..." Sa voix s'éteignit. Ils se regardèrent à nouveau, inquiets.
"Peut-être devrions-nous aller trouver le capitaine ou le Lieutenant Reed", suggéra Mayweather.
Hoshi secoua la tête. "Nous n'avons plus le temps."
"Nous pourrions former un champ de refroidissement autour. Cela nous permettrait de lui garder sa stabilité pendant la téléportation." Hess s'y mit aussitôt . "Quoi que nous fassions, nous devons le faire vite."
 
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Aux cellules, la conversation s'échauffait.
"Je veux savoir tout de suite où vous avez déposé cette bombe!" exigea Archer.
Les deux femmes le regardèrent fixement. L'une finit par répondre. "Nous ne vous le dirons jamais. Vous aidez nos ennemis. Même si nous ne pouvons pas tuer la personne pour laquelle nous sommes venues, nous prendrons au moins la vie de certains d'entre vous." Sa voix était déformée par la haine.
"Ces gens essayent simplement de nous aider. Ils ne sont pas impliqués. Je vous demande de..."
D'un même geste, les deux femmes lui tournèrent le dos. Il regarda Archer d'un air désolé et triste.
T'Pol s'approcha de l'intercom. "Enseigne Mayweather, veuillez répondre." Elle n'obtint aucune réponse. Après deux nouvelles tentatives, elle se tourna vers Archer. "La passerelle ne répond pas, Capitaine."
"Nous avons besoin des détecteurs de la passerelle pour savoir où cette chose est cachée", grommela Tucker d'un air frustré.
"Je détecte un champ EM répulsif autour des cellules, nous ne pourrons contacter personne d'ici", fit remarquer Reed en jetant un coup d'oeil à son scanner. "Je suppose qu'il émane de nos invitées."
"T'Pol, trouvez un point de communications qui fonctionne", ordonna Archer. "Trip, Malcolm, voyez ce que vous pouvez faire contre ce champ. Docteur, je vous les laisse", fit-il en montrant les deux prisonnières. Il n'eut pas besoin d'en dire plus pour que Phlox comprenne ses ordres et incline la tête. Il retira une seringue hypodermique de sa trousse médicale.
Il ouvrit la porte d'une des cellules. Les femmes se regardèrent alors et, simultanément, appuyèrent à un même endroit sur leur bras.
"Vous arrivez trop tard", dit la Sestine dont Phlox s'approchait, alors que le vaisseau trembla sous le coup de ce qui était sans aucun doute une explosion.
 
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Sato, Mayweather et Hess se tenaient devant les commandes du téléporteur, le souffle court et couverts de sueur comme s'ils avaient couru un cent mètres.
T'Pol entra dans la pièce et les regarda, un sourcil levé. "Vous avez détecté la bombe", constata-t-elle.
Sato hocha la tête. "Je l'ai découverte par hasard il y a quelques minutes", répondit-elle.
Mayweather et Hess échangèrent un sourire avant que l'ingénieur n'explique la situation à T'Pol. "Le composé utilisé pour l'explosif était instable. Nous avons juste eu le temps de le refroidir et de le téléporter hors du vaisseau avant qu'il ne se déstabilise complètement et qu'il explose. Je ne pensais pas qu'il était aussi instable, pourtant", dit-elle. "Quelqu'un l'a-t-il fait exploser?"
C'est à cet instant que le reste des officiers, accompagné des deux ambassadeurs, se précipita dans la pièce. Après quelques secondes de flottement pendant lesquelles les questions et les explications fusèrent de tous bords, Archer demanda le silence et prit la parole. "Messieurs les ambassadeurs, il semble que mes officiers aient su nous sortir d'une catastrophe et ont la situation bien en main." Il adressa un sourire discret au trois jeunes officiers présents. "Je vous propose de retourner à la salle de conférences afin d'achever ces négociations." L'ambassadeur Delin hocha la tête. "C'est la seule réponse à faire à de tels actes de vengeance et de haine. Cela ne peut que renforcer notre souhait de coexistence paisible, c'est la seule voie possible qui puisse assurer la survie de nos deux peuples."
 
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Journal de bord du Capitaine
L'accord commercial a été signé et scellé et devrait entrer en vigueur immédiatement. Les deux gouvernements planétaires ont aussi exprimé leur empressement de faire partie de l'alliance que la Terre a créée avec nos autres amis. L'ambassadeur Lin'od nous a quittés, bien que sa fille ait semblé très triste de devoir s'en aller si tôt, allant même jusqu'à demander si elle aurait pu avoir la possibilité de se joindre à nous dans notre voyage.
Archer fit une pause et sourit au souvenir de la tête de Tucker quand il lui avait parlé de cette demande.
"Les jumelles ont été incarcérées sur Cytuno en attente de leur procès. Je suis désolé de la mort de leur frère, mais je ne peux pas pardonner leurs tentatives de continuer une guerre par simple vengeance pour sa mémoire.
Quant au mystérieux vaisseau, il continue à nous suivre, mais n'a encore fait aucun mouvement hostile. J'espère que c'est là juste un signe de curiosité et non une intention de nous faire du tort.
 
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L'Entreprise avait quitté l'orbite de la planète et avait repris sa course interstellaire.
Tucker rejoignit Reed dans l'ascenseur. Ils se dirigeaient tous deux vers la passerelle pour prendre leur quart. Le commandant jeta au Lieutenant un coup d'oeil amical en entrant, sachant qu'il lui devait des excuses pour l'avoir envoyé baladé plus tôt. Finalement, c'est Reed qui attaqua le sujet le premier. Il poussa son supérieur du coude et lui tendit un objet.
Tucker accepta ce qui lui était remis. Son visage se fendit d'un large sourire en découvrant son précieux scanner, réparé et entièrement fonctionnel. Il releva la tête vers Reed et lui sourit. "Désolé d'avoir mis votre parole en doute", fit-il tranquillement.
"Ne vous inquiétez pas, Trip, c'est déjà oublé." Reed lui rendit son sourire. La porte s'ouvrit et ils rejoignirent leurs consoles. Reed passa instinctivement en revue les données de sa station, et s'arrêta, inquiet, sur un point précis. "Monsieur" appela-t-il. Archer leva les yeux. Reed appuya sans attendre sur un bouton et la vue sur l'écran changea. La réaction du capitaine fut immédiate.
"Travis, arrêt complet."
Devant eux, silencieux et menaçant, se tenait leur ennemi.
"Les Romuliens", souffla Archer.
Avant qu'il ne puisse en dire plus, une voix résonna sur la passerelle.
"Ecoutez-nous, Humains. L'Empire stellaire Romulien a observé vos activités expansionnistes. Soyez avertis. Nous ne tolérerons pas d'actions qui menacent notre territoire. Nous exigeons que vous vous retiriez. Cessez vos recherches constantes de nouveaux alliés dans le but de créer un empire concurrent au nôtre. Si vous n'obéissez pas, nous considèrerons cela comme un acte de guerre envers nous et nous serons forcés d'agir."
Le vaisseau miroita et disparut.
A bord de l'Entreprise régnait le plus lourd des silences depuis longtemps.
Fin.
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