Retour saison 6
 
Version paginée...
 

 
Recomposition 2
 
Ecrit par : Kathy Rose
Traduit par : Laurent
V.O. publiée le 13 octobre 2006
V.F. publiée le 19 octobre 2007
 
            Recomposition 2
 
C'était la première fois que le Capitaine Jonathan Archer visitait l'ambassade Vulcaine de jour. Les deux seules fois où il y était venu, c'était de nuit, et encore, une voiture l'avait déposé juste devant le hall d'entrée.
Aujourd'hui, alors qu'il longeait le trottoir menant à l'entrée principale, il pouvait voir les imposants murs de pierre grise de l'enceinte. D'où il se trouvait, il ne pouvait voir aucun barbelé ou verre pilé sur le dessus, mais il ne serait pas étonné si les Vulcains employaient de telles mesures primitives en plus des systèmes les plus sophistiqués pour assurer leur sécurité. Dans certaines circonstances, les dispositifs les plus simples se révélaient parfois plus efficaces que tous les gadgets ultra modernes de la science.
Il plongea les mains dans les poches de sa veste après en avoir relevé la fermeture éclair jusqu'en haut. Il régnait à San Francisco un froid vif en ce jour de rendez-vous avec T'Pol.
'Ambassadrice T'Pol', corrigea-t-il mentalement. Elle n'était plus son Premier officier, partie depuis deux mois dès l'arrivée en cale sèche de l'Enterprise. Il devrait agir avec une certaine diplomatie, en respect pour sa nouvelle fonction. Il devrait attendre leur déjeuner ensemble, quand son personnel ne serait plus là, pour se détendre et peut-être même la taquiner sur son calme Vulcain, comme au bon vieux temps.
Il fronça les sourcils en atteignant l'entrée où il appuya sur un bouton de l'intercom mural situé à côté de la grille métallique. Ils devaient discuter de sujets sérieux, et il doutait que l'un ou l'autre d'entre eux soit détendu.
"Vous êtes à l'Ambassade Vulcaine", fit une voix dans un parfait anglais sans accent. "Veuillez énoncer votre nom et le but de votre visite."
Archer s'identifia et précisa qu'il était attendu. "J'ai rendez-vous avec l'Ambassadrice T'Pol."
Il n'y eut aucune réponse, mais les grilles s'ouvrirent en silence. Archer prit cela comme une invitation à entrer. Il entra, traversa un jardin d'ornement décoré de parterres de fleurs, de sculptures et d'arbres jusqu'à la porte du bâtiment de l'ambassade.
Avant même qu'il atteigne les marches menant au hall couvert, la porte de bois au style fleuri s'ouvrit. Trois Vulcains l'attendaient à l'intérieur. L'un portait les robes caractéristiques des diplomates Vulcains. Les deux autres étaient vêtus de sobres tuniques et pantalons foncés, visiblement son comité de sécurité, et l'un des deux portait à la ceinture la version Vulcaine d'un scanner.
Le diplomate s'avança vers lui. "Capitaine Archer. L'ambassadrice vous attend dans son bureau. Veuillez me suivre."
Archer était certain d'avoir passé un contrôle de sécurité. Il suivit son interlocuteur Vulcain, les deux gardes ne le quittaient pas des yeux. Ils atteignirent le grand escalier de marbre blanc de l'autre côté du grand hall d'entrée qu'Archer reconnaissait de mémoire. L'endroit était totalement silencieux, juste entrecoupé par l'écho de leurs pas. Le Vulcain l'invita à monter l'escalier. Arrivé à la moitié de l'escalier, Archer demanda, "Je croyais que le bureau de l'ambassadrice se trouvait au rez-de-chaussée."
Son guide marqua une pause et lui jeta un coup d'oeil par son épaule. "Il s'y trouvait. L'Ambassadeur T'Pol préfère un endroit différent."
Le Vulcain ne s'étendit pas plus en explication, laissant Archer se poser des questions sur ce changement. Ce n'était sûrement pas pour une raison sentimentale envers son vieux mentor, Soval, que T'Pol laissait son bureau intact au cas où il décidait de revenir. Sachant ce dont ils avaient à discuter, Archer imagina que c'était peut-être une autre mesure de sécurité. Il était généralement plus difficile d'atteindre les étages d'un bâtiment.
La sécurité dans tous les lieux sensibles sur Terre avait été renforcée après le terrible attentat sur Proxima du Centaure. Les Vulcains avaient sans aucun doute pris des précautions similaires.
Ils atteignirent le haut des escaliers et s'engagèrent dans un couloir. Les choses avaient définitivement changé depuis sa dernière visite, la sécurité était omniprésente. Il aurait juré avoir vu au dos d'une des urnes qu'il dépassèrent une lueur verte, signe d'un détecteur qui devait suivre leur déplacement.
Archer suivit son guide dans une antichambre. Le seul occupant de la pièce était un jeune Vulcain, qui se leva immédiatement du bureau derrière lequel il était assis. Archer réprima une grimace, un autre attaché. Arriverait-il vraiment à voir T'Pol? Mais l'attaché se retourna et se contenta d'ouvrir une porte avant de rester là, à regarder impassiblement Archer.
Ce dernier se rendit compte d'un coup qu'ils attendaient simplement qu'il entre dans la salle ouverte. Il rejoignit donc l'homme qui le précéda dans une pièce austère. A en juger par le décor, ou plus exactement le manque de décor, les artistes minimalistes avaient quelque chose à apprendre des Vulcains. Les seuls objets étaient un bureau en bois poli avec, posé dessus, un ordinateur, quatre chaises et, sur la gauche de la pièce, une table préparée pour deux. Les murs étaient nus, il n'y avait même pas de rideaux aux trois fenêtres qui éclairaient la pièce derrière le bureau. Archer était prêt à parier que si les occupants de la pièce pouvaient voir ce qui se passait dehors, le contraire n'était certainement pas vrai.
Il ne prêta pourtant attention à la pièce qu'une ou deux secondes, avant de fixer son regard sur la personne vêtue avec élégance qui se levait de son bureau. C'était un peu un choc de la voir vêtue de ces larges robes traditionnelles Vulcaines à la place de l'un de ses uniformes personnels de Starfleet.
"Capitaine", fit T'Pol en inclinant la tête. "Bienvenue."
"Merci, T'P..., euh Ambassadrice", corrigea Archer au dernier moment, conscient des deux Vulcains derrière lui.
T'Pol s'en aperçut et leur jeta un regard rapide. "Vous pouvez partir. Je vous appellerai si nous avons besoin de quelque chose."
Une fois la porte refermée derrière lui, Archer laissa échapper un long soupir, soulagé de pouvoir enfin se détendre.
T'Pol leva un sourcil dans une expression familière, faisant sourire Archer. Une très légère courbure des lèvres, si discrète qu'une personne ne la connaissant pas aussi bien que lui n'aurait jamais qualifié ce signe de sourire, trahit son plaisir de le voir. "Vous semblez aller bien, Capitaine."
"Vous aussi, T'Pol", répondit Archer, affichant enfin librement son propre sourire.
 
****
 
Le Commandant Trip Tucker connaissait un vrai dilemme. Il savait qu'il aurait dû se concentrer sur ses fonctions de Premier officier, mais le capitaine voulait quitter la Terre dès que l'Enterprise serait prêt, c'est-à-dire le plus vite possible. Cela faisait trois mois qu'ils étaient ici, et ils ne voyaient pas encore le bout des réparations. Si cela signifiait qu'il devait délaisser ses fonctions de Second pour s'occuper en priorité de l'ingénierie, alors il en serait ainsi. Pourtant, il avait des remords à se trouver à son ancien poste au lieu d'être sur la passerelle. Il avait l'impression de trahir le capitaine.
Tucker secoua la tête pour se débarrasser de ses pensées volages et se concentrer sur les circuits qui lui posaient des soucis depuis une heure. Plus vite ils remettraient l'Enterprise en parfait état de marche et le sortiraient de sa cale sèche, plus vite le Capitaine et lui serait heureux.
Il n'avait toujours pas décidé qui lui succéderait en tant qu'ingénieur en chef. Il était déterminé à promouvoir quelqu'un d'interne au département. Ils n'avaient pas besoin d'une nouvelle tête de plus à un poste stratégique.
Le Docteur Weber semblait s'adapter plutôt bien, devait-il admettre. Le médecin était efficace. Plusieurs techniciens de l'ingénierie avaient été légèrement blessés dans des accidents mineurs pendant les réparations, et Weber les avait remis rapidement sur pieds. Et il avait entendu de Mayweather et de Sato que l'homme avait un sens de l'humour plutôt développé et incisif.
Pour le Lieutenant Collins, qui prenait la place de Malcolm Reed, c'était une autre histoire. Pour quelqu'un qui n'avait jamais quitté la Terre et jamais mis un pied à bord d'un vaisseau spatial, elle faisait des vagues alors qu'ils n'avaient même pas encore quitté les chantiers navals. La prochaine fois qu'il reverrait Malcolm, et il espérait que ce ne serait pas dans trop longtemps, si Malcolm sortait indemne de sa petite escapade, il lui ferait des excuses pour avoir pensé que pendant les premières semaines où ils avaient travaillé ensemble, il lui avait collé l'étiquette de l'être le plus maniaque qu'il avait jamais rencontré. Collins surpassait Malcolm dans ce domaine. En fait, une partie de Tucker était impatiente de la rencontrer, histoire de lui rabattre son caquet sans qu'elle comprenne ce qui lui arrivait.
"Commandant Tucker!"
Au son aigu de la voix de Collins résonnant dans l'ingénierie comme une scie à métaux sur du métal, Tucker faillit laisser tomber la sonde qu'il utilisait sur ses circuits. Maintenant soigneusement une expression neutre, il se retourna vers la chef de la sécurité qui se dirigeait vers lui. N'aurait-elle pas pu attendre d'être plus près de lui pour attirer son attention au lieu de hurler comme cela?
"Qu'est-ce que j'peux faire pour vous, Lieut'nant?" demanda-t-il en laissant inconsciemment son accent du sud reprendre le dessus en appréhendant une possible confrontation dont il n'avait aucune idée du sujet, mais qu'il redoutait connaissant maintenant un peu le personnage.
Collins stoppa net devant lui. Elle avait l'air sérieusement fâchée.
Jetant un coup d'oeil rapide au circuit qu'il tenait, elle lâcha un profond soupir. "Les scanners de visée des torpilles ne fonctionnent pas correctement."
"Et alors? C'est pour cela que nous sommes en cale sèche. Réparez-les."
Collins le targua d'un regard noir, puis évita son regard tandis qu'elle sentait ses joues se teindre de rose. "Je ne peux pas."
Tucker n'était pas sûr d'avoir entendu correctement. "Vous ne pouvez pas? Pourquoi pas?"
"Parce que..." dit-elle en grinçant des dents. "Même si j'ai suivi les cours nécessaires à l'entretien de l'armement d'un vaisseau pendant ma formation à Starfleet, les systèmes ont évolué depuis lors. Sans compter que nous n'avons pas beaucoup de torpilles au siège de Starfleet, ma dernière affectation. Et le manuel de ces systèmes est tellement opaque."
'Sois compréhensif', se dit Tucker en prenant soin de cacher son sourire derrière sa main. Elle avait eu la force d'admettre que cette tâche était au delà de ses capacités et de demander de l'aide, et il appréciait ce trait de caractère. Reed représentait l'exception à la règle parmi les officiers tactiques de Starfleet. Il avait une meilleure connaissance en ingénierie que la plupart des autres officiers d'armement.
Tucker se pencha contre la cloison étanche et croisa les bras. "Pourquoi n'avez-vous pas demandé à votre équipe?"
"Quelle équipe?" demanda-t-elle en fronçant les sourcils. "Entre ceux qui sont partis, ceux qui sont en permission au sol et les autres qui suivent des cours de perfectionnement à Starfleet, il ne reste plus qu'une seule personne à l'armement en plus de moi. Jusqu'à ce qu'ils reviennent ou que les remplaçants prennent leurs postes, je n'ai personne d'autre. Et il ne sait pas quoi faire avec les scanners non plus." Elle marqua une pause et reprit une grande inspiration. "Et avant que vous me le demandiez, les commandos en poste à l'arsenal sont en mission de survie pour dix jours dans le Sahara."
Tucker ferma les yeux et pesta intérieurement. Le sentiment de laisser tomber le capitaine lui revenait de plus bel. Il y avait tellement à faire, et dans la panique, il avait oublié qu'Archer lui avait demandé de s'occuper des affectations de personnel à l'arsenal et la sécurité au plus vite. Il se jura de réparer cette erreur avant de se coucher. Pour le moment, en attendant, il était temps de changer l'ordre de ses priorités.
"Très bien", déclara Tucker en rouvrant les yeux. Il reposa la sonde qu'il tenait et fit signe à l'un des ingénieurs de l'ingénierie de venir prendre sa place aux réparations. "Je vais venir jeter un coup d'oeil à ces scanners moi-même. Mais je vous que vous soyez là aussi, comme ça vous pourrez voir ce que je fais pour la prochaine fois."
Pour la première fois, Tucker vit un sourire traverser le visage de Collins. "Vous pouvez compter sur moi, Monsieur", répondit-elle.
 
****
 
L'Enseigne Hoshi Sato entra à l'infirmerie avec une cargaison de données à livrer au Docteur Weber. Ne le voyant ni dans la zone de traitement, ni derrière la cloison où une partie des réserves était stockée, elle l'appela. "Docteur ?"
"Ici, à l'intérieur", fit une voix feutrée dans la direction de la chambre d'imagerie.
Sato s'approcha avec précaution de l'appareil ouvert. Le lit était engagé dans la chambre, mais elle voyait les extrémités d'une paire de chaussures qui dépassaient. "Qu'est-ce que vous faites là-dedans?" demanda-t-elle curieusement, reculant juste à temps au moment où le lit ressortit brutalement hors de la chambre.
Weber, les cheveux gris en désordre, se rassit et balaya machinalement la poussière qu'il n'avait pas sur l'épaule de son uniforme. "Je ne peux pas comprendre comment mes patients qui se retrouveront dans cette chose se sentent si je ne l'ai pas essayée moi-même", expliqua-t-il.
Sato regarda le docteur avec un sourire taquin. "Mais vous n'avez pas fermé la porte."
"Je voulais m'assurer que je pourrais en ressortir", dit-il sérieusement en sautant du lit.
"J'ai de nouvelles données médicales", fit-elle pour changer de sujet en agitant son bloc de données.
"Ah, quelque chose à faire", dit-il en prenant le bloc qu'elle lui tendait. "En dehors d'un doigt coupé, d'un coude luxé et d'une méchante brûlure, je n'ai pas eu beaucoup à faire depuis que je suis arrivé à bord."
"Je me suis dit que vous apprécieriez. Un équipage occupé est un équipage heureux, ou quelque chose dans le genre."
"Un docteur qui s'ennuie, par contre, c'est une autre histoire", répliqua-t-il. Il déposa le bloc dans le lecteur d'une console proche de la réserve. "Je suppose que je pourrais programmer des examens médicaux plus souvent pour les officiers."
Sato se demanda si Weber la taquinait, jusqu'à ce qu'elle saisisse l'éclat dans les yeux sombres du docteur. "Vous avez failli m'avoir, Docteur", fit-elle.
Il lui sourit gentiment. "Vous démarrez au quart du tour."
Sato pencha la tête et regarda le docteur, soudain plus sérieuse. "Docteur, j'ai une question à vous poser. Mayweather et moi nous demandions... Enfin, vu votre âge... Pourquoi..."
"Pourquoi j'ai eu envie de faire ma première excursion à bord d'un vaisseau spatial à l'âge de soixante-huit ans?" finit Weber pour elle.
"Et bien oui, c'est cela."
Weber lâcha le clavier de sa console et se retourna complètement sur sa chaise. "Disons que je me suis dit que je pourrais en faire plus sur un vaisseau, plus que je pouvais en faire dans les locaux de Starfleet médical. Et nous en resterons-là, Enseigne. Maintenant, si vous permettez, j'ai du travail."
Sato acquiesça poliment et prit congé du Docteur. En passant la porte de l'infirmerie, elle ne vit pas l'expression triste qui traversa le visage de Weber.
 
****
 
Le déjeuner s'était passé moyennement. Archer avait compté sur le fait que son expérience de travail de cinq années avec T'Pol leur assurerait une certaine connivence, mais cela n'avait pas été le cas. Les longues périodes de silence ne semblaient pas la tracasser, alors qu'elles lui donnaient l'envie de se lever et d'arpenter la pièce de long en large, énervé. Peut-être était-ce le fait qu'il sache qu'elle représentait désormais le peuple de Vulcain qui le rendait mal à l'aise, ou qu'elle semblait plus réservée que jamais. Avait-elle pu autant changer dans les quelques mois qu'elle n'était plus sur l'Enterprise?
C'était ridicule, se dit-il. Ils avaient travaillé étroitement pendant cinq ans. Cela comptait. Mais pourtant, ils n'avaient parlé de rien d'important. Elle l'avait bien sûr félicité en apprenant qu'il restait aux commandes de l'Enterprise, et elle avait hoché la tête aux moments appropriés quand il lui avait relaté l'avancement des réparations du navire, mais ça s'arrêtait là.
Un serveur vint les débarrasser à la fin du repas. Ils étaient encore assis à la table, à prendre le café, quand Archer se décida à entrer dans le vif du sujet.
"Qu'est-ce qui vous arrive, T'Pol? Pourquoi ne me racontez-vous rien?"
Elle se contenta de le regarder fixement, l'expression absolument neutre, et il eut la conviction qu'elle souhaitait lui dire quelque chose qu'elle gardait pour elle depuis longtemps. Pour la première fois de sa vie, Archer aurait souhaité être télépathe.
T'Pol se leva brusquement, rompant le contact. Elle alla jusqu'au fond et appuya le doigt sur un motif du mur, faisant s'ouvrir en silence toute une section de la paroi. En franchissant cette nouvelle sortie, elle vérifia qu'Archer, qui s'était levé, était déjà sur ses traces pour la rejoindre.
Un escalier étroit menait vers l'étage inférieur. L'éclairage indirect fournissait suffisamment de lumière pour qu'Archer voie où il mettait les pieds, et il rattrapa rapidement T'Pol. Au fond, elle appuya sur un autre bouton et un mur apparemment sans ouverture se sépara en deux, laissant apparaître le même jardin qu'il avait traversé en arrivant. Elle l'emmena à une centaine de mètres du bâtiment, puis se retourna pour lui faire face.
"Nous pouvons parler maintenant", dit-elle calmement.
Archer indiqua la direction de la porte cachée. "Qu'est-ce que tout ça veut dire?"
T'Pol s'assit sur un banc près d'une des sculptures en sable et fit signe à Archer de venir s'asseoir à côté d'elle. "J'ai des raisons de croire que la sécurité de ce complexe a été compromise. Bien que je n'aie trouvé aucun dispositif de surveillance dans mon bureau, je préfère ne pas prendre de risque."
"Vous pensez que vous êtes surveillée? Par qui?"
"Je ne sais pas. Trois possibilités me viennent à l'esprit. Quelqu'un du Haut Commandement Vulcain pourrait être en désaccord avec ma nomination, un des agents de l'organisation de l'Amiral Boone's, ou plus probablement, un agent Romulien."
Archer écarta le premier scénario peu probable. Mais les autres deux étaient tout à fait possibles. Ils suspectaient déjà Boone d'utiliser son poste à la tête des Renseignements de Starfleet pour atteindre son propre objectif. Et ils savaient par expérience, lors de l'inauguration de la Base Stellaire Une, qu'un Romulien pouvait très bien infiltrer un groupe de Vulcains et y demeurer totalement incognito.
"Pour compliquer la situation, je ne suis pas familière avec le personnel", continua T'Pol. "Pour le moment, je ne suis pas sûre de pouvoir faire confiance à quiconque ici. Plus de la moitié du personnel proche de Soval a choisi de retourner sur Vulcain, beaucoup de têtes sont nouvelles ici."
"Est-il vraiment sûr de parler de cela ici?" demanda Archer, le regard scrutant les alentours.
Elle lui répondit qu'une de ses premières actions après avoir suspecté son bureau d'être surveillé avait été d'installer un brouilleur caché dans cette section du jardin. Elle s'assurait ainsi que leur conversation resterait entre eux deux.
Archer cessa d'exprimer ses craintes à haute voix. Il ne pouvait pas savoir si la situation de T'Pol était le résultat de son ancienne association avec l'Enterprise ou simplement si l'ambassade Vulcaine était la cible d'une conspiration plus large. Cette dernière hypothèse était plus probable, Vulcain étant l'un des rares alliés à continuer de soutenir la Terre après la rupture des négociations sur Proxima du Centaure. Ce seul fait suffisait à intéresser les Romuliens à l'ambassade.
"Il semble que notre mission devienne urgente", dit-il simplement.
"En effet", répondit-elle. "Pendant que vous recueillerez les informations du réseau Boomer sur l'Enterprise pour en tirer avantage, je vais devoir trouver la fuite dans la sécurité de mon ambassade."
Archer éprouva soudain un creux à l'estomac. "Etes-vous en sécurité ici?"
Elle leva un sourcil. "J'apprécie votre inquiétude, Capitaine. Mais la question de ma sécurité est accessoire face à ce que nous essayons de révéler."
"T'Pol", lui dit-il les yeux dans les yeux, exaspéré par ce comportement typiquement Vulcain. "Vous n'avez pas répondu à ma question, alors dites-moi la vérité. Etes vous en danger ici?"
Elle soutint son regard. "Je ne sais pas", finit-elle par avouer.
 
****
 
Quand Sato se décida à creuser dans le passé de Weber, elle était convaincue que le docteur n'avait pas voulu lui en dire plus sur lui par simple jeu, et cela l'avait poussée à faire ses recherches pour en savoir plus.
Assise à sa station sur la passerelle, elle commença par le dossier personnel de Weber. L'âge apparaissait en tête. En parcourant le dossier, elle commença à éprouver une drôle de sensation. Le dossier personnel de Weber s'avérait vide. Oh, il y avait abondance d'informations dedans, où il avait reçu ses diplômes, ses postes précédents, y compris une période d'échange médical Interespèces sur Vulcain, deux récompenses pour ses recherches médicales, et toute une liste de publications et de présentations, mais absolument aucune info sur sa vie personnelle. Il n'y était fait aucune mention de sa famille, aucun intérêt extérieur ou même un passe-temps.
Une donnée piqua cependant sa curiosité. Weber avait pris un congé sabbatique de quatre mois environ un an auparavant. Aucune raison n'était donnée, aucune indication sur le lieu où il était allé.
Elle referma le dossier. Le congé sabbatique de Weber coïncidait avec la fin de sa période dans le programme médical interespèces. Ouvrant un canal sur sa console, elle appela les bureaux du programme à San Francisco.
Quelques heures plus tard, elle jouait avec sa nourriture dans le mess, roulant et déroulant ses tagliatelles autour de sa fourchette, regrettant d'avoir cédé à l'envie de fouiller dans le passé de leur nouveau docteur. Quand Mayweather entra et la vit, elle se sentit encore plus coupable. Il allait venir s'installer près d'elle, et elle n'avait aucune envie d'être sociale.
"Alors?" demanda Mayweather après s'être assis à sa table.
Elle lui adressa un bref regard, puis rebaissa la tête sur ses pâtes.
"Et bien, Hoshi", dit-il. "Je vois bien que quelque chose vous embête!"
Elle faillit lui avouer ses recherches, mais sa culpabilité se fit plus forte et elle resta silencieuse, pensive. Ce qu'elle avait découvert impliquait la vie personnelle du docteur, et les remords la tourmentaient. Cependant, il faudrait bien qu'elle dise quelque chose à Mayweather, ou bien il la harcèlerait jusqu'à ce qu'elle craque ou qu'elle parte. Et elle savait que dans cette seconde option, il reviendrait plus tard à la charge. Elle n'avait donc finalement pas le choix.
"D'accord. Mais ne répétez à personne ce que je vais vous dire." Une fois qu'il eut incliné la tête, elle continua. "Il y a u un accident juste avant que le docteur Weber ne prenne son congé sabbatique, il y a environ un an. J'ai l'impression qu'il a eu besoin de prendre du recul un bout de temps pour récupérer."
Mayweather l'écouta attentivement décrire comment Weber travaillait à une expérience de laboratoire sur Vulcain pour le compte du programme d'échange médical interespèces. L'expérience avait besoin d'être étroitement surveillée en permanence pendant une semaine. Un soir, il en a confié la surveillance à sa jeune aide pour prendre un peu de repos. Quand il était revenu une heure plus tard, il l'avait trouvée effondrée sur un poste de travail, une fiole en verre brisée sur la table devant elle.
"C'était une substance qui dégageait des vapeurs toxiques une fois exposée à l'air", précisa Sato. "Cela l'a tuée. Quand Weber est revenu, le gaz s'était suffisamment dispersé pour ne plus être mortel, et Weber n'a été que blessé."
"Mais c'est terrible!" s'exclama Mayweather, ses yeux reflétant la tristesse de Sato. "Alors il a pris un congé pour récupérer de ses blessures?"
Sato soupira. Ce qu'elle ne lui avait pas dit, c'est que Weber n'avait pas été blessé assez sérieusement pour justifier quatre mois de congé. Lisant entre les lignes, et après avoir parlé à quelqu'un du programme qui avait travaillé avec Weber sur Vulcain, elle en était arrivée à la conclusion que la jeune aide et lui avaient eu une relation amoureuse, et qu'il s'était senti responsable de sa mort. Un homme âgé sans aucune famille, qui avait finalement trouvé quelqu'un avec qui il voulait passer le reste de sa vie et qui avait été tuée en travaillant à l'une de ses expériences.
Pour Sato, cela expliquait le retrait de Weber du monde de la recherche et sa demande d'affectation sur l'Enterprise. Un docteur sur un vaisseau faisait souvent la différence entre la vie et la mort pour un membre d'équipage blessé ou malade, tout en restant séparé des attaches naturelles d'une planète. Weber essayait de se racheter, au moins à ses yeux, en sauvant d'autres vies.
Elle soupira de nouveau et enfourna une fourchetée de pâtes. Elle n'avait aucune raison de donner plus de détails sur ce qu'elle avait découvert. Le capitaine et le premier officier étaient les seules personnes suffisamment haut placées pour avoir accès au dossier complet et, en fait, ils en avaient probablement pris connaissance dans son entier avant de lui proposer le poste à bord de l'Enterprise. Mais Sato savait qu'ils ne diraient rien, même s'ils avaient découvert sa motivation à rejoindre le navire. Et de la même manière, le secret de Weber était en sûreté avec elle.
 
****
 
Ils étaient toujours stationnés en cale sèche, au grand dam du Capitaine. Chaque retard rendait Archer encore plus irritable, et Tucker faisait tout ce qui était en son pouvoir pour remettre l'Enterprise en état et prêt au lancement dès que possible.
Tucker commençait à penser qu'il pourrait trouver le chemin jusqu'à l'arsenal les yeux fermés. En une semaine, il avait passé plus de temps là-bas qu'à l'ingénierie, et assurément plus que sur la passerelle. Il apaisait sa conscience en se persuadant qu'un bon premier officier devait se trouver là où on avait besoin de lui, et en ce moment, il était demandé à l'arsenal qui fonctionnait en effectif plus que réduit, stages d'entraînement obligent. Sur la passerelle, Mayweather et Sato veillaient au grain, ce qui lui laissait le temps de donner un bon coup de main à Collins. Quant à l'ingénierie, il s'était forcé à enlever son chapeau d'ingénieur en chef contre celui de premier officier et se contentait de coordonner les réparations.
Les réparations prenant plus longtemps que prévues, particulièrement à l'arsenal, Tucker avait finalement arrangé la venue des nouveaux membres d'équipage de remplacement. Mais il faudrait encore plusieurs jours avant que ce complément d'effectif ne se montre au rapport sur le vaisseau. Les choses n'étaient pas rendues plus simples par le fait que Malcolm Reed avait modifié à son cru une grande partie de l'équipement.
Il avait laissé l'ingénierie entre les mains compétentes du lieutenant Hess. Elle ferait une bonne ingénieure en chef, se disait-il en sortant de l'ascenseur sur la plate-forme de l'arsenal. Elle était à bord depuis le premier voyage de l'Enterprise.
Il hésitait cependant avec le lieutenant Burke, qui n'était avec eux que depuis un an. Alors que Hess avait tendance à suivre les procédures du manuel, Burke avait l'aptitude peu commune de trouver intuitivement la solution là où d'autres ne comprenaient pas le problème, sans aucun manuel. C'était souvent la caractéristique qui séparait les ingénieurs hors pairs de ceux simplement bons. Mais il y avait plus que de l'expertise en jeu, il avait besoin d'un bon chef, quelqu'un qui fasse preuve de bonne initiative.
En descendant l'échelle de cordée de l'arsenal, Tucker se dit qu'il faisait des progrès. La prochaine fois que le capitaine lui poserait la question, il pourrait lui assurer qu'il avait réduit la liste des candidats à deux.
Il repéra Collins affairée à une station de l'autre côté de la pièce. "Quel est le problème cette fois?" demanda-t-il une fois arrivé près d'elle.
"Le même que la dernière fois, et que la fois d'avant. Ces pièces ne fonctionnent pas", fit Collins d'une voix exaspérée en lui montrant un minuscule connecteur. Elle secoua la tête et s'expliqua. "Peut-être arriverez-vous à me dire ce qui ne pas avec ça. Pour me familiariser avec les modifications d'équipement effectuées par mon prédécesseur, je teste chaque pièce séparément. Et à chaque fois que je teste un de ces connecteurs, je reçois un message d'alerte."
Elle lui tendit l'objet. C'était une pièce commune employée pour formater les extrémités des câbles.
Il l'approcha de ses yeux et l'observa avec attention plusieurs secondes. "Je ne vois rien d'anormal là-dedans", dit-il.
C'était un dispositif simple, sans aucun composant mobile ou électrique. Il pouvait difficilement être défectueux. Sans le dire, pour ne pas vexer Collins, il pensait plutôt que le problème était le résultat d'une erreur de manipulation. Ou peut-être était-ce un problème du programme de test.
Cependant, l'intégrité des connecteurs devait être parfaite, sans aucune fissure, aucune fente, ou bien elles ne fonctionnaient pas correctement. Il attrapa un micro-scanner sur un poste de travail adjacent. Il ajusta les réglages et plaça le connecteur derrière la plaque et jeta un coup d'oeil sur l'écran de visualisation. La mâchoire lui tomba quand il comprit ce qu'il voyait. Le problème ne venait pas du tout de Collins. Le connecteur scanné était loin d'être parfait.
"Il y a des micro-fissures!" s'exclama Tucker en fixant l'image agrandie. "Si un seul de ces connecteurs avait été en place, traversé par une forte puissance, il aurait forcément provoqué un court-circuit, où qu'il soit installé."
"Jusqu'ici, j'en ai testé huit comme ça", continua Collins en prenant un connecteur dans une autre boîte posée sur la table avant de l'y rejeter. "Et aucun d'entre eux ne fonctionne. Je ne serais pas étonnée si tous les connecteurs qui nous ont été livrés cette semaine étaient dans le même état."
Le ton qu'elle avait pris alerta Tucker. Il regarda Collins en fronçant les sourcils. Elle n'avait pas l'air dégoûtée, mais en colère. Pire encore, l'expression fermée de son visage rappela à Tucker les airs soupçonneux de Reed. Tucker eut soudain un creux au ventre. "Vous ne suggérez pas que quelqu'un aurait volontairement livré des pièces défectueuses?"
Collins, au lieu de lui réponse, saisit une tablette à côté d'elle et, une fois allumée, lui remit l'objet avec un air exagérément contente d'elle.
 
****
 
Pour la première fois, Tucker se sentait à cent pour cent dans la peau d'un Premier officier.
Quand il avait fini de prendre connaissance de la liste des pièces de remplacement défectueuses que Collins lui avait fournie, il était persuadé que le nombre de pièces défectueuses, trop important pour être ignoré, ne pouvait avoir pour seule cause un problème technique.
Dès qu'il avait quitté l'armurerie, il s'était rendu à l'ingénierie et avait demandé à Hess d'effectuer une batterie de tests supplémentaires sur toutes les pièces de remplacement de l'ingénierie fournies dans la dernière livraison. A sa grande consternation, Tucker constata qu'il y avait encore plus de malfaçons ici qu'à l'armurerie. Micro-fissures, assemblages défectueux de composants intégrés, sécurités débranchées, les causes étaient innombrables. Avant de quitter l'ingénierie, Tucker ordonna à Hess de vérifier non seulement la livraison la plus récente, mais aussi l'intégralité des pièces de rechange qui avaient été stockées en prévision de la prochaine mission de l'Enterprise.
Dans l'ascenseur, en route vers la passerelle, Tucker se dit qu'aucune excuse ne pouvait justifier la médiocre qualité des pièces qu'ils avaient reçues. Une pièce qui passe au travers des mailles des tests qualité, d'accord, mais des séries systématiquement mauvaises, c'était impensable. Chaque pièce défectueuse prise séparément ne pouvait causer que des problèmes mineurs une fois installée, mais prises ensemble, elles pouvaient provoquer une catastrophe quand ils seraient en mission, isolé dans l'espace.
Il fronça les sourcils. C'était peut-être un stratagème pour maintenir l'Enterprise indéfiniment en cale sèche. Rien que les tests de ces nouvelles pièces pouvaient les retarder de plusieurs semaines. Si Collins n'avait pas allumé un voyant d'alarme dans sa tête, il n'aurait jamais découvert le pot aux roses.
Tucker sortit d'un pas énergique sur la passerelle et se dirigea directement vers le bureau du Capitaine. Il savait que ce dernier n'allait pas aimer ce qu'il était sur le point de lui révéler.
 
****
 
Archer s'était retiré dans son bureau dans une ultime tentative de se décider sur le choix de son nouvel officier scientifique, avec la ferme intention de n'en ressortir qu'une fois le choix fait. Mais dès qu'il s'était assis derrière son bureau pour examiner les profils des candidats, il s'était remis à penser à T'Pol.
Il s'était écoulé une semaine depuis qu'il l'avait rencontrée à l'ambassade, mais la certitude de la Vulcaine d'être surveillée continuait de l'inquiéter. Quand elle avait accepté le rôle d'ambassadeur, ils avaient tous les deux convenu que cela les aiderait grandement dans leur recherche de liaison entre les Romuliens et les Renseignements de Starfleet. Désormais, il n'en était plus aussi sûr.
Ce qui le tracassait vraiment, c'était qu'il n'avait aucune idée de la façon d'aider T'Pol. Non pas qu'elle ait demandé son aide. En toute logique, elle refusait d'abandonner son nouveau poste, mais il aurait fait n'importe quoi en son pouvoir, jusqu'à l'enlever, si cela pouvait lui sauver la vie, quitte à devoir se justifier devant ses supérieurs pour une telle action.
Il venait finalement de se remettre au choix de son officier scientifique quand la sonnerie de la porte retentit. Tucker entra, sans même lui demander la permission d'entrer. Il vit immédiatement le regard soucieux de son Premier officier. Tucker, habituellement jovial, tenait à la main une tablette, l'air grave.
"Encore d'autres réparations?" demanda Archer, fatigué, pas vraiment prêt à entendre ce qu'il pensait n'être qu'un rapport technique de plus, décidé à en terminer d'abord avec le poste scientifique vacant.
"D'une certaine manière", répondit Tucker. "Mais nous avons un plus gros problème."
Archer écarta définitivement les profils de ses candidats et écouta avec incrédulité Tucker lui expliquer la découverte des pièces défectueuses que l'Enterprise avait reçues, chiffres à l'appui sur sa tablette. Près de la moitié des pièces de rechange étaient à jeter, souvent par séries entières. Pire encore, Tucker estimait qu'à la vitesse actuelle, il faudrait encore quatre semaines avant qu'ils ne puissent quitter la cale sèche.
Tucker termina en lâchant sa bombe. "Collins pense que c'est un acte délibéré."
Archer n'arrivait pas à le croire, mais plus il y pensait, plus cette possibilité s'imposait. Après tout, ils n'avaient jamais eu ce genre d'ennui pendant des retours pour réparations auparavant.
La sonnerie de la porte retentit de nouveau. Archer signifia au visiteur d'entrer. C'était Collins. Après être entrée et avoir salué le capitaine d'un rapide 'Monsieur', elle fixa Tucker. elle alla droit au but. "Vous avez parlé au capitaine?" Au signe d'assentiment de Tucker, elle s'adressa aux deux hommes. "J'ai fait quelques vérifications sur les fournisseurs d'équipement de Starfleet. Leurs procédures comprennent des inspections régulières de contrôle qualité avant la livraison de leurs pièces. Tous jurent qu'aucune anomalie n'a été détectée ces dernières semaines. Starfleet a effectué ses propres vérifications sur la marchandise reçue, et les données que j'ai consultées n'ont aucune raison d'être mises en doute."
"Quelqu'un ment quelque part dans cette affaire", fit Tucker qui ne tenait plus en place.
"Pas nécessairement", le contredit Collins, provoquant chez le Premier officier un râle d'incrédulité.
Collins précisa sa pensée. "Les pièces passent des inspections une fois livrées à Starfleet. Je pense qu'elles ont été détériorées après."
Archer fronça les sourcils. "Si les marchandises sont abîmées une fois passés les contrôles de Starfleet, une ou deux personnes suffiraient à provoquer suffisamment de dommages aux pièces avant qu'elles soient transférées sur l'Enterprise. La question est, qu'allons-nous faire?"
 
****
 
Archer et Tucker regardèrent depuis la salle de commande les deux nacelles sortir de l'aire de lancement. Archer aurait souhaité pouvoir descendre lui-même, mais il savait qu'il était trop connu, sa présence serait plutôt un inconvénient. Quant à Tucker, il devait rester sur le vaisseau pour superviser l'arrivée des nouveaux membres d'équipage.
Archer avait pensé informer Starfleet du problème des pièces de rechange, mais en avait rapidement écarté l'idée. Il y avait trop de risques que le coupable soit ainsi alerté.
C'est pour cela qu'il avait sélectionné Sato et Mayweather pour piloter les nacelles, et Collins et Weber pour s'occuper de l'enquête. Les deux enseignes étaient déjà informés de la suspicion d'espionnage des Romuliens dans Starfleet. Il avait eu l'intention de mettre Collins et Weber dans la confidence une fois quittée la Terre, mais les circonstances l'avaient forcé à le faire maintenant.
Il ne voulait pas informer qui que ce soit d'autre que ses officiers supérieurs, ce qui limitait le choix aux deux seuls nouveaux venus. Mais leur faire confiance si vite dans une situation aussi sensible le gênait, il ne connaissait vraiment ni l'un ni l'autre. Collins n'avait pas eu l'air d'apprécier son plan, mais c'est elle qui avait compris qu'une personne sabotait leurs efforts de réparations et retardait ainsi leur départ, elle comprenait donc la nécessité d'enquêter en douce. Quant à Weber, sa réaction était plus difficile à jauger.
Sato devait avoir senti sa réserve au sujet du docteur, car elle était restée après leur réunion de préparation. Elle lui avait assuré que Weber était l'homme de la situation. Son jugement était bien fondé, et sa maîtrise de la psychologie humaine était un atout pour cette mission, selon elle.
Au plus profond de lui, Archer n'aimait pas les ordres qu'il avait donnés aux quatre officiers, surtout parce que ce qu'il les avait envoyés loin du vaisseau faire quelque chose de pas tout à fait honnête. Mais il se sentait mieux à l'idée de finalement pouvoir faire quelque chose pour améliorer les conditions de départ de l'Enterprise, une sensation qu'il n'avait pas ressentie depuis l'attaque sur Proxima du Centaure.
Techniquement, ce qu'ils étaient sur le point d'essayer de faire n'était pas illégal. En outre, aucun d'entre eux n'avait trouvé de meilleure idée, même s'il avait eu l'impression que Collins avait une autre idée derrière la tête.
C'était ça ou bien révéler à Starfleet qu'il y avait un problème. Mais comme il ne pouvait pas s'empêcher de penser que quelqu'un dans Starfleet ne voulait pas qu'ils repartent dans l'espace, et qu'il n'avait aucune intention de lui faciliter la tâche en laissant l'Enterprise en cale sèche plus longtemps, il ne lui restait d'autre alternative que de rechercher lui-même la cause de ce problème d'approvisionnement.
"Que faisons-nous maintenant?" lui demanda Tucker tandis que les portes de la baie de lancement se refermaient.
"On attend leur retour", répondit Archer. "Je retourne à mon bureau pour finir de trouver les membres d'équipage, notamment mon officier scientifique."
 
****
 
Les deux nacelles volèrent en formation jusqu'à ce qu'ils arrivent au-dessus de San Francisco. Puis la nacelle numéro un, avec à son bord Collins et Mayweather, vira de bord en direction d'un fournisseur de pièces situé près de Seattle. Sato, qui pilotait la nacelle numéro deux, se dirigea quant à elle vers un endroit situé juste à l'extérieur de San Francisco.
"Vous savez", remarqua Weber depuis son siège derrière Sato, tandis qu'elle ajustait leur trajectoire en vue de leur destination. "Je n'ai aucune idée de ce que nous sommes censés chercher. Vous croyez vraiment qu'on nous autorisera à contourner les procédures de Starfleet et à contrôler nous-mêmes les pièces?"
"Ce sera à vous de les convaincre, Docteur." Sato entra une série de commandes pour ralentir leur vitesse. Elle se retourna et lui adressa un sourire espiègle. "Employez quelques unes des astuces psychologiques dont vous dites avoir le secret, et je suis sûr que nous obtiendrons tout ce dont nous avons besoin."
 
****
 
Dans l'entreprise où ils avaient débarqué, Collins et Mayweather trépignaient en attendant que les ouvriers chargent les conteneurs dans la nacelle. Ils avaient encore deux autres sociétés à visiter avant de rentrer sur l'Enterprise, et le temps était la clé de leur succès. Plus ils mettraient de temps à rassembler les pièces nécessaires aux réparations dont ils avaient décidé de s'occuper eux-mêmes, plus cela laisserait de temps à Starfleet de pointer son nez et de leur demander ce qu'ils faisaient là.
"Allez, dépêchez-vous", murmura Mayweather dans sa barbe en regardant les deux employés soigneusement manoeuvrer un grand container de composants de conduits EPS dans la nacelle.
"Peut-être pourrais-je encore les presser", proposa sèchement Collins.
Mayweather lui jeta un coup d'oeil rapide. Il n'était pas sûr de savoir si elle plaisantait. Elle avait pris l'initiative dès le moment où ils étaient arrivé, demandant au directeur sans détour ce qu'ils voulaient se voir livrer. Quand le directeur lui avait demandé son autorisation, Collins l'avait cloué sur place en lui disant qu'elle était sous les ordres du Capitaine Jonathan Archer, le Capitaine Archer qui avait sauvé la terre des Xindis, et que les réparations de son vaisseau devant être terminées au plus vite, ils prenaient directement livraison de leur commande de pièces de remplacement. Etant le seul officier de sécurité de Starfleet, avait-elle précisé, elle n'accepterait en aucun cas que quelque chose remettre en cause les ordres de son capitaine. Son attitude autoritaire et son appartenance à Starfleet avaient convaincu l'homme de s'exécuter.
Deux autres hommes qui portaient ensemble une caisse en métal entre eux approchèrent de la nacelle. Mayweather vit les mots "connecteurs EPS" marqués sur le côté de la caisse. "C'est la dernière", dit-il après avoir vérifié la liste que Tucker leur avait donnée.
"Parfait." Collins asséna volontairement une claque sur le côté de la nacelle. "Sortons d'ici au plus vite."
 
****
 
Tucker attendait dans la salle de commande que la baie de lancement se pressurise. La première nacelle était de retour de son voyage sur Terre. Il se retourna en entendant la porte de la salle s'ouvrir, et vit Hess entrer. Il lui avait laissé la responsabilité de l'ingénierie et n'avait aucune idée de la raison pour laquelle elle était ici. Elle lui tendit une tablette de données.
"Voici la liste du strict minimum dont nous avons besoin pour enfin quitter cette cale sèche", dit Hess en guise d'explication.
"Comment diable savez-vous...?" Tucker s'arrêta, secouant la tête en prenant la liste.
"J'avais déjà des soupçons au sujet des pièces défectueuses, Monsieur", dit-elle avec un sourire fier. "Vous m'en avez demandé la liste avant que je puisse vous en parler. Et puis quand j'ai entendu que les nacelles devaient être préparées pour servir de cargos, le reste n'a pas été très difficile à comprendre. J'ai du personnel déjà prêt partout dans le vaisseau là où les nouvelles pièces doivent être installées."
Le visage de Tucker se fendit d'un large sourire. Non seulement Hess avait compris tout ce qui se tramait, mais son initiative assurerait un départ de l'Enterprise encore plus tôt qu'ils ne l'avaient espéré. Par la même occasion, elle s'était également chargée de faire pencher la balance du choix que Tucker avait à faire en sa faveur. C'était elle, le bon choix.
"Félicitations", dit-il, éclatant de rire en voyant la perplexité de Hess. "En attendant l'approbation officielle du capitaine, vous êtes le nouvel ingénieur en chef du navire amiral de Starfleet."
Un sourire ravi éclaira le visage de Hess. "Merci, Monsieur. J'apprécie", fit-elle. Soudain plus sérieuse, elle continua. "Mais je veux que vous sachiez que si vous voulez récupérer votre ancien job, je serai tout à fait d'accord. Je prends juste soin de la place dans l'entretemps. J'ai appris beaucoup avec vous, vous êtes le meilleur ingénieur avec lequel j'ai jamais travaillé."
Tucker était flatté et, plus encore, soulagé. Il savait désormais qu'il n'aurait pas le problème qu'il avait eu avec Kelby. Il semblait avoir sélectionné la bonne personne, cette fois.
Un bip retentit, indiquant que la baie était pressurisée. Ils sortirent et traversèrent la moitié du chemin qui les séparait de la nacelle quand Sato en ouvrit la porte.
"Comment s'est passée la récolte?" lui lança Tucker.
Sato s'extirpa de l'appareil. "Nous avons rapporté tout ce qu'il y avait sur la liste que vous nous avez donnée", répondit-elle. Elle se retourna vers le Docteur Weber qui sortait à son tour. "Grâce au Docteur, d'ailleurs."
"Pour ce que j'y connais, tout m'a semblé correct", fit le docteur une fois sur le sol de la baie. "Mais bon, je suis docteur, pas ingénieur."
Tucker éclata de rire et applaudit. "Sortons cette cargaison et entamons ce qui nous reste à faire pour remettre l'Enterprise en état de marche."
 
****
 
Il fallut trois jours pour terminer les réparations. Pendant ce temps, tous les membres d'équipage en congé furent rappelés et les nouveaux membres amenés à bord pour leurs rapports.
La seule chose qui les empêchait de quitter la cale sèche et l'orbite de la Terre était l'affectation officielle d'Archer aux commandes de l'Enterprise, encore à venir de l'Amiral Williams. Assis dans sa salle à manger, Archer réfléchissait. Il aurait pu contacter l'amiral et lui dire que l'Enterprise serait prêt à partir dans quelques jours et non des semaines, mais son instinct lui dictait de s'abstenir. D'autres sabotages pourraient arriver si la nouvelle parvenait à de mauvaises oreilles. C'était un risque qu'Archer n'était pas prêt à prendre.
De toute façon, tôt ou tard, la nouvelle de la fin des réparations parviendrait à Williams et au reste des dirigeants de Starfleet. Archer faisait simplement confiance à son équipage pour réagir suffisamment vite pour ne pas laisser le temps à toute autre tentative de sabotage de les retarder.
L'intercom au mur retentit. "Monsieur!" fit la voix de Sato, visiblement mal à l'aise. "Starfleet nous annonce qu'une navette avec l'Amiral Williams est en route vers nous. Il arrive dans dix minutes et veut vous voir tout de suite."
Une légère appréhension saisit Archer. Ils n'avaient reçu aucune annonce de cette visite, et Williams n'était pas du genre à faire des inspections surprise. A la connaissance d'Archer, il ne sortait même pas de son bureau à moins de ne pouvoir faire autrement.
"Assurez-vous qu'il y ait quelqu'un pour le réceptionner à la baie de lancement et faites-le monter à ma salle à manger", commanda Archer.
Après avoir raccroché, Archer se leva, alla jusqu'à la fenêtre et regarda dehors, pensif. Les bras en araignée de la cale sèche ne gâchaient pas la vue spectaculaire des nuages blancs qui enveloppaient comme une gaze la Terre bleu-vert, mais il n'était pas d'humeur à l'apprécier. Il se demandait si l'Amiral avait découvert la cause de leurs activités clandestines de ces derniers jours. Si c'était le cas, Williams pouvait tout aussi bien être suffisamment en colère pour revenir sur son engagement de le laisser aux commandes de l'Enterprise.
Dix minutes plus tard, la porte de la salle à manger s'ouvrit et l'amiral, une chemise-dossier dans une main, entrait. Archer le salua, mais Williams attendit que la porte se referme derrière lui pour prendre la parole. "Je sais ce que vous êtes en train de faire, John."
Sentant que l'amiral avait plus à dire, Archer se retint de répondre. De plus, si Williams voulait des explications, il les aurait demandées. Archer espérait que l'explication qu'il avait préparée semblerait suffisamment plausible sans qu'il ait à entrer dans les détails. Jusqu'à ce qu'il ait plus de preuves, il n'était pas prêt à divulguer ses soupçons de corruption dans Starfleet.
L'amiral soupira et ferma les yeux, comme s'il avait besoin d'un moment pour se préparer. Quand il rouvrit les yeux, il fixa Archer qui tenta de lui renvoyer un regard aussi confiant qu'il le pouvait.
"Abattez vos cartes, John." Williams claqua sa paume de main sur le dossier. "Si mon personnel n'avait pas été chargé de vérifier pourquoi des pièces n'étaient pas arrivées aux stocks d'approvisionnement de Starfleet, je n'aurais jamais réalisé ce que vous étiez en train de fabriquer. Vous vous servez directement aux sources pour emporter ce dont vous avez besoin pour sortir de cale sèche le plus tôt possible. Et je sais également pourquoi vous faites ça."
Archer fronça les sourcils. L'amiral avait remonté la filière plus vite qu'il ne l'aurait souhaité, et aucune explication ne pourrait désormais tromper son supérieur. Restait à savoir si Williams avait effectivement bien compris la cause de leurs efforts.
Williams secoua la tête. "Je suis déçu que vous n'ayez pas voulu me faire confiance, mais après tout, si j'étais à votre place, j'aurais probablement fait exactement la même chose." Il soupira. "Vu le nombre de pièces de rechange en mauvais état que vous nous avez renvoyées, et ce que j'ai entendu dire de vos activités de ces derniers jours, vous devez penser que quelqu'un dans Starfleet essaye de retarder vos réparations, peut-être même tenter de garder l'Enterprise ici indéfiniment. Je dois admettre que je suis d'accord avec votre conclusion."
Devant une telle confession, Archer fut soulagé d'avoir apparemment trouvé en son supérieur un allié potentiel. Il soupira. "Vous le pensez, Monsieur?"
Williams ne répondit pas à la question d'Archer, mais avança son propre pion. "Savez-vous qui est responsable?"
"Non, Monsieur", répondit Archer. "Nous n'avons aucune idée du responsable des dommages aux pièces." C'était, techniquement, la vérité. Ils ne savaient pas qui avait endommagé les pièces. Aucun doute que l'Amiral Boone était derrière, mais il avait dû s'assurer de services d'un autre pour effectuer le sale travail. Le cas contraire ne serait pas passé inaperçu. Archer respira profondément. "J'ai décidé qu'il serait mieux pour mon équipage d'aller directement chercher les pièces au lieu de nous embourber dans une enquête qui aurait pris trop longtemps. Je suis désolé de ne rien vous avoir révélé à ce sujet, Monsieur."
"Non, je ne crois pas que vous soyez désolé", le contredit Williams avec une expression sombre. Il tendit le dossier à Archer. "Voici vos ordres." Devant l'expression étonné d'Archer, Williams ajouta. "Vu la gravité de la situation, j'ai préféré vous les transmettre en personne. Nous avons tous les deux compris que certaines transmissions risquent d'être interceptées. J'imagine que le commanditaire à l'origine de vos problèmes saura bien assez tôt où vous allez. Mais en attendant, même un jour ou deux pourrait faire la différence."
Archer ouvrit le dossier et jeta un coup d'oeil sur les informations qu'il contenait. Il releva alors la tête et regarda Williams. "Vous renvoyez l'Enterprise sur le terrain?" dit-il avec l'appréhension d'un doute, mais heureux de penser que son équipage n'aurait pas travaillé aussi dur pour remettre le vaisseau en état. Peut-être ne pouvait-il pas encore dire à Williams tout ce qu'il savait, mais il était de plus en plus persuadé que l'amiral faisait partie des 'gentils'.
"Bien sûr que vous retournez sur le terrain", répondit Williams. "Quelqu'un veut garder l'Enterprise ici. Cela rend vos réparations d'autant plus importantes. Votre première mission sera d'aller sur Vulcain et de resserrer notre alliance avec eux. Les Vulcains se sont rangés à nos côtés lors des événements récents, mais nous ne voulons pas qu'ils oublient que nous serons toujours là pour les aider si besoin est." Williams marqua une pause. "Combien de temps avant que vous puissiez partir?"
Archer se redressa, fier et confiant. "Quatre jours, Amiral. J'ai le meilleur équipage de Starfleet qui y travaille."
 
****
 
Reed avait connu des spatioports plus minables ailleurs sur d'autres planètes, mais cette piste d'atterrissage Boomer était sans doute la pire sur laquelle il avait jamais eu le malheur de poser le pied sur Terre. Une vieille navette grinçante l'avait ramené au sol depuis le Sanctuary et déposé devant un hangar de plein pied qui servait aussi de point d'entrée aux personnes qui revenaient des autres mondes.
L'ancien officier de l'Enterprise ramassa son sac marin sur le macadam poussiéreux où il avait été jeté depuis la navette, et suivit la file des passagers dans le hangar. A l'intérieur, il fut assailli par une odeur rance de sueur et le bruit des exclamations passionnées de ceux qui attendaient l'arrivée de leurs proches et amis. Personne n'attendait Malcolm. Moins il y avait de personnes informées de son arrivée, mieux c'était. Il espérait passer inaperçu et se fondre dans la foule, puis rejoindre discrètement San Francisco où était sa cible.
Il passa sa main dans la poche intérieure de sa veste pour se rassurer. Le disque de données du réseau d'informations secret des Boomers était toujours là. Il n'avait pas voulu s'en séparer dans l'appareil, par risque d'un vol ou d'une perte de bagage. Il était mieux placé de quiconque pour prévoir toute éventualité, même improbable.
En attendant son tour au contrôle des papiers, il étudia les autres personnes qui attendaient avec lui et n'y vit rien qui puisse retenir son attention. Au guichet de passage, une seule personne vérifiait l'identité des arrivants. Dans un coin, un garde ventripotent attendait la fin de son service en se contentant de jeter un coup d'oeil rapide aux personnes qui passaient les tourniquets de la sortie. De l'autre côté se trouvait l'aire d'attente de départ avec une simple fontaine à eau, et deux portes de toilettes. Il n'y avait aucune chaise dans l'aire d'arrivée, absolument aucune raison qui puisse pousser quelqu'un à s'attarder ici.
Son attention fut attirée derrière le guichet de contrôle, dans l'aire d'arrivée. Un écran destiné au public clignotait. On y voyait l'image de l'Enterprise, visiblement un journal d'informations. Depuis trois mois qu'il voyageait sur le Sanctuary, il n'avait eu aucune nouvelle de ses anciens collègues, et il n'avait pu avoir qu'une seule fois des nouvelles du retour de l'Enterprise sur la Terre.
Au bas de l'écran, le texte des infos défilait. "...Williams, à la tête du commandement de Starfleet, a déclaré que le sommet Vulcain était trop important pour que les réparations du vaisseau soient encore retardées. Son capitaine, Jonathan Archer, et son équipage ont travaillé d'arrache pieds ces derniers jours pour respecter la date du départ de l'Enterprise. Le vaisseau a quitté les docks spatiaux tôt ce matin."
Le journal passa à un autre sujet, et Reed ne prêta plus attention à l'écran. L'Enterprise avait quitté la Terre. Au fond de lui, il avait pensé le trouver encore là quand il arriverait, même si lui avait été retardé à bord du Sanctuary. Il se sentait plus seul que jamais.
Prenant une profonde inspiration, il souhaita silencieusement bonne chance à ceux de l'Enterprise. Il les rejoindrait bientôt, se persuada-t-il. Il devait juste s'occuper d'une petite affaire d'abord, révéler la taupe qui, dans Starfleet, concernait un Amiral à la solde des Romuliens.
Alors que la file se réduisait devant lui, Reed se prit à reprendre ses vieilles habitudes d'agent secret, lié à aucun règlement, lancé dans la traque d'un traître à la Terre. Ses doutes et ses regrets s'évanouirent. Il avait une mission à accomplir.
Fin.
RETOUR HOMEPAGE
(Retour homepage)
Star Trek and all its related marks are trademarks of Paramount Pictures. No Infringement Intended.