Retour saison 6
 
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Recomposition 1
 
Ecrit par : Kathy Rose
Traduit par : Laurent
V.O. publiée le 06 octobre 2006
V.F. publiée le 21 septembre 2007
 
            Recomposition 1
 
Les coups légers à la porte réveillèrent immédiatement Malcolm Reed. Il se redressa sur la couchette où il s'était effondré et endormi tout habillé. Il avait juste eu l'intention de fermer les yeux quelques secondes, mais se démener à travers le cargo avait été plus laborieux qu'il ne l'avait prévu et il s'était laissé aller à dormir sans s'en rendre compte.
Tout en se frottant le visage d'une main, il répondit. "Entrez."
La porte s'ouvrit et la silhouette du Premier officier du navire Sanctuary se découpa à travers l'encadrement. Reed tendit la main et pressa la commande de la lumière afin de voir le visage de son visiteur. "Oui?" demanda-t-il, plissant les yeux sous la lumière vive.
"Je ne voulais pas vous déranger", fit l'homme qui détaillait l'allure de Reed. "Mais nous venons juste de recevoir un téléchargement de données d'un autre vaisseau Boomer. J'ai pensé que vous voudriez voir un des rapports reçus, car il s'agit de votre ancien navire."
Le coeur de Reed accéléra. Il ne pouvait s'agir que de l'Enterprise. Le Premier officier lui tendait un disque de données. Reed, parfaitement réveillé maintenant, se leva d'un coup et saisit le disque.
"Merci, Monsieur Smyser. J'apprécie." Reed tritura impatiemment l'objet dans sa main.
"Aucun problème", répondit Smyser. "Et appelez-moi Fred. Nous ne nous soucions pas beaucoup du protocole par ici."
"Merci, Fred", répéta Reed. Il était curieux de découvrir le contenu du disque. Il y avait plus de trois semaines qu'il avait démissionné et quitté l'Enterprise afin d'accomplir sa propre mission. Durant son séjour sur le Sanctuary, il n'avait reçu aucune nouvelle concernant ses anciens camarades. Il savait que c'était de bon augure, mais il ne pouvait pas nier qu'ils lui manquaient, en particulier Tucker qui aurait bien trouvé quelques taquineries bien choisies pour conseiller Reed sur ses pérégrinations dans les soutes de ce navire.
"Au fait", précisa Smyser, "nous aurions bien besoin de votre aide encore demain. Les valves de fermeture de l'alimentation en plasma se sont encore déclenchées."
"Je serai heureux de vous aider", dit Reed. "Mais avant, si vous le permettez..." ajouta-t-il en montrant le disque.
"Naturellement", répondit Smyser tout en se retournant vers la sortie. Il hésita, la main sur le montant de porte. "Si vous changez d'avis, nous serions heureux d'avoir quelqu'un avec vos qualifications à temps plein à bord du Sanctuary."
Reed afficha ce qu'il espérait être un sourire sincère. "J'aimerais pouvoir vous répondre oui, mais j'ai des affaires à régler quand nous aurons atteint la Terre."
"On ne pourra pas dire que je n'ai pas essayé", fit Smyser avec un franc sourire détendu, avant de franchir la porte vers le couloir, laissant la porte se refermer.
Reed inséra le disque dans le lecteur du bureau. Il avait eu de la chance d'obtenir une cabine personnelle et d'avoir ainsi un minimum d'intimité. Quand il avait quitté l'Enterprise, il avait acheté un billet passager sur ce vaisseau Boomer pour rentrer sur Terre. Dès que le capitaine du navire avait réalisé qu'il avait un ancien officier de Starfleet à bord, Reed s'était retrouvé à aider occasionnellement à l'entretien et aux réparations. Il avait obtenu une cabine en échange, ne payant plus que les frais de bord et d'air. Il n'était pas contre le fait de travailler, ça passait le temps et l'empêchait de ressasser ce qu'il aurait à faire quand il aurait atteint sa destination.
Malheureusement, le long voyage prenait encore plus de temps que Reed l'avait prévu. L'itinéraire du Sanctuary jusqu'à la Terre faisait de nombreux détours, avec des arrêts aux avant-postes et aux colonies éloignées pour décharger et charger des cargaisons. Le seul avantage dans ce long voyage, c'était qu'il lui donnait l'occasion d'accéder directement au réseau d'information souterrain des Boomers. Pour obtenir la permission d'accéder aux données, il avait dû dire au Premier officier et au Capitaine du Sanctuary qu'il étudiait les précédentes utilisations non autorisées du réseau par des parties inconnues, mais il avait confiance en les deux hommes. Ce qu'il pouvait y gagner valait largement le risque de leur donner quelques légers soupçons sur les raisons réelles de sa démission.
Reed s'assit au bureau et commença à faire défiler les données du disque. Une vue large des chantiers spatiaux de Starfleet emplit l'écran. L'Enterprise, oiseau blessé, utilisait ses tuyères d'appoint pour se placer dans son berceau. Reed voyait que c'était tout ce que le vaisseau était capable de fournir. Il pouvait à peine s'extirper de l'influence du vaisseau Vulcain qui l'avait remorqué jusque sur Terre. Le texte qui clignotait dans le coin inférieur de l'écran indiquait que le rapport avait été enregistré deux semaines auparavant.
"A peine revenu de sa funeste visite sur Proxima du Centaure, la fierté de Starfleet vient de pénétrer difficilement dans les docks spatiaux sans fanfare", indiquait solennellement la voix d'un annonceur.
Reed grimaça par compassion envers ses anciens camarades tandis que la scène changeait pour une série d'images de la coque ravagée, notamment celle d'un trou béant ouvert sur le vide de l'espace. Les dommages de l'attaque surprise Romulienne pendant les pourparlers commerciaux sur Proxima du Centaure avaient été trop graves pour être réparés sans retour sur Terre. Reed se dit que si l'Enterprise était dans son dock spatial depuis deux semaines, une grande partie des réparations devait désormais être terminée.
"Près d'un quart de l'équipage a été tué dans l'attaque", continuait doucement la voix féminine. "Des dirigeants de Starfleet doivent encore annoncer quand l'Enterprise sera prêt à retourner dans l'espace, et si le Capitaine Jonathan Archer restera aux commandes."
L'annonceur entama alors le résumé des événements, l'attaque par un vaisseau Romulien qui avait tué plusieurs des délégués aux entretiens commerciaux, l'arrêt immédiat des entretiens et la rupture complète des relations entre la Terre et les Centauris, entraînant la cession des relations avec d'autres de ses alliés.
Alors qu'une nouvelle scène montrait Archer devant une horde de journalistes, Reed ressentit une vague de remords. Il avait passé beaucoup de son temps libre sur le Sanctuary à peser le pour et le contre de sa décision face à Starfleet, et ce qu'il voyait ici lui donnait la mauvaise impression qu'il était parti quand on aurait eu besoin de lui. Balayant ses regrets en secouant la tête, il se concentra à nouveau sur l'écran, observant Archer qui répondait aux questions.
Une fois de retour sur Terre, Reed pourrait découvrir si l'Amiral Boone était bien un traître et à quel point la corruption s'était immiscée au sein de Starfleet. Il n'aurait alors plus aucun doute sur ce qu'il devrait faire. Mais avant cela, il avait besoin d'informations. Maintenant qu'il était un agent libre, limité par aucun règlement, il pouvait agir. Et une fois ces informations obtenues, il passerait à l'action.
Il n'avait aucune intention de devenir un assassin, mais si un tel acte devait être commis pour le bien de Starfleet, alors il le ferait.
 
***
 
Le Capitaine Jonathan Archer circulait entre les membres d'équipage affairés aux réparations, se penchant pour éviter les gerbes d'étincelles qui jaillissaient en l'air. Il se trouvait dans le couloir qui menait à l'ingénierie, mais c'était pareil partout dans le vaisseau. Bien qu'il ait demandé des renforts supplémentaires en personnel, il restait beaucoup à faire avant que l'Enterprise puisse être à nouveau opérationnel à cent pour cent.
Cent pour cent à plus d'un titre, rectifia silencieusement Archer d'un air menaçant qui suffit à écarter de son chemin un jeune membre d'équipage fraîchement embarqué. Non seulement le vaisseau avait été très endommagé, mais il avait perdu une bonne partie de ses fidèles équipiers, des gens qui auraient mérité mieux que d'être tués dans un attentat éclair. Cette pensée continuait immanquablement de lui retourner l'estomac.
Il travaillait à trouver les remplaçants de son équipage décimé, mais un point l'ennuyait plus encore. Son équipe de commandement s'était sévèrement réduite, non par décès, mais par des départs plus ou moins voulus. A titre d'exemple, il ne savait toujours pas par qui remplacer T'Pol en qualité d'officier scientifique, maintenant qu'elle avait succédé à Soval en tant qu'ambassadrice de Vulcain sur Terre. La démission de son officier de la sécurité Reed avait également laissé un vide qu'il aurait du mal à combler.
Par contre, il connaissait la personne parfaite pour le poste de Premier officier, charge laissé vacante par le départ de T'Pol. Malheureusement, cette personne semblait avoir beaucoup de mal à se faire à l'idée de laisser à quelqu'un d'autre ses anciennes fonctions.
L'écoutille de l'ingénierie était ouverte et Archer la franchit d'un pas. Il fut accueilli par le même chaos que celui qui régnait dans le couloir. Si c'était possible, l'atmosphère semblait encore plus bruyante ici qu'ailleurs. Deux fois plus de personnes qu'à l'habitude travaillaient aux réparations. Le personnel des docks spatiaux avait été prêt à entrer en action dès que l'Enterprise était arrivé deux semaines auparavant, et beaucoup de travail avait été accompli depuis. Mais en dépit de l'avancement, il semblait ne pas y avoir de fin aux innombrables réparations nécessaires.
Archer laissa les bruits de ce cafarnaum passer à travers lui tout en balayant le secteur du regard. Il ne chercherait pas à mettre de l'ordre dans ce brouhaha, il avait ses propres problèmes à résoudre. Et jusqu'à ce qu'un nouvel ingénieur en chef soit nommé, tout cela était de la responsabilité de Tucker. En parlant de Tucker, il n'était nulle part en vue. Il chercha un peu puis finit par entendre la voix familière de son ami du côté du réacteur de distorsion.
Réprimant un soupir, il se dirigea dans cette direction, évitant un autre petit groupe de personnes au travail sur les relais de puissance. Il trouva Tucker, cheveux ébouriffés et manches relevées, occupé à discuter technologie avec un technicien à l'allure fatiguée devant l'une des stations de surveillance derrière le moteur.
"Commandant Tucker", cria Archer un ton au-dessus des instructions que débitait l'ingénieur. Il n'était pas certain que Tucker l'ait vu ou non, ou même s'il l'avait simplement entendu. Il continua d'une voix encore plus forte. "Je dois vous parler."
Tucker, penché sur son écran, ne le regarda pas et se contenta d'allonger une main dans sa direction. "Juste une seconde, Capitaine".
Gêné par cette réponse nonchalante de Tucker, Archer s'adressa à lui sur le ton du commandement. "Immédiatement, Commandant."
L'effet fut immédiat. Tucker s'arrêta, la main suspendue au-dessus de la console. "A vos ordres, Capitaine." Il s'adressa au technicien. "Continuez, mais soyez plus attentif à partir de maintenant."
Archer fit signe à Tucker de le suivre et l'emmena jusqu'à un coin relativement tranquille de la salle. "Y a-t-il un problème?" demanda-t-il, son regard se portant sur le technicien qui travaillait maintenant docilement sur sa console.
"Non, pas vraiment", répondit Tucker. "Juste quelques soucis avec certaines des pièces que nous essayons de remplacer."
Archer reporta son regard, sévère, sur Tucker. "Vous étiez censé être à la réunion à treize heures", fit-il sèchement. "C'était il y a plus de deux heures."
"Désolé." Tucker semblait gêné, intimidé. "Je crois que je me suis laissé dépasser par les besoins de travail sur les moteurs."
"Trip!" cria Archer, avant de se taire, histoire de se calmer avant de continuer. Il savait que Tucker avait tendance à perdre la notion du temps quand il s'attaquait à un problème. Mais l'homme devait apprendre à déléguer. "Je sais qu'il y a beaucoup de travail à faire, mais j'ai besoin de vous à ces réunions."
"Mais il y a sûrement..."
"Pas de 'mais', Trip", le coupa Archer. "C'est la troisième fois que vous manquez une réunion. J'ai besoin de vous pour tenir un rôle actif en tant que Premier officier. J'ai besoin de quelqu'un en qui je puisse compter à ce poste, qui pourra me soutenir quand je prendrai des décisions."
Tucker baissa la tête. "Je suis désolé", dit-il. "C'est juste que ce navire est dans un tel état que cela me déchire. Je ne peux pas supporter de le voir comme ça." Il posa une main presque affectueuse contre la cloison étanche. "Et tant que je me tiens occupé, je ne me torture pas l'esprit avec ça." Il tourna la tête, mais pas assez rapidement pour qu'Archer ne voie pas la mélancolie qu'il affichait.
Archer sentit son irritation fondre. Tucker avait raison. Il était dur de voir le vaisseau dans son état actuel. Il était encore plus dur de savoir que près de vingt cinq personnes, qui avaient travaillé et vécu en communauté dans cet univers confiné, étaient mortes. Quand ils étaient dans l'Etendue Delphique, ils savaient qu'ils pouvaient se faire tuer à tout moment, et ils y étaient préparés mentalement. Mais les pertes qu'ils avaient essuyées là-bas étaient finalement moins lourdes que lors de l'attaque récente. Pire, les pertes sur Proxima s'étaient produites d'une façon si inattendue! Archer grinça des dents, conscient du fait qu'il n'avait aucun contrôle sur cette colère et que cela n'aidait en rien. Il devait se concentrer sur ce qu'il pouvait contrôler et commander.
Sa colère envolée, il ne lui resta plus que des regrets. Toutes les pertes n'étaient pas dues à des morts. Un certain nombre de membres de son équipage avait demandé à être transféré. Après ce qu'ils avaient traversé, il ne pouvait pas les en blâmer. Mais cela rendait les remplacements encore plus difficiles à trouver.
Et il y avait aussi ceux qui étaient partis pour d'autres raisons. Il les considérait comme ses amis, ou du moins comme ce qu'un capitaine pouvait se permettre de considérer le plus comme des amis. Le comportement impassible, la tranquillité et la compétence de T'Pol lui manquaient. La présence régulière et confiante au poste tactique de Reed lui manquait. Même la personnalité effervescente exaspérante de Phlox lui manquait. Le médecin Dénobulien avait été rapatrié sur sa planète dans un état catatonique après la mort d'une de ses épouses et de l'un de ses autres maris dans l'attaque sur Proxima.
"Je comprends, Trip", fit Archer, non sans une trace de sympathie compréhensible. "Mais j'ai besoin que vous teniez d'abord le poste de Premier Officier." Il marqua une pause devant l'expression de chien battu sur le visage de Tucker. "Vous avez sélectionné un nouveau chef ingénieur?"
"Pas encore", répondit Tucker. "Je préfèrerais éviter la situation qui s'est produite quand Kelby a pris le poste. Vous savez, l'impression qu'il avait que j'étais toujours sur son dos.
Archer comprenait la prudence de son ingénieur nouvellement promu.
"J'ai besoin de votre liste de recommandations pour le poste d'ingénieur en chef le plus vite possible", exigea quand même Archer.
"Je sais. J'ai certains noms en tête", répondit Tucker. "Et de votre côté? Vous avez trouvé un nouvel officier scientifique?"
Archer fronça les sourcils. Il ne restait pas une seule personne à bord de qualifié, il était donc allé consulter les listes des officiers disponibles de Starfleet. Il n'avait pas été impressionné. "Pas encore", admit-il à contrecoeur. "Je cherche toujours."
Tucker donna l'impression de se retenir de sourire. "Et pour le poste de Malcolm?"
"Je cherche aussi", répondit sèchement Archer.
Cette réponse mettait en garde Tucker contre tout commentaire, bien que pendant un instant Archer crut que son jeune officier allait lui donner une claque compatissante sur l'épaule. Mais Tucker hésita, la main suspendue en l'air, et opta rapidement pour un geste d'invitation à la 'après vous'.
"Allons donc voir dans votre bureau la liste des candidats possibles", fit-il.
Archer répondit d'un sourire sardonique et le précéda hors de l'ingénierie.
 
***
 
L'Enseigne Hoshi Sato se tenait devant la console de navigation, essayant de rester à l'écart de l'équipe de réparation en train de travailler à côté d'elle à la station des communications. Elle aurait voulu les aider, mais les techniciens lui avaient clairement fait comprendre qu'ils travailleraient plus rapidement sans elle. Pourtant, c'était sa station, et elle était décidée à garder un oeil sur eux.
"Je serai content quand ils seront sortis d'ici", indiqua l'Enseigne Travis Mayweather depuis son siège à la barre.
La station de Mayweather n'était pas pour le moment au programme des réparations, et Sato ne savait même pas pourquoi le pilote se trouvait sur la passerelle. Après tout, ils étaient en cale sèche. Peut-être la même envie qu'elle de rester maître de son petit bout de passerelle.
"Ils ne sont pourtant pas prêts d'avoir fini", fit-elle à haute voix, sans s'inquiéter de savoir si les techniciens l'entendaient.
Mayweather tourna son siège pour essayer de mieux voir ce qu'ils faisaient sur la console de communications. "Vous devez quand même admettre qu'ils ont l'air de savoir ce qu'ils font."
Sato soupira. Ils savaient peut-être ce qu'ils faisaient, mais ils ne le faisaient pas assez vite pour elle. Dès qu'ils auraient fini, elle avait l'intention de démonter pièce par pièce la console et de la remonter personnellement. C'était la meilleure manière qu'elle avait trouvée pour comprendre comment tous les éléments fonctionnaient ensemble.
Mayweather lui fit signe de venir le rejoindre. "Comment se fait-il que vous soyez restée à bord? Vous n'avez pas envie d'aller voir votre famille?"
Sato croisa les bras devant elle et se pencha vers Mayweather. "J'ai déjà fait le voyage pour aller les voir. Je n'ai tenu que deux jours sur place." Elle secoua la tête. "Je ne pouvais pas me retenir de revenir à bord. C'est juste que... Je ne sais pas... J'ai l'impression qu'il faut que je reste ici."
Mayweather hocha la tête, l'air compréhensif. "Je vois ce que vous voulez dire. Pour moi c'est pareil, j'ai l'impression que quelque chose va se produire, et je ne veux pas le manquer."
Sato sourit. "Il y a de ça. Et j'ai l'impression que le Capitaine Archer a besoin de moi ici. Avec tous les autres qui sont partis..." Son sourire s'effaça alors qu'elle jetait un coup d'oeil autour d'elle sur la passerelle.
Mayweather suivit son regard. "Ouais. Cela fait bizarre de regarder la station scientifique et de ne pas y voir T'Pol, ou de se retourner sans voir Malcolm assis là."
"Je pense que celui qui me manque le plus est Phlox." Sato soupira. Le médecin exubérant et elle avaient souvent pris le petit-déjeuner ensemble, et sa présence laissait un vide autour d'elle. "On pouvait compter sur lui pour nous remonter le moral." Elle soupira à nouveau. "Il n'y a plus de joie ici depuis l'attentat."
Les deux officiers interrompirent leur conversation quand la porte de l'ascenseur s'ouvrit pour laisser entrer Archer et Tucker. Ils suivirent du regard les deux hommes, eux aussi en pleine conversation, traverser la passerelle en direction du bureau.
"On dirait que le capitaine va encore devoir recadrer son nouveau Premier officier", fit Mayweather avec un sourire.
"Au moins il a un Premier officier", rétorqua Sato. "Je ne crois pas qu'il arrive jamais à trouver un nouvel officier scientifique. J'étais avec lui quand il a passé en revue les profits des candidats potentiels. Ils semblaient très bons, mais il continue à les comparer à T'Pol."
 
***
 
Archer était assis derrière son bureau et Tucker vautré sur le fauteuil du fonds. Des tablettes de données contenant les profils des candidats s'empilaient devant eux sur les plans de travail. A chaque fois que Tucker suggérait un nom, Archer l'écartait.
"En voici un bon", fit Tucker avec espoir, une tablette à la main. "Diplômé avec les honneurs en chimie. A fait deux thèses, et a refusé une offre d'emploi dans l'industrie privée en faveur d'une formation à Starfleet."
Archer secoua la tête. "J'ai déjà regardé celui-là. Non seulement il est un peu trop jeune, mais il est trop solitaire. Nous avons besoin d'une personne à l'esprit d'équipe." Il reporta son attention à la tablette qu'il tenait lui-même.
Tucker baissa la tête dans un mélange de confusion et d'exaspération. "Si vous avez déjà regardé et rejeté tous les candidats, alors pourquoi suis-je ici à les regarder?"
"J'ai pensé que vous pourriez peut-être voir quelque chose chez l'un d'entre eux que j'aurais manqué", admit Archer. Il posa sa tablette de côté et se pinça le haut du nez.
"Alors pourquoi ne pas se contenter de fonctionner avec une équipe scientifique au complet et les faire se relayer sur la passerelle? Peut-être trouverez-vous quelqu'un d'assez compétent pour prendre le poste à plein temps."
Archer réfléchit à cette idée, le regard dans le vague. "Vous avez peut-être raison, cela pourrait fonctionner", fit-il enfin. "Je pourrais les évaluer et prendre une décision plus tard." Il inclina la tête avec approbation vers Tucker. "Vous voyez? Je savais bien qu'il y avait une bonne raison pour que je vous choisisse comme Premier officier."
Un sourire illumina le visage de l'ingénieur alors qu'il faisait mine de se lever. "Heureux d'avoir pu vous aider."
"Attendez une minute!" l'arrêta Archer en lui tendant une autre tablette. "Nous n'avons pas encore fini. Je voudrais que vous examiniez ce candidat pour le poste de Malcolm."
Tucker se rassit dans le fauteuil et saisit la tablette. Quand il eut fini de lire les informations sur l'écran, il adressa un regard plein de doutes à Archer. "Le Lieutenant Victoria Collins? Ce n'était pas elle qui était responsable des recherches pour Starfleet quand Phlox a été enlevé par les Klingons il y a un peu plus d'un an? Elle est encore pire que Malcolm!"
"Je ne dirais pas cela d'elle. Elle a indéniablement d'excellentes qualité, et... j'ai confiance en ce qu'elle pourrait faire sur le navire", répondit Archer, le regard droit.
Les deux hommes se fixèrent du regard pendant un moment avant d'éclater tous les deux de rire.
Tucker secoua la tête. "Vous essayez de trouver quelqu'un 'plus Malcolm que Malcolm'?"
"J'ai appris qu'il était bon d'avoir quelqu'un avec une nature soupçonneuse comme officier tactique", reprit Archer, très sérieux. Montrant d'un geste de la main toutes les tablettes étalées sur son bureau, il ajouta. "Tout ceci reste hypothétique, vous savez."
Tucker fronça les sourcils. "L'amiral n'a pas encore donné sa décision?"
Archer secoua la tête. C'était une situation frustrante. Il devait faire l'hypothèse que l'Enterprise repartirait dans l'espace dès que possible avec lui comme capitaine. Mais les pontes de Starfleet ne lui avaient rien dévoilé quant à sa prochaine affectation, et il n'était pas certain qu'ils ne l'affectent pas à quelque chose de complètement différent.
Maintenant qu'ils avaient enfin en main le système embarqué d'informations secrètes des Boomers, Archer avait besoin d'être sur l'Enterprise pour en collecter les données. Il était trop risqué pour les Boomers de les envoyer sur Terre où elles pourraient être interceptées par les mauvaises personnes. Personne d'autre dans Starfleet en dehors de ses officiers n'avait connaissance de ce réseau, et Archer était déterminé à ce que cet état de fait change. Les difficultés et les implications qu'ils avaient rencontrées pour obtenir ce réseau était trop complexes pour risquer qu'il finisse entre de mauvaises mains. Après tout, si Malcolm et son contact Harris avaient raison, au moins un amiral de Starfleet, Boone, était à la solde des Romuliens. Et Reed était parti avec l'intention de mettre le traître hors d'état de nuire.
Archer et Tucker savaient ce qui était en jeu. Si Archer restait en mission pour Starfleet sur l'Enterprise et pas sur Terre, les suspicions de l'Amiral Boone pourraient êtres suffisamment apaisées pour le laisser faire une erreur. Ce serait alors à Reed de le démasquer.
"Nous avons réunion à dix heures demain matin avec l'Amiral Williams", signifia Archer à Tucker en revenant à leur première préoccupation. "Je ne veux pas que vous soyez en retard, et encore moins absent."
Archer croyait que l'amiral profiterait de la réunion pour lui dire s'il était toujours aux commandes de l'Enterprise ou non. Loin d'être un caprice, il voulait garder son poste. Il avait absolument besoin de l'autonomie que le vaisseau lui assurait afin de pouvoir entrer en contact avec les Boomers. Si l'amiral essayait de l'affecter à n'importe quelle autre poste, il devrait le faire revenir sur sa décision. Et il avait définitivement besoin de Tucker pour le soutenir.
Cette fois, quand Tucker se leva, Archer n'essaya pas de l'arrêter. Le Premier officier réticent sortit du bureau, la porte se refermant derrière lui, avant qu'Archer ne réalise que Tucker ne lui avait pas dit qui il recommandait comme ingénieur en chef.
Sur la passerelle, Mayweather interpella Tucker par son nom alors qu'il progressait vers l'ascenseur.
Tucker s'arrêta et se retourna pour regarder l'homme de barre. "Oui, Travis? Qu'est-ce-qu'il y a?"
"Je me demandais juste", dit Mayweather. "Est-ce que le capitaine Archer a nommé un nouvel officier scientifique?"
Tucker secoua la tête. "Non. Pourquoi voulez-vous le savoir?"
"Rien de particulier, je suis juste curieux."
Tucker accepta cette explication et entra dans l'ascenseur. Une fois la porte refermée, Sato, désormais occupée à bricoler sa nouvelle console améliorée de communications, fit une pause et regarda Mayweather. "Je vous l'avais dit."
 
***
 
Archer et Tucker arrivèrent devant la porte du bureau de l'Amiral Williams. Tucker avait étonné le Capitaine par sa ponctualité, et il espérait que c'était un signe que Tucker commençait finalement à prendre ses nouvelles fonctions de Premier officier avec sérieux.
La main sur la commande d'ouverture de la porte du bureau de l'Amiral, Archer prévint Tucker. "Rappelez-vous, j'ai besoin de vous pour me soutenir. Aucune remarque insolente ou mal placée."
"Et ça compte aussi pour vous-même?" demanda Tucker avec sérieux.
Archer plissa des yeux au dernier avertissement de son incorrigible officier, puis il ouvrit la porte. Il avait pleinement conscience qu'il n'avait pas établi à ce jour les mêmes relations amicales que celles qu'il avait eues avec l'ancien locataire des lieux, l'Amiral Forrest, mort deux ans auparavant dans l'attentat de l'ambassade Vulcaine sur Terre.
"John! Entrez!" fit Williams cordialement depuis son siège derrière le bureau. Il montra deux chaises pour les inviter à s'asseoir.
L'utilisation de son prénom inquiéta Archer. Ce symbole d'affection, prérogative des Amiraux, était déplacé vu les relations qu'il avait avec Williams. De plus, ce dernier était connu pour camper sur les décisions qu'il prenait, sans prendre le temps, comme son prédécesseur le faisait, d'écouter les arguments raisonnés des intéressés.
Une fois Archer et Tucker assis devant le bureau, Williams commença. "Nous avons pris la mesure de ce qui s'est produit sur Proxima du Centaure, et nous nous sommes occupés des réparations pour que l'Enterprise soit à nouveau complètement opérationnel, mais nous n'avons pas parlé de ce qui se produira après. Je sais que vous vous organisez pour recomposer un équipage pour l'Enterprise." Il leva la main, stoppant Archer qui avait déjà ouvert la bouche pour répondre. "Rétablir un équipage est louable, mais un peu prématuré de votre part."
L'Amiral se leva et se retourna pour faire face à la fenêtre derrière son bureau, embrassant la vue des quartiers généraux de Starfleet.
Tucker jeta un regard à Archer et leva les sourcils, interrogatif. Archer haussa les épaules en retour et attendit la suite. L'amiral allait donc finalement lui dire en quoi consisterait sa prochaine affectation, mais il avait bien l'impression que ce ne serait pas ce qu'il voulait entendre.
Sans tourner autour du pot, Williams livra sa décision. "Le Commandement de Starfleet pense que vous devriez tous les deux rester définitivement sur Terre."
Du coin de l'oeil, Archer vit Tucker serrer les poings. Lui-même serrait les accoudoirs de son fauteuil pour s'empêcher de bondir sur ses pieds. "Et pourquoi cela, Monsieur?" parvint-il à dire d'un ton trompeusement calme.
"Il y a un certain nombre de raisons à cela", répondit Williams tout en continuant de regarder dehors par la fenêtre. "Certaines personnes du Commandement pensent que vous seriez tous deux de meilleur utilité ici, notamment pour la construction des nouveaux vaisseaux, dont deux seront lancés avant la fin de l'année."
Williams se retourna finalement et regarda Archer. "La construction serait principalement de la responsabilité du Commandant Tucker. Quant à vous, vous seriez un conseiller inestimable pour les autres capitaines et équipages. Vous pourriez leur dire à quoi s'attendre, ce que vous avez appris à faire et ce qu'il ne devront pas faire... Ce genre de choses. Vous auriez par la suite la direction des relations entre le commandement de Starfleet et les vaisseaux actifs. "Devant l'expression fermée d'Archer, il ajouta, "avec une promotion appropriée, naturellement."
Williams détourna le regard. Archer sentait qu'il ne voulait pas faire face à Archer. "Et il y a aussi la question de la réputation de Starfleet. Une partie de la population pense que Starfleet en général, et vous en particulier, ont fait assez de dommages..."
"Des dommages!" claqua Archer en se redressant, indigné.
"...A la réputation de la Terre", termina Williams, haussant le ton au-dessus de la voix d'Archer. "Ils voient l'attentat de Proxima comme la dernière d'une série de désastres dans lesquels vous êtes pour eux au moins partiellement responsable. Ils vous blâment avec votre équipage pour l'attentat Xindi sur Terre..."
"Ca ne va pas recommencer", murmura Tucker avec dégoût.
Williams marqua une pause et lança un regard ferme à Tucker pour interdire toute autre interruption, puis reprit. "Je sais, et vous savez, que ce n'est pas la vérité. Mais ils veulent un bouc émissaire."
"Alors vous allez leur livrer en sacrifice le Commandant Tucker et moi-même pour les apaiser?" Archer, incrédule, comprenait pourquoi Williams ne voulait pas le regarder en face. Le futur d'Archer était suspendu à la nécessité de Williams de faire un geste symbolique, et ils le savaient très bien tous les deux.
Williams se rassit derrière son bureau, joignit ses mains ensemble sur le plat de son ordinateur, et osa enfin regarder Archer dans les yeux. "Convainquez-moi que je ne devrais pas faire ce qu'ils veulent", fit-il.
Encouragé et surpris par la volonté de l'Amiral de l'écouter, Archer essaya de retenir sa colère. Les protestations d'humeur ne leur feraient aucun bien. Il n'osait pas regarder Tucker, conscient que l'ingénieur devait lui-même ronger son frein, et surtout conscient de l'avertissement de ce dernier quant à son tempérament juste avant d'entrer dans le bureau de Williams.
"Avec tout le respect que je vous dois, Amiral", commença-t-il, "je suis sûr que le commandant Tucker et moi pourrions faire du bon travail ici sur Terre, mais nous pouvons faire un travail encore meilleur où nous sommes actuellement. L'Enterprise est une présence rassurante chez nos alliés."
"Le peu qu'il nous en reste", souffla discrètement Tucker.
Williams ne broncha pas, mais Archer adressa à l'ingénieur un regard noir.
"J'ai personnellement pris contact avec beaucoup de gens influents d'autres espèces", fit Archer. "Ils sont plus à l'aise avec moi qu'avec n'importe quel membre que Starfleet pourrait envoyer à leur rencontre. Je suis connu d'eux. En outre, je connais et je respecte leurs coutumes, et ils le savent."
"Ce que vous affirmez, c'est que quelqu'un d'autre que vous, peu familier avec d'autres cultures, pourrait provoquer des incidents embarrassants", synthétisa Williams. "Et ceci à un moment où nous ne devons plus faire aucune erreur."
"Oui, Monsieur", confirma Archer. "Il est impératif que nous gardions un bon contact avec les alliés que nous avons gardé. Nous ne pouvons pas les laisser penser que nous nous réfugions dans l'isolationnisme, alors que nous devrions les convaincre que l'union fait la force. Sur ce même point, ce serait une erreur de laisser les Romuliens les penser qu'ils nous ont effrayés. Cela jouerait en leur faveur. Ils essayent de nous affaiblir en contrecarrant nos tentatives d'établir des alliances, tout en asseyant leur force par des manoeuvres d'intimidations. Ils essayent de nous dicter ce que nous devrions faire."
"D'autres arguments?" demanda l'amiral.
Momentanément pris au dépourvu, Archer se demanda s'il était sûr d'enchaîner sur le sujet du réseau secret d'information Boomer, avant de réfuter cette idée. Williams aurait pu se sentir obligé d'en informer son supérieur hiérarchique, l'Amiral Boone, chef des Renseignements de Starfleet. Et la dernière chose que voulait Archer était que Boone soit informé que le réseau des Booomers qu'il avait essayé d'usurper était maintenant employé contre lui et les Romuliens.
Tucker se redressa alors sur son fauteuil et s'éclaircit la gorge. "Et bien, Monsieur", commença-il. "En plus de son expérience, le Capitaine Archer a une réputation d'homme juste et honnête chez les espèces extraterrestres, même celles que nous n'avons pas encore rencontrées. Les Andoriens ont voulu qu'il négocie leur conflit planétaire avec les Vulcains. S'il existe un Humain qui inspire la confiance chez les autres espèces, c'est le Capitaine Archer. Il est le meilleur représentant que l'Humanité puisse envoyer les rencontrer."
Une fois son argumentaire lâché, Tucker sembla légèrement embarrassé et se recroquevilla dans son fauteuil, silencieux.
Le début d'un sourire apparut sur le visage de Williams. "Et vous, Commandant Tucker? Pourquoi ne devriez pas rester ici sur Terre pendant que le Capitaine Archer commande l'Enterprise?"
Tucker ouvrit plusieurs fois la bouche, sans oser répondre, le faisant ressembler à un poisson hors de l'eau. C'est Archer qui le sauva. Tucker l'avait soutenu, il était temps de lui renvoyer l'ascenseur.
"Il faut qu'il soit sur l'Enterprise parce que j'ai besoin de lui avec moi", fit-il fermement. "J'ai perdu plusieurs de mes officiers de commandement, et j'ai déjà nommé le Commandant Tucker au poste de Premier officier. Il me faut au moins quelques officiers proches que je connaisse et en qui je peux avoir totale confiance sans attendre. Une équipe ne se rode pas en un jour, loin s'en faut."
Williams laissa son regard passer de l'un à l'autre des deux officiers. Archer attendait visiblement avec impatience la décision de l'Amiral. Il plaqua tout à coup sa main sur son ordinateur. "Ce sera tout pour le moment", fit-il. "Vous pouvez disposer."
"Monsieur?" demanda Archer.
"Vous avez bien défendu votre position, John. Je dois réfléchir, maintenant. Je vous ferai connaître ma décision dès qu'elle sera prise."
Même s'il avait le plus grand désir de continuer à défendre sa cause, Archer savait quand il était temps de s'éclipser. "Oui, Monsieur", répondit-il en se levant, Tucker à sa suite.
"En attendant..." ajouta Williams tandis que les deux hommes se rapprochaient de la porte. "Continuez de faire ce que vous faisiez avant de venir me voir. Il va bien falloir que quelqu'un continue de commander l'Enterprise."
A cette remarque, Archer et Tucker se retournèrent vers l'Amiral, mais ce dernier regardait déjà dehors par la fenêtre.
"Oui, Monsieur", fit Archer, soudain un peu moins soucieux quant à son avenir, tandis que Tucker et lui sortaient du bureau.
 
***
 
Le mess était étrangement calme comparé au tumulte du reste du vaisseau. Il n'y avait pas une âme présente quand Mayweather entra. Il passa par le distributeur de nourriture, choisit une assiette de poulet puis alla s'asseoir à une petite table proche.
De tradition militaire, la nourriture sur l'Enterprise était en général excellente et abondante. La première bouchée, cependant, suffisait pour s'apercevoir que le chef n'était pas à bord à l'heure actuelle.
Il repoussa les pâtes trop cuites sur le bord de l'assiette, priant pour que le chef, pour le moment en permission, n'avait pas demandé son transfert. C'était la dernière chose dont ils avaient besoin pour le moral de l'équipage.
Avec un soupir, il reposa sa fourchette. Il savait qu'il était soucieux pour autre chose de plus grave que cela. Ce qui lui occupait l'esprit, c'était dans son cas l'absence d'occupation de ces derniers jours, et l'incertitude quant à leur prochaine destination. Mayweather était certain que l'Enterprise serait envoyé vers une nouvelle mission, mais l'attente commençait à lui peser. Peut-être devrait-il descendre quelques jours sur Terre pour se changer l'esprit.
Il était sur le point de se lever quand la porte du mess s'ouvrit. Un grand homme qu'il ne reconnut pas entra, jeta un coup d'oeil autour de lui et se dirigea vers le distributeur de nourriture. L'uniforme de l'homme avait la bande bleue caractéristique des départements scientifique et médical. C'était peut-être l'un des remplaçants, mais il semblait beaucoup plus âgé que la moyenne des membres d'équipage. L'homme avait un début d'embonpoint, il avait les cheveux gris et ses joues et ses yeux étaient marqués de rides superficielles.
Le mystère fut résolu quand l'homme, son assiette à la main, se retourna vers la salle. Mayweather découvrit le double serpent ajouté aux insignes de lieutenant-commandant. Le symbole médical signifiait que le nouveau venu devait être le docteur du vaisseau.
Mayweather ne savait rien de cet homme, sinon que le capitaine avait finalement choisi quelqu'un à ce poste médical. Curieux d'en savoir plus, Mayweather attira l'attention de l'homme et lui fit un signe pour lui offrir de prendre place à sa table.
"Bienvenue à bord", dit Mayweather en se levant pour l'accueillir.
L'homme déposa son assiette sur la table et serra chaleureusement la main que lui tendait Mayweather. "Enseigne", répondit-il d'une voix de baryton agréable. "Je suis le Docteur Weber."
"Je m'en doutais. Enfin, je veux dire, pour le poste de Docteur", précisa Mayweather en montrant le symbole médical sur l'uniforme du Docteur. "Prenez un siège."
Weber le remercia et s'installa. "Alors c'est vous, le comité de bienvenue?" demanda-t-il avant d'engouffrer une pleine fourchetée des mêmes pâtes que Mayweather avait laissées de côté.
"C'est moi", répondit Mayweather avec le sourirer. "D'habitude, je suis le pilote, mais étant donné que nous n'allons nulle part à l'heure actuelle..." Il écarta les bras. "Comité d'accueil." Puis, plus sérieusement, "Alors c'est vous qui reprenez l'infirmerie?"
"Je dirais plutôt 'la reconstruire' ", fit Weber. Il sembla chercher quelque chose sur la table. "J'ai dû oublier de prendre de l'eau."
Mayweather lui proposa d'aller lui chercher. Arrivé devant le synthétiseur, il passa l'ordre verbal et attendit que le verre se remplisse. C'est à ce moment que Sato entra dans le mess. Il lui fit signe de le rejoindre. "Le nouveau docteur est ici", dit-il. "Venez, je vais vous présenter. Cela vous distraira du mauvais goût de la nourriture."
"Le Chef n'est pas encore revenu?" demanda-t-elle, obtenant pour toute réponse un non de la tête de Mayweather. "Les vieux habitués se font rares ici, ces derniers temps."
Mayweather prit le verre et se pencha tout près de Sato. Il baissa la voix. "En parlant de vieux, je ne suis pas sûr, mais je crois que notre nouveau docteur pourrait bien être la personne la plus âgée à bord."
 
***
 
Tucker était dans ses quartiers, allongé, tête relevé, sur sa couchette, en train d'examiner une plus de fois la liste des candidats à l'ingénierie. Il était tenté d'essayer ce qu'il avait suggéré au capitaine. De la même manière qu'ils avaient décidé de faire tourner le personnel scientifique au poste de la station de la passerelle, il avait envie de faire des rotations de personnel à la tête de l'ingénierie.
Il finit par rejeter cette idée, posa la tablette de côté et bailla. Il n'arriverait pas à se faire à ce fonctionnement, même si le capitaine le laissait faire, ce dont il doutait sérieusement. Il y aurait trop de concurrence parmi son personnel, sans compter les ordres et les priorités de travail contradictoires.
Tucker comprenait pourquoi Archer avait besoin de lui à ses côtés comme Premier officier. En cinq ans sur l'Enterprise, il avait eu plus d'une fois l'occasion de commander le vaisseau, mais à chaque fois, son esprit restait toujours tourné vers l'ingénierie. Il devait admettre que c'était sa première passion. Il était d'accord avec Archer, le Premier officier avait trop de charges à mener à bien pour tenir en même temps la salle des machines. Mais à la première occasion, il souhaitait à nouveau redevenir simplement le chef ingénieur.
Il en voulait à T'Pol de l'avoir placé dans cette situation. Par contre, il ne lui en voulait pas d'avoir pris la succession de Soval comme ambassadeur Vulcain sur Terre. C'était une excellente opportunité pour elle, qui plus est dans la continuité de la position qu'elle occupait six ans plus tôt, avant qu'elle intègre l'équipage de l'Enterprise. Mais inconsciemment, il avait continué d'espérer qu'elle resterait sur l'Enterprise.
Tucker s'allongea complètement, les bras croisés sous sa tête, le regard au plafond. T'Pol était restée après la mort de leur enfant. Il importait peu qu'Elizabeth ait été créée à leur insu. Ce bébé était le leur, et ils avaient tous les deux accepté ce fait tel quel. Les Vulcains n'affichaient pas leurs émotions, mais ils les ressentaient comme tous les autres, et T'Pol avait été aussi dévastée que lui par la mort de leur fille. T'Pol n'était pas partie après cette épreuve, et il avait pensé que rien ne pourrait plus la faire s'éloigner de lui.
Avec un soupir, il se releva. Toutes ces réflexions le déprimaient. Il décida d'aller faire un tour à l'ingénierie pour voir ce qui s'y passait. Peut-être cela l'inspirerait plus pour sélectionner un nouvel ingénieur en chef.
 
***
 
"Le Docteur Weber a dit ça?"
Sato dévisagea Mayweather. Ils se dirigeaient vers l'ascenseur pour rejoindre la passerelle et leur poste, prêt à s'ennuyer sans rien à faire.
"Il veut que toutes les créatures de Phlox soient retirées de l'infirmerie", répéta Mayweather.
Sato savait que les animaux de Phlox n'étaient pas appréciés de tous, mais se débarrasser d'eux la choquait. "Mais pourquoi?" demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
"Il n'en a pas besoin ", répondit Mayweather. "Il dit qu'il n'a pas la moindre idée de ce qu'il pourrait faire avec. Il n'a jamais entendu parler de chauves-souris Pyrithiennes ni de sangsues Réguliennes."
Sato savait que l'utilisation par Phlox de créatures vivantes n'était pas conforme avec les pratiques médicales des Humains, mais à force, les membres d'équipage s'étaient habitués à ces méthodes de traitement peu orthodoxes. La plupart d'entre eux n'appréhendait même plus les exemples de suggestions de Phlox de cautériser une blessure grâce à ses anguilles osmotiques. Quant à Hoshi, elle n'arrivait même pas à imaginer entrer dans l'infirmerie sans entendre les gazouillements caractéristiques de toute cette vie.
"Tellement de choses sont en train de changer", fit Sato en secouant tristement la tête. Elle jeta un coup d'oeil à son collègue. "Est-ce que le Docteur Weber a dit ce qu'il allait faire de tous les animaux?"
Mayweather haussa les épaules en arrivant devant l'ascenseur.
Pensant à voix haute, Sato prit sa décision. "J'ai pris soin d'eux depuis le départ de Phlox. Peut-être pourrais-je continuer pour que nous les gardions à bord. Ce serait un bon hommage à Phlox."
"Je ne sais pas", répondit Mayweather dans le doute en rentrant derrière elle dans l'ascenseur. "Le Docteur Weber avait l'air assez déterminé à les jeter hors de l'infirmerie au plus vite."
"J'en parlerai au Capitaine", dit Sato alors que l'ascenseur commençait à se déplacer. "Peut-être pouvons-nous les installer quelque part ailleurs sur le navire."
Quelques minutes plus tard, Sato se trouvait dans les quartiers d'Archer. Il eut plus ou moins la même réaction qu'elle en apprenant que Weber voulait se débarrasser de la ménagerie de Phlox.
Ils n'avaient pris aucun arrangement pour faire suivre les animaux de Phlox sur Dénobulia, et bien d'autres problèmes plus prioritaires à régler pour s'en occuper depuis. Comme elle, Archer avait supposé que les animaux resteraient à bord pour être employés à discrétion par le docteur remplaçant.
"Alors qu'allons-nous faire de ces animaux?" demanda-t-il sérieusement.
"Nous pouvons les installer dans une baie cargo", répondit-elle sans hésitation. Archer leva un sourcil, elle précisa son idée. "Je m'occuperai d'eux. J'ai aidé Phlox à en prendre soin régulièrement. Je m'en occupe aussi depuis son départ. Et peut-être passerons-nous un jour où l'autre par Dénobulia pour les lui rapporter."
Archer hocha la tête. "D'accord, je vous laisse arrangez le déménagement, dans ce cas."
"Merci, Monsieur." Elle se retourna vers la porte, mais hésita avant de sortir. Changeant de sujet, elle demanda par curiosité, "Autre chose, Monsieur. Avez-vous sélectionné un nouveau officier scientifique?"
Archer secoua la tête. "Pas encore. Pourquoi? Vous avez quelqu'un en tête?"
Sato n'était pas très étonnée de la réponse. La vraie surprise aurait été qu'ils partent du chantier naval avec un équipage au grand complet. "Non, Monsieur. Je me demandais juste comment se passe la recherche des nouveaux officiers."
"Je n'ai pas encore trouvé d'officier scientifique qui puisse à mon sens être approprié pour l'Enterprise." Puis, voyant la grimace que tentait de cacher Sato, il la rassura. "J'ai une réunion avec T'Pol à l'ambassade Vulcaine la semaine prochaine. Peut-être qu'elle aura quelques idées." Puis il lâcha la vraie nouvelle. "Par contre, notre nouveau officier tactique se présente au rapport sur le vaisseau tout à l'heure."
 
***
 
Sato enrôla un maximum de membres d'équipage pour l'aider à transporter les cages, boîtes et autres récipients de nourriture de l'infirmerie à la baie cargo trois. Pendant que ses manutentionnaires s'activaient à sortir les derniers éléments de l'infirmerie, elle passa devant Weber qui ne perdait pas une miette de tout ce charivari.
"Vous savez", fit Weber en s'appuyant sur une console, "je ne leur aurais jamais rien fait de mal."
"Loin de moi cette idée, Docteur", répondit Sato diplomatiquement tout en assurant que le verrou du containeur de limaces Andosiannes été correctement fermé.
"Je ne voulais juste pas que l'infirmerie soit encombrée de toutes ces bêtes."
"Je comprends, Monsieur."
"Je n'ai pas la moindre idée de l'utilité de ces animaux", expliqua-t-il. "Et j'aurais peur qu'en situation de crise, ils puissent se retrouver hors de leurs cages et gêner le travail des soins d'urgence." Adossé à la console, croisant les bras, il ajouta. "Et l'Enseigne Mayweather m'a parié qu'il pourrait vous obliger à déménager les animaux pour moi."
Sato s'arrêta net et devint toute rouge en réalisant qu'elle avait été manoeuvrée. "Travis! Le petit..." Elle vit Weber rire et se retint de dire autre chose.
"Ne lui en voulez pas", la tossa Weber. "J'ai des diplômes en psychologie. Faire sortir les animaux de l'infirmerie n'a été qu'un simple exercice d'auto-suggestion et d'assurance que le message arriverait finalement à la bonne personne. Et je suis sincère quand je dit que je ne sais rien de ces créatures. Je pourrais leur faire plus de mal que de bien si j'essayais de les utiliser ou d'en prendre soin."
En dépit de son irritation contre Mayweather, et accessoirement le Docteur, Sato sourit. "Tout ce que vous aviez à faire était de me le demander, Doc", l'informa-t-elle.
"Peut-être", répondit Weber en continuant de sourire. "Mais cela aurait été beaucoup moins amusant."
 
***
 
Mayweather, un conteneur dans les bras, menait la troupe du personnel chargée du déménagement des animaux de Phlox vers la baie cargo trois. Bien que cette tâche n'ait rien d'intellectuelle, il était satisfait. Il faisait enfin quelque chose d'autre que d'attendre la fin de son quart ou de regarder les autres travailler.
Au détour d'une courbe du couloir, il remarqua une femme blonde qu'il ne connaissait pas, elle se dirigeait droit vers lui et l'arrêta.
"Enseigne?" fit-elle. "Que se passe-t-il?"
Mayweather fit signe aux autres de continuer jusqu'à la baie cargo. "Nous déplaçons les animaux de notre ancien docteur de l'infirmerie à une baie cargo."
"Toutes ces créatures étaient à l'infirmerie?" demanda la femme, incrédule, en regardant les diverses cages passer devant elle.
"Non, Madame, il y en avait plus que cela", répondit-il avec un sourire, content de son effet de surprise. "Nous en avons encore d'autres à aller chercher."
Mayweather observa son interlocutrice. Le sac de marin qu'elle portait était le signe qu'elle faisait partie des nouveaux membres d'équipage, et il avait déjà noté les insignes brillants de Lieutenant sur son uniforme. Attendant que ce nouvel officier de rang supérieur lui dise de disposer, il la vit secouer la tête avant de retourner son attention sur lui.
"Pouvez-vous me dire comment on accède à la passerelle à partir d'ici?" demanda-t-elle. Puis, sur un ton ironique, "à moins que le capitaine vous aide à déménager cette arche de Noé moderne, je suppose que c'est là qu'il doit être. Je suis le Lieutenant Collins, le nouvel officier tactique et de sécurité, et je dois me présenter au rapport devant lui."
Cela expliquait pourquoi elle n'était pas le moins du monde intimidée par ses taquineries, pensa Mayweather. Elle n'était pas très grande, mais elle avait cet air d'inquisition propre à tous les officiers de la sécurité.
"Le capitaine doit être dans son bureau sur la passerelle", lui dit-il poliment. "S'il ne s'y trouve pas, vous pouvez faire votre rapport au Premier officier."
"Le Premier officier sera sur la passerelle, alors?" demanda-t-elle en resserrant la courroie de son sac sur son épaule.
Mayweather feignit de réfléchir. Il s'amusait. "Et bien, je ne suis pas sûr. Il passe la majeure partie de son temps à l'ingénierie."
"Le Premier officier est à l'ingénierie ou sur la passerelle", dit-elle, irritée. "Suis-je sensée être baladée partout dans ce rafiot pour faire mon rapport?"
Cette référence non flatteuse au meilleur vaisseau de la flotte était vexante, pensa Mayweather, mais c'est lui qui l'avait taquinée, après tout... Et elle était son supérieur. "Vous trouverez la personne adéquate sur la passerelle", dit-il, essayant de faire de son mieux pour rester poli et professionnel. "L'ascenseur se trouve à l'extrémité de ce couloir et vous emmènera jusqu'à la passerelle. Et si ni le Capitaine Archer ni le Commandant Tucker ne s'y trouvent, notre officier des communications pourra vous aider à faire votre rapport."
Sur ce, Mayweather put reprendre ses activités, le nouvel officier tactique partant aussitôt en direction de l'ascenseur.
 
***
 
La première réunion de l'équipe reconstituée des officiers supérieurs, moins le responsable scientifique et l'ingénieur en chef, eut lieu dans la salle à manger privée du capitaine. Archer voulait une atmosphère décontractée, espérant mettre les nouveaux venus à l'aise pour permettre à chacun de faire meilleure connaissance des autres sans cérémonie.
Le Docteur Weber semblait s'adapter particulièrement bien. Assis à l'extrémité la plus éloignée de la table, Sato et Mayweather lui indiquaient comment Phlox avait employé ses animaux pour soigner des membres d'équipage, et le docteur les écoutait avec intérêt. Archer avait entendu parler de la façon dont Weber avait manipulé Sato pour qu'elle déménage les animaux à sa place. Mayweather et Sato aimaient se taquiner l'un l'autre, et par le passé, Phlox avait été leur victime consentante préférée. Le nouveau docteur, cependant, pourrait bien donner à Mayweather et à Sato plus de fil à retordre, voire de la concurrence , au niveaux des plaisanteries.
Tucker, assis à sa droite, était concentré sur le contenu d'une tablette de données qui devait sûrement parler d'améliorations techniques sur les moteurs. En dépit de l'assurance de Tucker de prêter plus d'attention à ses fonctions de Premier officier, Archer savait que son coeur était toujours à l'ingénierie.
Enfin, et surtout, il y avait le Lieutenant Collins. Elle écoutait, visiblement peu satisfaite, Sato conter à Weber une ancienne histoire où Mayweather l'avait dupée en lui faisant croire qu'une masse de gélatine de fraise était en fait une créature vivante.
Avec Sato et Mayweather occupés à retenir l'attention du Docteur, et Tucker plongé dans sa tablette, il ne restait à Archer que Collins pour parler.
C'est elle qui entama la conversation. "J'ai plusieurs idées pour améliorer le niveau de sécurité du vaisseau pendant que nous sommes en cale sèche", fit-elle.
Pourquoi les officiers de sécurité ne pouvaient-ils pas parler d'autre chose que de leur travail? Archer avait l'impression de se retrouver de nouveau devant Reed, quand son ancien officier tactique pestait contre de prétendus problèmes de sécurité ou les manques de discipline. Lui et Reed avaient par la suite convenu d'un compromis. Il espérait pouvoir rapidement faire la même chose avec elle, bien qu'il n'ait pas hâte d'en repasser par les mêmes étapes.
"Quelles sont vos idées?" demanda-t-il poliment.
"Tout d'abord, il devrait y avoir un point de contrôle de sécurité au sas d'entrée. Pour le moment, n'importe qui peut entrer et se balader à bord sans être le moins du monde inquiété."
Archer coupa court à une discussion qu'il n'avait pas envie d'avoir. "Combien de temps avez-vous passé à bord, Lieutenant?"
"Je suis arrivée hier soir, Monsieur", répondit-elle, ne comprenant visiblement pas où il voulait en venir.
"Et durant ce court laps de temps", continua Archer, "avez-vous inspecté la station tactique sur la passerelle?"
"Je me suis rendue sur la passerelle dès mon arrivée à bord, Monsieur", fit-elle fièrement. "J'ai noté que la station était occupée, mais je ne l'ai pas inspectée."
"Vous auriez dû." Archer marqua une pause, appréciant la confusion du regard du Lieutenant. "L'entrée du sas est sous surveillance. Une simple pression sur un bouton par un membre d'équipage à la console tactique enverra un bataillon armé au sas en quelques dizaines de secondes. En outre, nous sommes renseignés sur tout individu qui embarque dans une navette à destination de l'Enterprise tant que nous sommes en cale sèche. Nous savons avant même qu'il arrive si une personne a des raisons d'être mise aux arrêts."
Collins ouvrit la bouche, mais resta sans voix, pensant apparemment qu'il valait mieux qu'elle n'ajoute rien.
"D'autres idées?" demanda Archer calmement, essayant de ne pas paraître condescendant.
"Et bien, Monsieur, il y a l'accès du personnel non-Starfleet à l'arsenal." Archer fronça les sourcils. "J'ai vu deux commandos effectuer l'entretien de torpilles. Ils ne font pas partie du personnel de la sécurité et ne devraient même pas se trouver dans l'arsenal, à jouer avec des armes auxquelles ils n'ont pas forcément été formé."
Archer prit le temps nécessaire pour répondre. "Et si je vous disais que votre prédécesseur, le Lieutenant Reed, pensait la même chose, mais qu'il a fini par comprendre que les commandos se révèlent toujours d'une aide précieuse lors des situations de crise? Et ils ne peuvent pas nous apporter leur aide s'ils ne connaissent pas les systèmes. Les commandos que vous avez vus ont été tous les deux personnellement entraînés par le Lieutenant Reed."
Collins voulut continuer, mais un appel de l'intercom pour Archer l'en empêcha. Il se pencha en arrière sur sa chaise, poussa le bouton sur le panneau derrière lui sur la cloison étanche. "Ici Archer."
La voix de l'officier des communications de quart retentit. "L'Amiral Williams est en ligne, Monsieur."
Archer jeta un coup d'oeil à ses officiers autour de la table. Tous l'observaient avec intérêt. Il hésita entre prendre cet appel ici ou en privé, mais décida de ne pas s'isoler. Si l'amiral avait voulu lui parler en privé, il l'aurait signalé à l'officier de quart.
"Passez-le moi ici", répondit Archer.
La voix de Williams se fit entendre. "John, je voulais être le premier à vous l'annoncer. J'ai pris ma décision quant à la prochaine mission de l'Enterprise."
Archer était parfaitement conscient que tous les yeux étaient braqués sur lui. Il se contenta d'accuser réception. "Monsieur?"
"Dès que des réparations et les mises à niveau seront finies, l'Enterprise sera renvoyé dans l'espace. Pas pour une mission d'exploration, mais pour quelque chose de beaucoup plus vital. Vous devrez entrer en contact avec nos alliés et les rassurer de notre résolution à contrer toute menace Romulienne, et relayer l'information que la Terre apportera son soutien à quiconque souhaitera nous rejoindre dans cet effort."
Archer jeta un coup d'oeil rapide aux visages de ses officiers. Ils semblaient heureux, bien qu'il fut difficile de le dire précisément pour Collins. Il se retourna vers l'intercom."Vous avez dit, 'vous devez entrer en contact', est-ce que cela signifie...?"
"Oui, John. Vous serez aux commandes de l'Enterprise quand il repartira, c'est-à-dire dans quelques semaines, dès que vous en aurez terminé avec les réparations."
"Merci, Monsieur", fit Archer, incapable de contenir le sourire qui trahissait son soulagement, après toute la tension qui s'était accumulée depuis plusieurs semaines à propos de son avenir et des conséquences de la décision de Starfleet.
"Je vous recontacte plus tard pour que nous nous réunissions afin de voir tous les détails. Williams terminé."
Archer n'eut que le temps d'éteindre la connexion avant que Tucker, Mayweather et Sato explosent de joie en exclamations et en applaudissements. Weber souriait, quant à Collins, elle semblait stupéfaite de ce débordement.
Quand la clameur se calma, Archer se leva et les regarda. "Alors, qu'est-ce que vous attendez? Retournez au travail. Nous avons encore beaucoup de chose à faire avant de pouvoir quitter la cale sèche. Et il n'est pas question que nous y restions une minute de plus que nécessaire."
A suivre...
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